. — Inventions successives de diverses sortes de signes pour représenter les séries d’unités abstraites. — Première forme du calcul. — Les dix doigts. — Les petits cailloux. — Addition et soustraction au moyen des doigts et des cailloux. — Les noms de nombre, substituts des doigts et des cailloux. — Commodité, petit nombre et combinaisons simples de ces nouveaux substituts. — Derniers substituts, les chiffres. — Ils sont les plus abréviatifs de tous. — Nous formons ainsi des collections d’unités mentales sans songer à les adapter aux collections d’unités réelles. — Ultérieurement et à l’expérience, toute collection d’unités réelles se trouve adaptée à une collection d’unités mentales. — Exemples. — Nos nombres sont des cadres préalables. […] Mais il est clair que les caractères propres au corps humain sont infiniment plus nombreux ; une telle notion en représente cinq ou six, et des plus extérieurs ; accroissons-la de tous ceux que l’observation prolongée et variée pourra découvrir. — L’anatomiste arrive avec l’envie de voir le détail et le dedans ; il dissèque, note, décrit et dessine. […] Les dizaines forment ainsi des unités du second ordre, capables, comme les unités simples, d’être comptées jusqu’à dix. — Arrivés là, nous donnons à leur total le nom de cent, et ce nouveau total forme une unité du troisième ordre, capable à son tour d’être répétée jusqu’à dix fois, ce qui nous conduit à dix fois cent, ou mille, unité du quatrième ordre. — La première opération, répétée sur cette nouvelle unité, nous mène jusqu’à dix mille, puis de là à cent mille, puis de là à un million, et ainsi de suite, en sorte qu’avec onze noms, rangés dans un certain ordre, nous pouvons représenter exactement tel groupe énorme, par exemple la collection de deux millions trois cent vingt-sept mille six cent quarante-huit unités. […] Ces caractères sont appelés chiffres ; on convient qu’un chiffre placé à la gauche d’un autre désigne des unités de l’ordre immédiatement supérieur, c’est-à-dire dix fois plus grandes ; on compose une liste de neuf chiffres distincts pour représenter les neuf premiers à nombres ; on ajoute à cette liste un zéro pour représenter l’absence d’unité ou de nombre, et désormais, au lieu de cinquante-cinq caractères, on n’en emploie plus que sept pour représenter une collection de 2 327 648 unités. […] À ces éléments ainsi représentés, ajoutez-en un autre, le mouvement ; il se rencontre aussi dans la plupart des corps que nous percevons ; on peut donc l’en détacher.
C’est un roman lyrique où s’étalent toutes les idées du penseur, toutes les émotions du poète, toutes les affections, haines, curiosités, sensations de l’homme : lyrique aussi par l’apparente individualité de l’auteur, qui s’est représenté dans son héros. […] Cette imagination, périlleuse dans la réalité, devint une grande qualité littéraire pour représenter par le roman une société où les affaires et l’argent tenaient tant de place. […] Mais jamais on n’a plus vigoureusement représenté le ravage de toute une vie, la destruction de toute une famille par l’incoercible manie d’un individu. […] Au contraire il a représenté en perfection les âmes moyennes ou vulgaires, les mœurs bourgeoises ou populaires, les choses matérielles et sensibles ; et son tempérament s’est trouvé admirablement approprié aux sujets où il semble que l’art réaliste doive toujours se confiner chez nous. […] Ainsi s’explique le culte qu’il a voué à Napoléon : Napoléon représente à ses yeux la plus grande somme d’énergie qu’il lui ait été donné de voir ramassée dans un individu.
En beaucoup de mots d’origine commune aux trois langues, le g de l’italien et de l’espagnol est représenté en français par un c. […] L’ancienne langue disait donter, ce qui représente le latin domitare. […] Ceci représente brutalement la tendance de la langue française à ramener tous ses verbes à la première conjugaison . […] Vaugelas disait, à propos de certains pléonasmes d’usage, que « la parole n’est pas seulement une image de la pensée, mais la chose même », laquelle se représente d’autant plus nettement que la phrase est plus descriptive de l’acte. […] Elle représente le mot initiation, tel que prononcé et écrit à plusieurs reprises (des centaines de fois) par un commis de librairie.
Mais si le détail, si les formes concrètes et particulières nous échappent, du moins nous nous représentons les aspects les plus généraux de l’existence collective en gros et par à peu près, et ce sont précisément ces représentations schématiques et sommaires qui constituent ces prénotions dont nous nous servons pour les usages courants de la vie. […] On peut dire, en effet, qu’il n’y a pas un seul système où elle ne soit représentée comme le simple développement d’une idée initiale qui la contiendrait tout entière en puissance. […] Il nous faut donc considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes, détachés des sujets conscients qui se les représentent ; il faut les étudier du dehors comme des choses extérieures ; car c’est en cette qualité qu’ils se présentent à nous. […] Et en effet, il suffit de se représenter en quoi consiste l’œuvre de la science pour comprendre qu’elle ne peut pas procéder autrement. […] On peut poser en principe que les faits sociaux sont d’autant plus susceptibles d’être objectivement représentés qu’ils sont plus complètement dégagés des faits individuels qui les manifestent.
