/ 2524
596. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Au fond même, l’organisation si forte et si saine avait reçu des atteintes. […] En même temps, dans cette habitation des Tuileries, où la famille royale était resserrée, elle reçut, et de sa mère, de plus en plus grave, et de sa noble tante Élisabeth, et de son père, les leçons d’une instruction positive et solide, et les exemples d’une religion domestique inaltérable. […] Mais elle, bien qu’avertie par les généraux, elle ne pouvait croire que cette fidélité fût douteuse, puisque, la veille encore, elle avait reçu de ces hommes, qu’elle considérait comme des braves, des hommages réitérés et des serments.

597. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Madame devient la reine du moment, et ce moment durera jusqu’à sa mort ; elle donne le ton à toute cette jeune cour, dispose de toutes les parties de divertissements : Elles se faisaient toutes pour elle, et il paraissait que le roi n’y avait de plaisir que par celui qu’elle en recevait. […] Il reçut donc une lettre de Madame, datée de Saint-Cloud le 10 juin 1669, qui portait : Dans la douleur que vous devez avoir des injustices qu’on vous fait, il y en aurait beaucoup que vos amis ne songeassent pas aux consolations qui peuvent vous aider à supporter vos disgrâces. […] Ce fut, à vrai dire, ce seul honneur auquel je fus le plus sensible. » Il était dans ces termes d’amitié et de correspondance étroite avec la noble princesse ; il venait de recevoir d’elle toutes sortes de nouveaux témoignages d’intérêt et d’affection sur sa fâcheuse mésaventure de Paris, au commencement de 1670.

598. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Les premiers jours on a peine à s’y accoutumer ; on attend machinalement, habitué qu’on est à recevoir son occupation du dehors ; il semble que l’huissier soit en défaut. […] Il me reçut dans son exil avec une extrême sensibilité. […] Je l’y vis arriver mourant, et j’y reçus ses derniers adieux.

599. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Il y a dans presque tous nos tableaux une faiblesse de concept, une pauvreté d’idée dont il est impossible de recevoir une secousse violente, une sensation profonde. […] Mais en laissant aux mots les acceptions reçues, je vois que la peinture de genre a presque toutes les difficultés de la peinture historique ; qu’elle exige autant d’esprit, d’imagination, de poésie même ; égale science du dessin, de la perspective, de la couleur, des ombres, de la lumière, des caractères, des passions, des expressions, des draperies, de la composition ; une imitation plus stricte de la nature, des détails plus soignés ; et que nous montrant des choses plus connues et plus familières, elle a plus de juges et de meilleurs juges. […] Mais il faudrait savoir animer les choses mortes ; et le nombre de ceux qui savent conserver la vie aux choses qui l’ont reçue, est facile à compter.

600. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les hommes de choix, qui marchent en avant, ne sont point cependant créateurs, car l’homme n’a pas reçu la puissance de créer ; mais ils ont, au-dessus des autres, une haute faculté de lire dans le fond des choses : ils ne sont que précurseurs. […] Les conquêtes d’Alexandre furent un torrent qui ne fit que passer ; toutefois elles répandirent au loin la connaissance de la langue grecque, destinée à servir d’organe aux premiers apôtres de la vérité, aux premiers martyrs de la foi chrétienne, comme elle avait servi auparavant à préparer, par la culture des lettres, et par des doctrines morales, un grand nombre de nations barbares à recevoir la semence de la parole. […] Ce n’est donc point par hasard que ce roi reçut le nom de fils aîné de l’Église, c’est-à-dire fils aîné de la société européenne.

601. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

De ce que la société a été imposée à l’homme il résulte que l’homme qui veut se soustraire à la société devient rebelle à la volonté de Dieu, refuse une des conditions auxquelles il a reçu l’existence. […] Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ? […] Il n’a reçu de pouvoir que dans la société ; hors de la société il est sans puissance.

602. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Quand les Parnassiens arrivèrent, ils furent reçus fraîchement par leurs aînés, un peu à la façon dont ils se conduisirent eux-mêmes à l’endroit des Symbolistes. […] Ils avaient reçu le feu sacré des mains de leurs aînés. […] Le déplacement de l’antique césure démontre, en effet, que beaucoup d’alexandrins reçoivent une double césure.

603. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Étant allé une fois à Passy, votre hôtesse, qui m’a reçu très-obligeamment, m’a donné de vos nouvelles : mais vous voudrez bien m’en donner vous-même, n’est-ce pas ? […] Reynaud voyage en Bretagne. » Mes relations avec Béranger avaient, quoi qu’il en soit, reçu une atteinte.

604. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Il ne recevait pas assez puissamment la secousse de ce sol enflammé, qu’il faut être de la patrie pour sentir, de cette mère-terre qui ne trompait pas Mirabeau et lui répondait sourdement, comme à Antée. […] Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.

/ 2524