C’est rien, mais c’est exquis, comme l’effleurement d’un baiser, comme la caresse d’un regard, ô vers doux et sincères de jeunesse sacrée, je vous aime, et dans mes heures d’intime mélancolie, je vous dirai souvent… je remercie M.
Des rêves et des choses tracent déjà le profil net d’un poète aux rêves larges et audacieux, mais dont le beau regard profond caresse le contour des choses.
D’où me viennent ces angoisses dans tes bras, lorsque, autrefois, tes paroles, tes regards me mettaient tout un ciel dans l’âme et que tu m’embrassais à m’étouffer ! […] Dussé-je la voir pour la dernière fois, je veux du moins rencontrer encore le regard plein de franchise de cet œil noir. […] « Comme le voyageur qui, le soir, fixant encore ses regards sur les derniers rayons du soleil, voit flotter son image dans un bosquet obscur, puis auprès d’un rocher, et, de quelque côté qu’il se tourne ensuite, croit toujours la voir courir devant lui et se reproduire en couleurs étincelantes, ainsi la suave image de la jeune fille se montre aux yeux d’Herman et paraît suivre le sentier qui s’en va à travers les champs de blé… Mais, ce n’est pas une illusion, c’est elle-même ! […] La lune brillait dans toute sa splendeur ; le dernier rayon du soleil avait disparu, et dans l’espace leur regard découvrait à la fois une clarté brillante comme celle du jour et les ténèbres de la nuit. […] mon regard timide ne pouvait discerner le penchant de ton cœur ; quand tu me saluas dans le miroir de la source, je n’aperçus que de l’amitié dans tes yeux !
Au premier regard, nous aurions été tenté de penser comme lui ; mais, en regardant de plus près et en considérant, en politique, la situation générale de l’Europe, et la situation particulière de l’Écosse en ce moment, nous sommes resté convaincu que le parti catholique, adopté par le roi, était le seul parti de salut pour l’Écosse, si l’Écosse avait pu être sauvée. […] Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse. […] Il y a dans la musique une langue sans paroles, qui permet à ceux qui l’exercent ensemble de tout dire sans rien exprimer ; le sentiment vague et passionné de la voix ou de l’instrument, qui s’adresse à tous, ne peut offenser personne en particulier, mais il peut, au gré de celle qui l’entend, s’interpréter comme un hommage timide ou comme un soupir brûlant, auquel il ne manque que son nom pour devenir un aveu ; deux regards qui se rencontrent dans ce moment d’extase musicale achèvent la muette intelligence ; de là à une passion mutuelle, devinée ou avouée, il n’y a qu’un moment d’audace ou un moment de faiblesse. […] Monté sur un échafaud dressé en face des fenêtres du palais d’Holyrood, théâtre de son délit et séjour de la reine, il mourut en héros et en poëte. « Si je ne suis pas sans reproche comme le chevalier Bayard, mon ancêtre, dit-il, je suis du moins sans peur comme lui. » Il récita pour toute prière sur l’échafaud la belle ode de Ronsard sur la Mort ; puis, portant son dernier regard et sa dernière pensée sur les fenêtres du château qu’habitait le charme de sa vie et la cause de sa mort : « Adieu, s’écria-t-il, toi si belle et si cruelle, qui me tues et que je ne puis cesser d’aimer ! […] Sa voix était émue, son visage était pourpre, et, de temps en temps, il jetait un regard furtif vers la petite porte qu’il avait laissée entr’ouverte.
Son esprit a quelque chose de ce regard. […] Un monsieur arrive, mince, maigre, rêche, la barbe pauvre, l’œil dissimulé sous ses lunettes ; mais sa figure, un peu effacée, s’anime en parlant, et son regard prend de la grâce en vous écoutant. […] Mon regard suit, au bout de la chaise où la main s’appuie, ce corps de femme vaporeux et remuant, toute cette dislocation voluptueuse et harmonieuse, de la grâce qui s’assouplit, de la légèreté qui se travaille. […] C’est un état délicieux de pensée figée, de regard perdu, de rêve sans horizon, de jours à la dérive, d’idées qui suivent des vols de papillons blancs dans les choux. […] Il me parle, en délicat observateur et en peintre coloriste, des blessés, de ce qu’il a surtout remarqué en eux : l’œil avec dedans ce regard doux, triste, enfantin, attrapé comme celui d’une petite fille, à laquelle on aurait abîmé sa poupée.
