« L’art trop humain, trop réel reste en deçà de son but. […] Ce qui reste d’une théorie bruyante et ambitieuse, après les jours de passion et de lutte, c’est précisément l’idée juste et modeste qu’elle recelait dans ses fondations. […] Le reste, brochures et volumes, s’amoncelle dans un coin de leur cabinet, jusqu’à ce qu’un valet daigne les en débarrasser. […] C’est, au reste, l’antique définition platonicienne formulée si heureusement par saint Augustin : « Le beau est la splendeur du vrai. » 18.
Otez la perruque, la rhingrave, les canons, les rubans, les manchettes ; reste Pierre ou Paul, le même hier qu’aujourd’hui. […] Ce ressort se débanda plus encore le jour de la dégradation des bâtards, là où l’homme d’action se contient, l’artiste s’abandonne ; on voit ici l’impudeur de la passion épanchée hors de toute digue, si débordée qu’elle engloutit le reste de l’homme, et qu’on y sent l’infini comme dans une mer. […] Sa voix entrecoupée, la contrainte de ses yeux, le saisissement et le trouble visible de toute sa personne démentaient le reste de venin dont il ne put refuser la libation à lui-même et à sa compagnie. […] Nul ne voit plus vite et plus d’objets à la fois ; c’est pourquoi son style a des raccourcis passionnés, des métaphores à l’instant traversées par d’autres, des idées explicatives attachées en appendice à la phrase principale, étranglées par le peu d’espace, et emportées avec le reste comme par un tourbillon.
Tout le reste de la vie de Rome est voué à l’avenir et au ciel qui semble s’y ouvrir dans toute sa splendeur : le présent seul n’existe pas dans la sainte cité. […] Il sentit vivement cette privation pendant le reste de sa vie. […] Il donnait tout ce qu’on lui demandait en ce genre et laissait le reste s’égarer.
En Grèce seulement, par une fortune singulière et un reste de privilège natal, cette littérature sacrée, dans la bouche des Basile et des Chrysostome, retrouva sans effort l’abondance et l’harmonie, et comme des accents de Platon ; mais à Rome, mais en Afrique, le latin des premiers Pères fut dur, recherché, tourmenté, en même temps que la pensée neuve, excellente et souvent sublime. […] — Vous qui irez à Athènes, qui y allez tous les jours, vous résisterez de votre mieux à ce renversement des points de vue, même en ce qui est des époques modernes, et si, dans celles-ci, la vérité à tout prix (ou ce qu’on prend pour elle), si la curiosité l’emporte décidément sur l’art, vous ferez du moins que le procédé antique et ce qui en est sorti reste en honneur, un objet de culte et d’étude, présent à la mémoire et à la réflexion des intelligences fidèles que touche encore l’idée de beauté. […] [NdA] La vraie nuance de ma pensée eût été de dire ; « … qui permît ou favorisât » ; car, au milieu de ce qu’on a il reste bien des chose à souhaiter… ad.
À propos du clinquant qu’il avait reproché au Tasse, Boileau avait été blâmé par un traducteur du Tasse et déclaré plus poète que critique : contrairement à ces sentences du nouveau siècle, Marais tient ferme et reste dans les termes de sa première admiration : « Je dis que Despréaux était grand critique, qu’il l’a montré par ses Satires qui sont des critiques en vers, et que son Art poétique est un des plus beaux ouvrages de critique que nous ayons, aussi bien que ses Réflexions sur Longin. » Le président Bouhier, dans une dissertation savante, avait parlé un peu légèrement de Despréaux et de Bayle, les deux cultes de Marais ; celui-ci, après avoir lu la pièce manuscrite que lui avait communiquée l’auteur, le supplie (et il y revient avec instance) de modifier ce qu’il a dit d’eux et d’adoucir un peu ses expressions ; et il en donne, en définitive, une touchante et haute raison, tirée de Cicéron même, cette source de toute belle pensée et de toute littérature : « Multum parcendum est caritati hominum, ne offendas eos qui diliguntur. […] Le reste, comme disait Bayle lui-même, était destiné à s’aller perdre à la voirie des bibliothèques, nous dirions plus poliment a la fosse commune. […] — Dans la seconde édition qui aura quatre volumes, j’ai été plus explicite encore sur cette femme, etc. » Ce qui reste vrai, c’est que, dans la première édition, la part faite à Gabrielle par le sévère historien laissait sans doute à désirer ; si cette femme paraît, elle paraît bien peu.
Brandelet a fait tout le reste. — À Villars-lez-Blamont, village mixte, comme il en est plusieurs à cette frontière, et qui, je l’ai dit, renferme un nombre à peu près égal de protestants et de catholiques, une seule petite église était possédée en commun par les deux communions, et les cérémonies du culte s’y faisaient successivement. […] Or, il importe, quand une richesse est créée dans la société, qu’elle n’aille pas au hasard, qu’elle reste et revienne à qui il appartient ; qu’elle soit possédée par celui qui le mérite le mieux : il importe d’en régler la distribution. […] Il faudrait entrer dans le menu du Code : je reste dans l’esprit de la loi.
Excepté l’agriculture qui soutire un peu, tout le reste prospère d’une manière surprenante ; l’idée de la stabilité pénètre pour la première fois depuis cinq ans dans les esprits, et avec elle le goût des entreprises. […] Le système d’administration pratiqué depuis dix-sept ans a tellement perverti la classe moyenne, en faisant un constant appel aux cupidités individuelles de ses membres, que cette classe devient peu à peu, pour le reste de la nation, une petite aristocratie corrompue et vulgaire, par laquelle il paraît honteux de se laisser conduire. […] Il me semble que ma vraie valeur est surtout dans ces travaux de l’esprit ; que je vaux mieux dans la pensée que dans l’action ; et que, s’il reste jamais quelque chose de moi dans ce monde, ce sera bien plus la trace de ce que j’ai écrit que le souvenir de ce que j’aurai fait.
Mais, chez Rancé, le sacrifice fut complet ; le rayon d’en haut ne tomba point seulement, la foudre descendit et dévora l’holocauste ; le front du pénitent, sous la cendre, reste à jamais marqué des stigmates sacrés. […] Un biographe élégant, l’abbé de Marsollier, nous l’a peint avec une sorte de complaisance : « Il étoit à la fleur de l’âge, n’ayant qu’environ vingt-cinq ans ; sa taille étoit au-dessus de la médiocre, bien prise et bien proportionnée ; sa physionomie étoit heureuse et spirituelle ; il avoit le front élevé, le nez grand et bien tiré sans être aquilin ; ses yeux étoient pleins de feu, sa bouche et tout le reste du visage avoient tous les agréments qu’on peut souhaiter dans un homme. […] À un certain moment, comme il jugea l’affaire perdue, il se crut inutile, et, laissant le reste de la conclusion à son confrère, il s’échappa dans l’impatience de retrouver sa chère solitude.
En échappant de reste pour ma faible part au reproche qu’on a le droit d’adresser à M. de Valincour, je sais qu’il en est un autre tout contraire à éviter. […] Il n’eût pas tenu à lui par moments, et à ses lueurs de vanité, que le jeune Béranger ne vît dans le de qui précédait son nom un reste de lustre et la trace d’une distinction ancienne, au lieu de nous chanter comme plus tard : Je suis vilain et très-vilain. […] Employez bien ce qui vous en reste, ma chère amie.