/ 2906
875. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Ce qui restait à faire après Malherbe. — Influence des littératures italienne et espagnole […] Il restait beaucoup à faire après Malherbe pour consolider son ouvrage. […] Ce qui restait à faire après Malherbe. — Influence des littératures italienne et espagnole. […] C’est pour cela qu’il restait à faire après Malherbe, même contre Malherbe. […] Il restait encore un parterre que Corneille et Molière n’avaient pas guéri de Scarron.

876. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Au fond, malgré du froid arrivé entre nous, je lui suis resté et lui reste toujours reconnaissant de son article sur mon frère. […] Il déclarait que lui, resté un fervent catholique, sur cette terre, il sentait un peu mourir chez lui l’idée religieuse, ne croyant plus que Dieu pût s’intéresser à la prière de l’animalcule qu’il lui semblait être, en cette poussée incessante et ce fourmillement de création ! […] Il le jetait cinq fois par terre, et à la cinquième le boxeur ne pouvait se relever, et restait assis dans un rentrant de porte. […] Alors la gueule du monstre s’ouvre, et la patte par laquelle l’agneau a été saisi, va rejoindre en l’air, tout ensanglantée, l’autre patte ; et le serpent resté un moment immobile dans son enroulement, de sa gueule qui a le rose pâle de l’ouïe d’un poisson, fait jaillir le dardement de sa petite langue fourchue, au scintillement noir, du noir d’une sangsue. […] Il y retrouve comme garde de marais, un garçon qui a été élevé avec lui, un garçon resté simple paysan, et marié à une femme de sa condition, mais d’une nature délicate, distinguée.

877. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Devant l’ineffable, la pensée comme la parole restera toujours impuissante. […] Hugo avait une puissance d’esprit et de volonté trop forte pour en rester au pessimisme ; il n’avait pas non plus un désintéressement intellectuel assez grand pour rester dans le doute : il eut la foi. […] Il en restait un pourtant, et dans les paroles de monseigneur Bienvenu reparaît presque toute la rudesse du commencement : — « Le progrès, dit-il, doit croire en Dieu. […] » Jusque dans celles de leurs œuvres où ils paraissent le plus abstraits d’eux-mêmes, les auteurs restent tout enveloppés de leur personnalité, dont la force a précisément fait leur génie. […] (A celle qui est restée en France).

878. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Ainsi la moyenne des esprits restait grossière, et la sublimité des élus se montrait sauvage. […] L’inscription en resta là, et le public aussi. […] Dans ce style resté franc gaulois et gorgé de latin, il trouve moyen de tout fourrer, de tout dire ; je ne sais vraiment ce qu’on n’y trouverait pas. […] Son témoignage en resta là et sommeilla quelque temps. […] La portée réelle de son esprit est restée douteuse au milieu de cette immensité de savoir et de cette longanimité d’indifférence.

879. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Je marche à ta seule clarté ; ta pensée féconde mon génie ; ta présence tempère et rafraîchit seule les brûlures de mon cœur ; toutes les fleurs et tous les fruits que j’ai pu cueillir dans les saisons de mon printemps et de mon été, ne sont que les parures destinées à orner ton autel dans les jours de fête qui me restent !  […] Aimée, servie ou négligée par l’infortuné poète dont elle avait protégé les premiers chants, Léonora d’Este mérita du moins de rester, avec Laure et Béatrice, une de ces figures qui deviennent les saintes femmes du ciel ou du Calvaire de la poésie. […] Il écrivit à sa sœur une lettre que nous possédons aussi, du 14 novembre 1587, pour sonder le dernier cœur qui lui restait ouvert dans le monde, et pour lui annoncer son prochain départ pour Sorrente. […] Le Tasse restera à jamais aussi le poète des beaux jours de la vie où l’imagination sourit à ses premiers songes. […] Ce dernier étant resté à dîner avec le cardinal, le Tasse voulut absolument leur présenter la serviette, lorsqu’ils se lavèrent les mains, malgré notre insistance pour la lui ôter.

880. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Il restait incertain et impassible à sa fenêtre. […] J’étais poète avant tout en 1829, et je suis resté obstinément fidèle à ma chimère pendant quelques années, la critique n’étant guère alors pour moi qu’un prétexte à analyse et à portrait. […] Vous changeâtes de nature et d’existence comme nous avions fait tous, et vous devîntes ce que vous êtes resté depuis, un prosateur toujours grandissant, le premier des critiques. […] Restons ce que nous sommes, et ne trempons pas plus qu’en 1847 dans ces coalitions de vengeance et de colère incapables de rien réparer, car elles n’apportent à l’opinion que des passions contraires, unies par le besoin commun de détruire, et dont l’union inconsidérée ne présente à l’analyse que la ligue inopportune et inconséquente des républicains et des royalistes combattant ensemble un jour avec le radicalisme socialiste pour conquérir le champ de bataille où ils s’entre-détruiront le lendemain de la victoire. […] Je n’aurais pas vu de grandes et belles journées, il est vrai, passer comme l’éclair sur mon nom, pour le signaler à l’amour immérité des uns, à la haine plus imméritée des autres ; je ne serais pas forcé de me dépouiller pièce à pièce de mes biens les plus chers, sans savoir encore s’il me restera une pierre pour recouvrir bientôt ma poussière, et écrire comme un rapsode de la France des lignes vénales pour gagner péniblement le pain de mes créanciers avec les subsides de mes amis !

881. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Éliminez enfin toute trace d’ébranlement organique, toute velléité de contraction musculaire : il ne restera de la colère qu’une idée, ou, si vous tenez encore à en faire une émotion, vous ne pourrez lui assigner d’intensité. […] Tantôt, en effet, nous avons à faire effort pour apercevoir cette sensation, comme si elle se dérobait ; tantôt au contraire elle nous envahit, s’impose à nous, et nous absorbe de telle manière que nous employons tout notre effort à nous en dégager, et à rester nous-mêmes. […] Mais faites abstraction du choc, de la vibration bien caractérisée que vous ressentez parfois dans la tête ou même dans tout le corps ; faites abstraction de la concurrence que se font entre eux les sons simultanés : que restera-t-il, sinon une indéfinissable qualité du son entendu ? […] Mais le son resterait qualité pure, si nous n’y introduisions l’effort musculaire qui le produirait, ou la vibration qui l’explique. […] Il ne restera plus alors qu’à utiliser cette double définition pour établir une relation entre les différences ΔS+DE d’abord, puis, par l’intermédiaire des différentielles, entre les deux variables.

882. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

si j’eusse été avec les huit hommes, ou j’y serais resté, ou j’en aurais eu quelques-uns. […] La politique intérieure de la France, les fautes des assemblées et celles des dictateurs provisoires sont saisies dans les lettres de Saint-Arnaud avec un bon sens net, qui était assez facile d’ailleurs à qui restait en dehors et loin de la mêlée. […] Je l’accepte telle qu’elle est et je ferai face à tout ; mais personne ne la comprend cette position. — Pas d’ordres, liberté d’action, mais pas de moyens de faire : le choléra décimant mes troupes, et les fièvres du pays arrivant à grands pas. — Impossibilité de rester dans ce pays pestilentiel et d’y hiverner. — Nécessité de faire quelque chose ; tout le monde crie : Sébastopol ! […] Thiry disait avec calme : « Un miracle seul peut nous sauver », et il restait devant son magasin. […] Mais il a touché le terme, et, comme dans l’épopée antique, le fantôme de la mort l’environne jusque durant sa victoire et se tient debout à ses côtés. « Si je triomphe, avait-il dit en s’embarquant, je ne resterai pas longtemps à jouir du succès ; j’aurai fait plus que ma tâche, et je laisserai le reste à faire à d’autres ; mon rôle sera fini dans ce monde, nous vivrons pour nous dans la retraite et le repos. » Il écrivait cela à la maréchale en se flattant peut-être ou plutôt en la flattant ; il n’y avait plus pour lui que l’éternel repos.

883. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Vers l’âge de dix-huit ans, il resta trois années entières sans sortir ; il n’était pas seul pourtant, et avait toujours nombreuse compagnie de jeunes gens et de jeunes personnes. […] Il ne lui resta plus, pendant quelques années, qu’un ébranlement de nerfs et une sensibilité très-facile à émouvoir. […] Grenville, Bonneville, Sénancour, Nodier4, et d’autres restés inconnus dans cette génération intermédiaire, furent ajournés ou interceptés ; les meilleurs ne s’en relevèrent, après quinze ans, qu’à demi. […] Ballanche a bien fait de rester poëte. […] Ballanche voulait avant tout rester lui-même.

/ 2906