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1075. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Le souvenir d’une sœur de ce nom d’Élisabeth, morte à quinze ans, s’y mêla par une religion touchante. […] J’ai marqué la sorte d’estime respectueuse que m’inspirait cette jeune existence si sérieuse et si dévouée à quelques idées générales ; mais je ne me suis jamais dissimulé un défaut, selon moi capital, qui a présidé à toute la formation intellectuelle de ce beau talent, et que les années survenantes et la renommée établie ont plutôt masqué aux yeux qu’effacé en réalité : M. de Montalembert, comme esprit, n’a pas d’originalité ; il est disciple ; il l’a été de M. de Maistre en religion, et de M. de La Monnais plus particulièrement, de Victor Hugo en architecture et en admiration du gothique ; et quand il était disciple en un sens, il allait tout droit devant lui, il ne regardait ni à droite ni à gauche, il renversait tout.

1076. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Les frères pénitents vinrent plusieurs fois dans la soirée réciter les prières des agonisants pour lui dans la cour ; la dernière fois, ils ouvrirent la porte et lui dirent que la religion avait des pardons pour tout le monde, et que, s’il voulait se repentir et mourir en bon chrétien, il n’avait qu’à emprunter le lendemain l’habit de la confrérie pour marcher au supplice, où tous les pénitents noirs l’accompagneraient en priant pour son âme. […] et il en gloserait à la honte de la religion.

1077. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Bien que musulmans de religion, ils ne reculèrent pas devant ce réveil d’un antique passé où la religion régnante était celle de Zoroastre.

1078. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

On a discuté sur la religion de Vauvenargues : il me semble qu’à y regarder de bonne foi et sans prévention, on ne saurait pourtant s’y méprendre. […] Il ne pouvait certes, légitimement, être invoqué à l’appui des opinions de la propagande philosophique, celui qui a dit : « Le plus sage et le plus courageux de tous les hommes, M. de Turenne, a respecté la religion ; et une infinité d’hommes obscurs se placent au rang des génies et des âmes fortes, seulement à cause qu’ils la méprisent ! 

1079. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Il est inconcevable qu’envisageant tout, comme il le faisait, au point de vue supérieur de l’État et de l’intérêt social, Frédéric ait considéré la religion comme un de ces terrains neutres où l’on peut se donner rendez-vous pour le passe-temps et la plaisanterie des après-dîners. […] Cela sent un reste de mauvais goût natif et de grossièreté septentrionale, et l’on a pu dire, avec une juste sévérité, des lettres de Frédéric : « Il y a de fortes et grandes pensées, mais tout à côté il se voit des taches de bière et de tabac sur ces pages de Marc Aurèle. » Frédéric, qui avait du moins le respect des héros, a dit : « Depuis le pieux Énée, depuis les croisades de saint Louis, nous ne voyons dans l’histoire aucun exemple de héros dévots. » Dévots, c’est possible, en prenant le mot dans le sens étroit ; mais religieux, on peut dire que les héros l’ont presque tous été ; et Jean Muller, l’illustre historien, qui appréciait si bien les mérites et les grandes qualités de Frédéric, a eu raison de conclure sur lui en ces mots : « Il ne manquait à Frédéric que le plus haut degré de culture, la religion, qui accomplit l’humanité et humanise toute grandeur18. » Je ne veux plus parler aujourd’hui que de Frédéric historien.

1080. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

C’était une des séminaristes qui s’exerçaient pour devenir plus tard prêtresses dans une des religions de la République. […] Ce sont des pensées, des réflexions et des maximes sur la condition humaine, l’homme, la femme, la vie morale, le cœur, l’esprit, l’éducation, le temps présent, les arts et les lettres, l’aristocratie, la bourgeoisie, le peuple et la religion des contemporains.

1081. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

La religion de l’adorable saint François d’Assise, qui se fit gueux d’une autre façon que M. Richepin, lequel se vante un peu trop d’en être un ; la religion du très moqué, du très peu compris mais du très grand Bienheureux Labre, qui fut un mendiant comme M. 

1082. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il semblait dans les mœurs comme dans la destinée de la nation : elle ne tendait plus au grand ; elle n’aimait plus ni la religion, ni la gloire, sans doute pour avoir abusé de l’une et de l’autre. […] Cet aimable et vertueux génie fut enlevé au monde, à ses compatriotes, dont il adoucissait la puissance, à ces millions d’hommes qui, dans leur abaissement et leur ignorance, avaient appris à prononcer son nom, et supposaient vaguement quelque sainteté dans une religion dont il était l’apôtre.

1083. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ce caractère et cet esprit, une fois constitués, se trouvent plus ou moins enclins à la discipline ou à l’indépendance personnelle, plus ou moins propres au raisonnement fin ou à l’émotion poétique, plus ou moins disposés à la religion de la conscience, ou de la logique, ou de l’habitude, ou des yeux. […] Pour produire aux premiers siècles de notre ère cette étonnante végétation de philosophies et de religions mystiques, il a fallu l’aptitude spéculative de nos races aryennes, en même temps que l’écrasement du monde enfermé sous un despotisme sans issue et l’élargissement de l’esprit agrandi par la ruine des nationalités. […] En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux, bien différent de l’heureuse insouciance qui jadis installait chacun dans la soumission à l’Église et dans la fidélité au roi. […] Comprend-on qu’en expliquant la religion des Vaudois, il parle ainsi des Alpes : « Leurs glaciers bienfaisants dans leur austérité terrible, qui donnent à l’Europe les eaux et la fécondité, lui versent en même temps la lumière, la force morale » ? […] Ils menèrent et ramenèrent d’une religion à l’autre la nation incertaine entre deux religions ; ils décapitèrent les grands seigneurs devenus courtisans ; ils humilièrent le Parlement privé de sa tête.

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