Il y a des regards de femme, n’est-il pas vrai, qu’on ne changerait pas contre toute la femme ? […] S’abreuver de ces sourires, de ces regards, de ces langueurs, de ces couleurs pieuses et faites pour peindre de l’idéal, c’était un charme qui nous prenait tous les jours, et tous les jours, nous ramenait vers ces robes bleues ou roses, ces robes de ciel. […] À la pastourelle elle a tourné sur elle-même, en lançant continuellement sa jambe au-dessus de son visage, et en jetant au ciel, la tête toute renversée dans son dos, un regard ivre qui blaguait… Ce n’était pas impudique, c’était blasphématoire. […] Il lit le premier acte, « le bal de l’Opéra », dans le rire et au milieu de regards de sympathie adressés à notre fraternité. […] Nous sommes dans un coin de coulisse, adossés à un portant, parmi les masques, et, en passant, il nous semble que les figurants nous jettent des regards apitoyés.
suspendu sur le lit des mourants, Mes regards la cherchaient dans des yeux expirants ; Sur ces sommets noircis par d’éternels nuages, Sur ces flots sillonnés par d’éternels orages, J’appelais, je bravais le choc des éléments. […] Pendant qu’elle s’avançait près du chœur, je m’assis contre un large pilier du temple, et je laissai errer mes regards au bruit d’une psalmodie plaintive ; sur les murs de l’édifice, un tableau, signé de Lécluse, était suspendu au-dessus de ma tête contre le pilier qui était à ma gauche. […] Il débarque, il voit, avec le regard du génie qui embrasse tout d’un coup d’œil, l’ébauche des États-Unis ; il méprise tout et passe ; il prétend, mais rien n’est plus douteux, qu’il a vu Washington, leur seul grand homme, pauvre, accusé, abandonné par ces démocrates rois de l’ingratitude, et qu’une servante lui a ouvert son parloir. […] Cette haine du vulgaire faisait partie de sa grandeur ; sa physionomie même et son goût pour la solitude le trahissaient aux regards intelligents.
Nous avons déjeuné avec Paul Mantz, un petit brun, au clignement d’œil intelligent, à la parole monosyllabique ; avec Dussieux, professeur à Saint-Cyr, qui a quelque chose d’universitaire dans la tournure et de militaire dans la voix, et un coup d’œil scrutateur de commissaire de police dans le regard qu’il vous jette par-dessus ses lunettes bleues ; avec Eudore Soulié, aux traits sans âge, à la figure en chair d’un gibbon, à la chevelure pyramidale, ébouriffée et jouant la perruque, à la gaieté et à l’espièglerie gamines riant dans une voix de fausset. […] Une est seule, la tête raide et de côté ; un nez de vautour, trois grandes taches noires, par le nez et la face, comme des coups d’ongle de la mort, l’œil clair, le regard torve, deux bouts de ruban jaune pendant des deux côtés à son bonnet, une face implacable et sourde. […] C’est notre remède, en ces mauvaises heures, de nous dénoircir l’âme en nous enchantant le regard avec l’éclair gai d’une vieille et belle chose, d’une claire porcelaine à la dorure dorée d’or mat, d’une jolie relique de la grande industrie d’art du xviiie siècle. […] À peine s’il s’en souvient, et s’entretient-il d’eux, c’est avec un regard qui a l’air de fouiller la lointaine cantonade de ses souvenirs.
Les mauvaises pensées, dans une cervelle de jeune fille, noircissent la transparence de leur regard, comme de l’ombre d’un nuage dans une vague. […] Elle avait la tête renversée en arrière, avec un regard flottant entre ses paupières entrouvertes, et de la bouche de la jolie fillette sortaient toutes les impuretés, toutes les obscénités, toutes les salauderies imaginables, ainsi que le flot de purin d’un fumier — cela, pendant que pleurait auprès d’elle une vieille tante, en se cachant la figure dans ses mains. […] Nulle part ce regard religieusement amoureux de la petite bestiole, et qui la recréée avec l’art, dans son rien microscopique. […] Mercredi, 15 août Une population de village un peu effrayante, — c’est celle de Robert-Espagne — qui a pour le bourgeois, le regard hostile d’un mauvais quartier de Paris, la veille d’une insurrection.