L’imitation de la nature consiste à faire éprouver aux autres l’impression reçue par le spectacle de la nature. […] Ceux qui se croient poètes, et qui ne le sont pas, au lieu de transmettre l’impression reçue, ont imaginé de peindre imparfaitement l’objet lui-même. […] L’autre imitation, qui est celle que nous faisons des anciens, devrait consister non point à les copier, non point à imiter leur manière la forme de leur style, la tournure de leurs phrases, leur système de composition, mais à imiter la nature, comme ils l’ont imitée, c’est-à-dire à peindre les objets par l’impression reçue. […] Ainsi les Gentils comme les Juifs ont reçu d’avance le bienfait de la promesse ; ainsi les Gentils comme les Juifs, en différents temps, ont eu des prophètes, ont conversé avec des précurseurs : pourquoi aucun poète n’est-il encore entré dans le champ du christianisme antérieur ?
Chez les républicains, l’éloquence était un spectacle ; les citoyens demeuraient des jours entiers à écouter leurs orateurs, avides des émotions qu’ils recevaient, et impatients d’être agités. […] De ce mélange de chocs et de réflexions, de grands intérêts et de sentiments que ces intérêts font naître, se forme peu à peu chez un peuple un assemblage d’idées, qui tantôt se développent rapidement, et tantôt germent avec lenteur ; mais rien ne contribue tant à cette activité générale des esprits que les troubles civils et les agitations intérieures d’un pays : c’est alors que la nature est dans toute sa force, ou qu’elle tend à y parvenir ; alors elle a l’énergie des grandes passions, qui ne peuvent naître que dans l’état violent des sociétés, et elle n’est point assujettie à ce frein que les sociétés reçoivent des lois, et qui, pour le bien général, comprimant tout, affaiblit tout. […] Ces impulsions rapides qu’on reçoit au théâtre et les jugements de plusieurs milliers d’hommes qui se communiquent à la fois, forment d’abord un instinct obscur et vague, et conduisent peu à peu à un goût réfléchi. […] Ne pouvant donner l’impulsion à leur siècle, ils étaient du moins capables de la recevoir.
Dans le mois de juillet 1823, notre régiment reçut l’ordre de se rendre de Strasbourg à Bordeaux pour y tenir garnison. […] Nous causâmes ensemble pendant la route, et quand notre régiment fut arrivé à Nancy, je fus très surpris de recevoir de mon sergent-major un billet de logement d’officier, dans une maison bourgeoise distinguée.
Le général avait donné l’ordre qu’on veillât à leur sûreté, et il fut obéi ; mais comme ces citoyens avaient peu d’importance aux yeux des soldats, de longs éclate de rire, partaient de tous les rangs, lorsque, se préparant à recevoir les mameluks, les généraux de division criaient avec le laconisme militaire : — Placez les ânes et les savants au milieu du carré […] Bonaparte fit former son infanterie en carré pour recevoir l’attaque, et dit à ses soldats : — Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent — Les mameluks fondirent sur les Français, etc., etc. » Sir Walter Scott, en opposant le mot de Bonaparte à celui de Murad-Bey, a voulu faire une sorte d’antithèse, très-plaisante apparemment ; il est dommage que la vérité historique ne s’y prête pas.
Les soldats, les courtisans, les dames reçoivent par mode les mots des étrangers auxquels nos Français vont se frotter, ou qui viennent chercher fortune chez eux. […] Il reçoit des mots et des formes des dialectes : du wallon, du picard, du vendomois, avec Ronsard ; du gascon, avec Monluc et Montaigne ; du lyonnais, avec Rabelais, comme cette forme aimarent si fréquente dans Pantagruel.
Beltrame (Nicolo Barbieri), s’étant séparé des Fedeli, forma une troupe avec laquelle il vint à Paris où il reçut un très favorable accueil de la cour et de la ville. […] L’étudiant Cintio commence à se décourager ; il a reçu une lettre de son père qui l’invite à demander à Beltrame la main de sa fille ; il s’y résoudrait peut-être s’il n’était pas piqué au jeu par la rivalité de Fulvio.
Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer. […] Le rationalisme n’est qu’une tendance, une fausse tendance qu’on n’a point en vain, et qui, s’emparant d’un esprit constitué d’origine pour tout ce qui est large, droit et profond, devait nécessairement faire tort aux facultés que Louandre a surtout reçues pour écrire l’histoire.
Au moment où l’homme reçoit la révélation de la vie et de la lumière, il exprime cette révélation par la parole. […] Un petit nombre d’intelligences reçoivent seules la mission d’engendrer le beau, de révéler, de manifester la lumière. […] Il a reçu aussi le don mystérieux et divin d’assembler dans un tout harmonieux la figure et la pensée. […] Quelle sorte de langage employait pour s’exprimer devant la foule celui qui avait reçu le don de la parole à l’époque primitive ? […] L’intelligence toute seule ne reçoit que des notions ; le corps reçoit des sensations ; le cœur éprouve une manière d’être qui participe de la faculté de connaître et de celle de sentir, qui les résume et les confond dans une faculté par excellence, dans l’aspiration, dans l’amour.
Et puis elle ne recevait pas seulement dans sa maison des poëtes, mais aussi de braves capitaines, gens qui se repaissent moins de fumée. […] Nous n’en ferons pas tout à fait une Jeanne d’Arc ni une Clorinde, non plus que nous n’écouterons Calvin, qui abuse du souvenir de cette aventure pour supposer qu’elle s’habillait continuellement en homme, et qu’elle était reçue dans ce costume chez Saconay, l’un des dignitaires de l’église de Lyon. […] Son mariage, qu’il ait eu lieu avant ou après la publication des poésies, n’y aurait apporté aucun obstacle, parce que ces poésies étaient connues depuis longtemps dans le cercle de Louise Labé, que ses amis en avaient soustrait des copies, comme l’allègue le privilége du roi de 1554, qu’ils en avaient même publié plusieurs pièces en divers endroits, et que son mari ne pouvait en apprendre rien qu’il ne sût déjà, ni en recevoir aucun déshonneur. […] « C’est Cupidon qui a gaigné ce point, qu’il faut que chacun chante ou ses passions, ou celles d’autrui, ou couvre ses discours d’Amour, sachant qu’il n’y a rien qui le puisse faire mieux estre reçu. […] éricaud, le docte bibliothécaire de la ville de Lyon : je l’enregistre comme je la reçois.