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14. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Pour moi, je ne resterai jamais au Moniteur de… censuré par M.  […] Aussi l’état de ma santé étant ce qu’il est, il ne me sera pas difficile, si l’ancien Moniteur suivait une ligne qui fût par trop en contradiction avec ma pensée, de m’abstenir et de rester dans ma chambre. […] Cher ami, je réfléchis encore, vous parti : quel que soit l’avis du conseil, la situation est fausse et resterait fausse. […] Cher Ulric, vous êtes donc incurable ; vous êtes resté l’homme de nos belles et jeunes années, de nos ardeurs qui ne vivent plus qu’en vous et en un autre ami que peut-être vous avez oublié, Victor Pavie d’Angers, celui-là encore un fidèle, un chapelain resté pieux de notre chapelle ardente ! […] Je ne resterai pourtant point au nouveau Moniteur gouvernemental.

15. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Cet Hercule sous la figure d’un Adonis, perdit la beauté de l’un, sans conserver la force de l’autre ; ses traits restèrent affectés ; des humeurs âcres se jetèrent sur ses yeux. […] Les deux ouvrages imprimés eurent, devant le public, le même sort qu’à l’académie de Marseille : on en porte encore aujourd’hui le même jugement ; et celui de Chamfort est resté comme un des morceaux les plus précieux que le genre de l’éloge nous ait fournis. […] Admis à l’Académie française, à la place de Sainte-Palaye, il prononça un discours de réception, qui est resté un des morceaux les plus remarquables de ce genre. […] De sa tête active et féconde, jaillissaient les idées de liberté, revêtues de formes piquantes ; jamais il ne dit plus de ces mots qui frappent l’imagination et qui restent dans la mémoire. […] Il n’en sortit que pour rester sous la surveillance d’un gendarme, qui ne le quittait pas.

16. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Ils dévorèrent tout, mais les manuscrits leur échappèrent… Ils avaient été légués parle noble duc à son cousin, l’évêque de Metz, Saint-Simon comme lui, quand un ordre du Roi Louis XV et contresigné Choiseul confisqua ces manuscrits, comme Papiers d’État, au nom de cette raison d’État qui a le droit de rester mystérieuse et dont elle a souvent abusé. […] Les manuscrits de Saint-Simon, enlevés par ordre, furent portés aux Archives, comme on porte en terre, et ils y restèrent comme on reste en terre. […] On lui accordait, il est vrai, le génie du plus grand peintre d’histoire qu’ait eu la langue française, mais on avait toujours méconnu en lui le génie politique qu’il avait pourtant au même degré, mais qui, avec les vices et l’esprit de son temps, était resté et devait rester sans emploi. […] Mais ils y étaient restés frappés de leur barre de bâtardise. Ils y étaient restés des bâtards, et quelques-uns, qui se sont vengés de leur naissance par de la gloire, en ont gardé le nom.

17. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Werther resta et restera le charbon de feu des livres. […] Je suis resté une petite heure. […] Mais, pour ne pas rester dans le champ trop vaste des généralités, j’ai pensé à un travail positif qui sera entre nous un intermédiaire pour nous lier et pour converser. […] Je voulais être aujourd’hui à Iéna, mais Goethe m’a prié de vouloir bien pour lui rester jusqu’à dimanche. […] Je vous le répète donc : restez avec nous, et non pas seulement cet hiver ; choisissez Weimar pour votre séjour définitif.

18. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Moi je restais à la maison. […] Catherine me serrait la main ; moi, le front penché, j’aurais donné ma vie pour rester. […] Tu resteras ! […] Nous étions le 8, il ne restait donc plus que sept jours. […] Nous resterons donc ici jusqu’à nouvel ordre.

19. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Cet obsequium avec les charges qui en étaient la suite, fut vers la fin la condition des affranchis, liberti, qui restaient à l’égard de leur patron dans une sorte de dépendance ; mais il avait commencé avec Rome même, puisque l’institution fondamentale de cette cité fut le patronage, c’est-à-dire, la protection des malheureux qui s’étaient réfugiés dans l’asile de Romulus, et qui cultivaient, comme journaliers, les terres des patriciens. […] L’obsequium des affranchis, ayant peu à peu disparu, et la puissance des patrons ou seigneurs s’étant en quelque sorte dispersée dans les guerres civiles, où les puissants deviennent dépendants des peuples, cette puissance se réunit sans peine dans la personne des monarques, et il ne resta plus que l’ obsequium principis , dans lequel, selon Tacite, consiste tout le devoir des sujets d’une monarchie . […] Ceux qui étaient soumis à cette sorte de vasselage personnel, furent sans doute chez les anciens Romains les premiers vades, nom qui resta à ceux qui étaient obligés de suivre leurs actores devant les tribunaux ; cette obligation s’appelait vadimonium. […] Les plébéiens qui reçurent alors le domaine bonitaire des champs que les nobles leur avaient assignés, et qui furent dès lors sujets à des charges non-seulement personnelles, mais réelles, durent être désignés les premiers par le nom de mancipes, lequel resta ensuite à ceux qui sont obligés sur biens immeubles envers le trésor public. […] Cicéron remarque que de son temps il restait à Rome bien peu de choses qui fussent ex jure optimo ; et dans les lois romaines du dernier âge, il ne reste plus de connaissance des biens de ce genre.

20. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Cette dernière campagne, en effet, est restée peut-être la plus glorieuse de toutes pour le général. […] Les coalisés, en effet, même après leur jonction, peuvent difficilement rester réunis. […] Blucher, à ce qu’il pressent, ne peut rester si près de Schwarzenberg ; laissant celui-ci opérer sur la Seine, l’ardent général prussien doit désirer de se porter lui-même sur la Marne, afin d’être plus libre d’agir à sa guise, et pour arriver, s’il se peut, le premier au but. […] Forçant les difficultés de terrain, perçant par des marais dits impraticables, d’où son artillerie se débourbe à force de bras, il arrive en droite ligne et débouche sur Champaubert, surprend le corps d’Olsouvieff, qu’il coupe de Blucher, resté en arrière à Étoges ; il le détruit en partie et le rabat sur Montmirail. […] C’est par elle qu’on est sûr, bien que de loin et à travers tout ce qui sépare, de rester en sympathie et, jusqu’à un certain point, à l’unisson avec lui en de certaines occasions majeures et décisives.

21. (1890) L’avenir de la science « XII »

Le célèbre passage de Clément d’Alexandrie sur les écritures égyptiennes était resté insignifiant jusqu’au jour où, par suite d’autres découvertes, il devint la clef des études égyptiennes. […] Ce jour-là, j’éprouvai le sentiment de l’immensité de l’oubli et du vaste silence où s’engloutit la vie humaine avec un effroi que je ressens encore, et qui est resté un des éléments de ma vie morale. […] Ici l’action de l’individu paraît voilée ; mais en revanche elle est plus puissante, et la part proportionnelle qui en revient à chacun est bien plus forte que s’il était resté isolé. […] Il faut que le résidu final qui restera dans le domaine de l’esprit humain soit extrait d’un vaste amas de choses. […] Les vingt volumes de ses œuvres complètes restent comme un développement nécessaire de sa pensée fondamentale.

22. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

À ces mots, elle voulait bien rire, mais elle avait comme une larme dans la voix, comme une goutte d’eau dans le goulot d’une gourde qui ne peut ni rester ni couler par le cou de la courge. […] que nous restait-il, excepté la roche et les broussailles autour de la maison et la vigne rampante sur la pente de grès qui descend de la terrasse au midi vers le pré de la grotte ! […] — Mais qu’est-ce qui vous restait donc ? […] Ces hommes s’en allèrent gaiement le soir, après leur opération finie, et nous restâmes tous les cinq sans nous dire un mot, jusqu’à la nuit noire, sur le seuil de notre porte. […] qu’on nous en avait pris long, et qu’il nous en restait peu.

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