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1015. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Les détails de style, d’agrégation de phrases, la composition, la succession des chapitres, leur nombre, le développement des événements, toute cette mise en œuvre extérieure de l’expression est subordonnée à la nécessité d’englober la masse des faits psychiques et humains qui passionnent et remplissent l’Âme de l’auteur ; ces faits, les scènes où ils se révèlent, les circonstances qui les provoquent sont innombrables ; d’autre part, ils ne peuvent ni être ordonnés en série comme les incidents d’un récit unipersonnel, ni résumés, par rapports de dépendance en lois, comme les concevrait une intelligence philosophique moins soucieuse de leur reproduction que de leur classification. […] Les livres ne charment et ne passionnent, n’exercent leur effet proprement artistique qu’en présentant les lieux, les gens, les scènes, les idées, non pas comme des objets de science ou d’expérience, selon les catégories de la connaissance, mais comme des objets de sentiment, connus chacun longuement et isolément, simplement et immédiatement, par un acte qui les suscite dans l’esprit, du lecteur, non comparés de suite et envisagés comme parties d’une classe, d’une loi, d’un système, et perçus ainsi par rapports, mais uniques, sentis en eux-mêmes, avec le sourd ébranlement des états de conscience continus ; l’âme éprouve alors non pas la succession rapide de ses pensées, de ses transitions, mais la vibration même de chacun de ses heurts ; se déprenant de l’ascendant des phénomènes, de l’oubli d’elle-même où ils l’entraînent, elle le rencontre et se sait exister dans ces atteintes plus intenses, pénètre ce qu’ils lui sont et frémit aussitôt de haine ou d’amour, d’aversions ou de sympathies, que le mensonge de l’art rend innocentes mais laisse violentes. […] Pour remonter enfin de cette connaissance des dehors essentiels et subjectifs, de cette connaissance des corps, des physionomies, des actes, des situations, des conditions, à la sorte de mouvements psychiques qu’ils causent ou dont ils sont causés, Tolstoï dut posséder tout d’abord une notion absolument exacte du seul rapport d’homme à âme qui lui était accessible, du sien, — et compléter cette intuition par des aptitudes miraculeuses au raisonnement par analogie pour autrui, par la divination des variations de la relation entre le monde et les êtres selon la variété de ces derniers, par d’audacieuses, sagaces et instinctives hypothèses, par une souveraine imagination psychologique qui lui ouvrit le cœur des simples et des femmes, comme l’esprit des méchants et des penseurs.

1016. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Sous ce premier rapport, il n’y a donc point là de poème véritablement épique. […] Dans la Divine Comédie, au contraire, il n’y a, comme on voit, ni unité de personnages, ni unité d’action ; c’est une succession d’épisodes sans rapport les uns avec les autres, où l’intérêt se noue et se brise à chaque nouvelle apparition de personnages devant l’esprit, et où cet intérêt, sans cesse noué, sans cesse brisé, finit par se perdre dans la multiplicité même de personnages, et par donner au lecteur l’éblouissement d’une foule. Sous ces trois rapports donc on ne peut donner légitimement à cette œuvre le nom de poème épique.

1017. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

On peut tous les ramener à deux : un rapport d’association, un rapport d’analogie. […] Ce sont les rapports d’analogie. […] Ce que je compare dans ce cas, ce sont deux rapports. […] En cherchant bien, on trouverait toujours entre l’objet qui nous est mis devant les yeux et l’idée qu’il doit suggérer quelque rapport naturel. […] Ici encore, comme dans toute transposition symbolique, nous allons trouver des rapports d’association et des rapports d’analogie.

1018. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et c’était un renversement de tous les rapports naturels et une exploitation de la bête humaine au profit d’une curiosité insatiable de jouissances. […] Il y a sûrement là le rapport qu’il doit y avoir entre le chanteur et son auditoire. […] Qui donc, tant qu’il est jeune, irait penser à des rapports avec la société et le monde ? […] La définition de l’art que j’essayais d’indiquer n’a pas d’autre sens et voilà bien la preuve de l’étroit rapport qu’il y a entre l’art et la volonté. […] Ces rapports sont entretenus de part et d’autre par des filières singulières : mais n’est-ce pas par les chemins secrets que sont transportées les marchandises les plus précieuses ?

1019. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Comédies, romans et brochures, il n’a rien écrit qu’il n’ait consacré à l’étude des rapports entre l’homme et la femme. […] Me parlant de ce même Maupassant et de ses rapports avec Flaubert, il me disait : — « Ah ! […] Les espèces zoologiques résultent de ces différences… Je vis que, sous ce rapport, la société ressemble à la nature. […] Je lui fis observer que déjà le rapport le plus général avec la nature, l’activité du jardinier ou du laboureur, du chasseur ou du mineur, arrachait l’homme à lui-même. […] … Et, pour dernière misère, ce n’est pas une vie usée en faveur de quelque être adoré, ni sacrifiée à une future espérance… » S’il existe un étroit rapport entre la pensée et le sentiment, entre la pensée et le style d’un auteur il existe mieux qu’un rapport, — une identité.

1020. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Y a-t-il des rapports entre cet univers qui nous entoure et nous, ou bien sommes-nous seuls au milieu de la nature ? […] Et, vous voyez, là-dedans, quel rapport y a-t-il entre les vieux mythes hindous et Leconte de Lisle, bibliothécaire du sénat et candidat à l’Académie française. […] Le poète veut dire ceci : ce qui nous rend si malheureux, c’est que souvent nous nous sentons seuls, nous ne trouvons pas d’âme avec laquelle la nôtre soit entièrement en rapport, en correspondance. […] Et ils ont fait le catalogue, la liste, le répertoire des sensations que peuvent-éveiller les syllabes, des rapports qu’il y a entre les voyelles, les couleurs et les sons. […] Doumic sont publiées d’après le rapport sténographique de MM. 

1021. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

. — Il compare encore ces écrivains uniquement élégants, qui prennent tant de peine aux mots, aux nombres, et si peu à la pensée, à ceux « qui s’amusent à cribler de la terre avec un grand soin pour n’y mettre ensuite que des tulipes et des anémones » ; belles fleurs, il est vrai, agréables à la vue, mais de peu de durée et de nul rapport. […] La part entre les deux y est faite avec beaucoup d’impartialité ; c’est un Rapport très-complet sur la question.

1022. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Celle-ci avait écrit beaucoup et de longue main, dans ses loisirs solitaires, sur toutes sortes de sujets ; elle arriva à la publicité, prête et mûre ; ses pages, tracées à la hâte et d’un jet, attestent une plume déjà très-exercée, un esprit qui savait embrasser et exprimer à l’aise un grand nombre de rapports. […] Il faut voir dans la Vie de Madame de La Fayette, par Mme de Lasteyrie (1858), les rapports et la correspondance de Mme de La Fayette avec Roland ministre, lorsqu’elle fut mise en arrestation en septembre 1792 ; il y eut là aussi une gradation marquée, depuis la première rigueur jusqu’au réveil des sentiments d’humanité et de justice.

1023. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

. — Rapport de Necker, I, 376. — Aux 206 millions, il faut ajouter 15 800 000 pour les frais et intérêts des anticipations. […] Rapport de M. de Calonne.

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