Mme de Pompadour représente, par d’autres côtés encore, la classe moyenne à la Cour, et en signale en quelque sorte l’avènement, — avènement très irrégulier, mais très significatif et très réel. […] Il restera quelques autres choses encore, et la postérité, ou du moins les amateurs qui aujourd’hui la représentent, semblent accorder à l’influence de Mme de Pompadour, et ranger sous son nom plus d’objets dignes d’attention que Diderot lui-même n’en énumérait. […] En général, les Amours se retrouvent sous toutes les formes, et Le Génie militaire lui-même est représenté en Amour, méditant devant des drapeaux et des canons. […] Elle est représentée assise dans un fauteuil, tenant en main un cahier de musique, le bras gauche appuyé sur une table de marbre où sont posés une sphère et divers volumes. […] Une estampe se détache et pend, qui représente un graveur en pierres fines au travail avec ces mots : « Pompadour sculpsit ».
En trois siècles, de la Renaissance au romantisme, le genre historique est représenté par le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet, qui est une œuvre de théologie, par l’Histoire des Variations, du même, qui est une œuvre de controverse, par l’Esprit des Lois, de Montesquieu, qui est un essai de philosophie politique et juridique : restent l’Essai sur les mœurs et le Siècle de Louis XIV de Voltaire, qui sont vraiment de l’histoire, malgré la thèse antireligieuse de l’auteur. […] Dès le premier moment, deux courants se distinguent dans le genre historique : les uns s’appliquent à dégager la philosophie de l’histoire ; les autres à ressusciter la forme du passé, à représenter les mœurs et les âmes des générations disparues. Les deux fondateurs des études historiques en notre pays, Thierry et Guizot, représentent ces deux tendances : Guizot, plus philosophe, opère sur des idées ; Thierry, plus imaginatif, essaie d’atteindre les réalités. […] Il réussit en effet remarquablement à représenter la vie des vainqueurs et des vaincus ; la thèse, s’exprimant toujours par des faits, n’en diminue pas la valeur pathétique ou pittoresque. […] Michelet833 eut ses erreurs, ses préjugés, ses haines ; âme infiniment tendre, il a détesté furieusement certaines idées, et les hommes aussi qui les représentaient.
Ce Vernouilhet vous représente un faiseur d’assez basse espèce, à peine échappé d’une faillite dont il est encore tout éclaboussé. […] Que représente, par exemple, cette peinture du journalisme vénal faisant de la politique un métier et une marchandise ? […] L’emploi que vient de quitter Déodat est représenté comme l’industrie d’un crieur à gages : pour tout dire, c’est Giboyer qui va le remplacer. […] Son grand tort est de représenter une opinion comme un vice, et de tartufier en masse un parti. […] On y cherche un honnête homme, — fût-il un fanatique, — qui en représente les vertus réelles et les croyances respectables.
Si, par exemple, jouir et souffrir n’est encore que penser, et si penser n’est autre chose que représenter, l’esprit n’est plus que ce « miroir de l’univers » imaginé par Leibniz, qui paie l’honneur de tout refléter par l’obligation de ne rien produire lui-même. […] Descartes et Leibniz donnaient à la théorie intellectualiste une signification meilleure en faisant du sentiment l’intuition confuse de notre bien propre, non d’une qualité inhérente aux objets : « Tota nostra voluptas, disait Descartes, posita est tantum in perfectionis alicujus nostræ conscientia. » Leibniz, admettant que l’essence de l’âme est de percevoir ou de représenter, faisait du plaisir et de la douleur un amas de perceptions ou représentations qui nous font obscurément connaître l’accroissement ou la diminution de notre vitalité42. […] Quand on dit avec Leibniz que, dans la projection géométrique, une ellipse représente un cercle, on suppose, sinon dans l’ellipse, du moins au dehors, un spectateur pour qui il y a représentation, expression. […] Ainsi, en nous-mêmes, la représentation objective est dérivée ; dans l’état total dont nous avons conscience, nous extrayons certaines qualités pour nous les représenter, mais le plaisir et la douleur sont des états irréductibles aux fonctions purement intellectuelles. […] Le tort de ces systèmes est de représenter le plaisir et la douleur comme un jugement, et comme un jugement de rapports plus ou moins extérieurs ou objectifs : ce sont des relations internes et subjectives que saisit la conscience dans le plaisir ou dans la peine, et elle ne les saisit pas par un jugement, encore moins par un raisonnement, mais par ce sentiment immédiat qui est le germe de tout jugement.
Carrière d’Augier Son premier collaborateur fut un jeune avocat, Nogent Saint-Laurens, avec lequel il perpétra un drame, Charles VIII à Naples, qui ne fut jamais représenté, malgré les démarches sans nombre d’Émile Augier. […] Émile Augier débuta au théâtre en 1840, avec la Ciguë, comédie en deux actes en vers, représentée avec un grand succès sur la scène de l’Odéon, après que la Comédie-Française l’eût refusée. […] Après la Ciguë, Augier fit représenter, à la Comédie-Française, en 1845, l’Homme de bien ; en 1848, l’Aventurière ; en 1849, Gabrielle ; en 1850, le Joueur de flûte, une pièce en un acte, en vers, que la presse accueillit avec une faveur marquée. […] Deux ans plus tard, le Gymnase représentait Philiberte, reprise plus tard à la Comédie-Française. […] La dernière a été Paul Forestier, représentée en 1868 à la Comédie-Française.