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875. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Un religieux cordelier, Jean Ney, fut le messager actif et secret de qui les archiducs se servirent pour insinuer aux Hollandais qu’un accord était possible, et pour convenir d’une première suspension d’armes d’où le reste dépendît. […] Au reste, pour apprécier l’ensemble de la conduite et du caractère du président Jeannin en ces années, on n’a rien de mieux à faire que de s’en rapporter au témoignage décisif du cardinal de Richelieu, un moment son adversaire, qui le vit de près à l’œuvre, qui lisait et relisait ses Négociations manuscrites durant son exil d’Avignon, et à qui il échappe à son sujet des paroles d’une admiration généreuse : On ne saurait assez dire de ses louanges, écrit-il à l’occasion de sa mort ; mais il faut faire comme les cosmographes qui dépeignent dans leurs cartes les régions tout entières par un seul trait de plume. […] [NdA] Et puisqu’il est question de ces relations à demi amicales de Jeannin et de Sully, je citerai encore ce passage d’une lettre du président au cardinal Du Perron, écrite avant le voyage de Hollande : Notre Cour est ce qu’elle était à votre départ ; votre ami (Sully) y tient le haut bout, et surmonte tout le reste en autorité et crédit.

876. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Et c’est par tous ces caractères qu’il est unique pour nous, et que, quel que soit l’emploi de sa parole, il reste le modèle de l’éloquence la plus haute et de la plus belle langue. […] Dès lors, par un contraste soudain, Bossuet s’applique et emploie, comme il dit, tout le reste de son entretien à représenter à ses auditeurs les ruines encore toutes fumantes de Jérusalem. […] Comment était-il de sa personne dans sa jeunesse, à l’âge où il prononçait ces discours, déjà si puissants, avec une autorité précoce qui rayonnait d’une inspiration visible et qui s’embellissait, pour ainsi dire, d’un reste de naïveté ?

877. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il faut y voir plutôt une noble construction, conçue en idée et en présence de l’Histoire naturelle de Buffon : des discours généraux en tête, puis une narration suivie, faite pour être lue et, jusqu’à un certain point, entendue de tous, des gens du monde comme des savants ; la discussion des faits, les preuves ou éclaircissements étaient rejetés dans une seconde partie du volume, plus particulièrement destinée aux astronomes et aux savants, mais nullement inaccessible au reste des lecteurs, pour peu qu’ils fussent attentifs et curieux. […] Dans cette contrée, selon lui favorisée entre toutes alors, et à l’abri des inondations comme des volcans, un peuple heureux et sage aurait, durant un long cours de siècles insensibles, vécu en paix et cultivé les hautes sciences ; et ce ne seraient que les restes de cette science primordiale, après la ruine et la dispersion du peuple fortuné, ce n’en seraient que les débris que l’on découvrirait ensuite chez les Chaldéens, chez les Indiens, chez les Chinois, tous peuples dépositaires plutôt qu’inventeurs : Mais je dois renvoyer ici, ajoutait Buffon, à l’excellent ouvrage que M.  […] Je suis déjà entièrement de votre avis sur ce que vous dites qu’il n’est pas possible que différents peuples se soient accordés dans les mêmes méthodes, les mêmes connaissances, les mêmes fables et les mêmes superstitions, si tout cela n’a pas été puisé chez une nation primitive qui a enseigné et égaré le reste de la terre.

878. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Le tableau des Moissonneurs en particulier, qui excita l’admiration au Salon de 1831, reste sa page la plus belle au gré des connaisseurs. […] Au reste, il a tracé un premier aperçu de ce tableau des Vendanges dans une page qui découvre bien sa manière à la fois philosophique et précise de composer : Je vous ai parlé de la Toscane pour y placer le sujet de mon troisième tableau, qui est Les Vendanges. […] Un coin de roman et de haute ambition de cœur s’était secrètement logé en lui, et, recouvert en silence, lui rendait fastidieux tout le reste.

879. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il y a de lui une vingtaine de traits qu’on sait par cœur : cela suffit pour s’épargner la peine d’examiner le reste. […] Cependant je sens que je commence à te goûter, et je l’admire comme un rare génie, surtout pour le temps où il a vécu… Mais cette lecture ne profite pas à de Brosses, qui continue de trouver Dante un poète tout à fait sec et sans aménité : Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ici que plus je lis le Dante, plus je reste surpris de cette préférence que je lui ai vu donner sur l’Arioste par de bons connaisseurs : il me semble que c’est comme si on mettait le Roman de la rose au-dessus de La Fontaine. […] Dans le calque trop complet et trop systématique qu’on veut faire d’un texte original, il arrive quelquefois qu’on reste plus voisin de l’idiome étranger que du nôtre, et que la traduction aurait besoin d’être traduite elle-même : c’est là un inconvénient que M. 

880. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Les laboureurs, les vignerons halés se réjouissent, et le jardinier Thibaut, tout noyé qu’il est dans son allée, y reste et chemine à pas lents. […] […] Piètre et barbare Colisée, Exécrable reste des Goths, Nid de lézards et d’escargots, etc. […] Dans ses nombreuses stances, l’intention me semble valoir beaucoup mieux que le résultat ; voici, au reste, un des meilleurs endroits où il rappelle, en se l’appliquant, une parole du saint livre : Profaner le talent, c’est pis que l’enfouir :   Ces hautes paroles m’étonnent, J’en dois être en mon cœur bien plus touché que toi ;   J’en blêmis, j’en tremble d’effroi, Et jusque dans mon âme à toute heure elles tonnent ; Ma plume en est confuse, et tous ses jeunes traits N’en forment à mes yeux que d’horribles portraits.

881. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Chaque esprit, au reste, y porte sa nuance particulière ; l’un y met le sel, la gaieté ou l’âcreté de la réplique, l’autre une fleur de raillerie et de délicatesse. […] Mais cependant, même après Chateaubriand ou pendant Chateaubriand, sous le Premier Empire et sous la Restauration, il se voyait encore de bien beaux restes, des coins réservés d’atticisme. […] On lit le journal, le regard tombe sur un discours (du temps qu’il y avait des discours) ou sur un rapport concernant les chemins de fer ou tout autre matière d’intérêt public ; on en connaît l’auteur, on essaie de le lire, et il en reste quelque expression de style administratif et positif, qui ensuite se glisse par mégarde sous la plume aux endroits les plus gracieux.

882. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Les matières, les opinions changent, le procédé reste le même. […] Une telle disposition me rend propre aux recherches psychologiques et à l’existence intérieure, en m’éloignant de tout le reste. […] Si l’impression qui en reste est celle de la force, la qualité qui jusqu’ici lui a le plus manqué est la douceur, la grâce : un des derniers articles qu’il a écrits, et qui a pour sujet ou pour prétexte La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette, montre pourtant qu’il sait toucher, quand il le veut, les cordes délicates et qu’il a en lui bien des tons.

883. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Après quelques instants de contemplation, il tourne par hasard les yeux vers le ciel, et à cet aspect qui lui est si familier et qui pour l’ordinaire le frappait si peu, il reste saisi d’admiration, il croit voir pour la première fois cette voûte immense et sa superbe parure… Ici toute une description encore : spectacle des cieux, le couchant enflammé, la lune qui se lève à l’orient, les astres innombrables qui roulent en silence sur nos têtes, l’étoile polaire qui semble le pivot fixe de toute la révolution céleste ! […] n’est-ce pas un reste de faiblesse ? […] Chacun reste juge.

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