Le moi, déclaré naguère « haïssable », et subordonné comme tel à autre chose, redevenait souverain, retrouvait en lui de nouveau son objet, sa raison suffisante, et sa cause finale. […] Ajoutons à cela qu’ils se défient tous ensemble, qu’ils croient avoir des raisons de se défier de la « baronne » de Staël et du « vicomte » de Chateaubriand ! […] À la lumière de la science, on aperçoit la raison de la résistance que l’on opposait aux prétentions du romantisme. […] La vérité n’est pas ce qui paraît, mais ce qui est ; et, dans des conditions rigoureusement définies, un seul peut avoir raison contre tous. […] La Rose de l’Infante ou Les Raisons du Momotombo sont toujours et avant tout les impressions, les opinions d’Hugo sur son sujet.
Nous voulons de l’ordre et de la raison partout, quand nous sommes hors d’intérêt ; le courage ne nous paraîtrait qu’aveuglement et folie, s’il n’était appuyé sur des raisons proportionnées à ce qu’il souffre ou à ce qu’il ose. […] La raison en est évidente : nous portons au théâtre une raison et un cœur ; il faut satisfaire l’une et l’autre. […] Le bon goût et la raison ont proscrit du théâtre français ces scènes, où deux confidents seuls s’entretiennent des intérêts de leurs maîtres. […] La comédie est le choc des travers, des ridicules, entre eux, ou avec la droite raison et la décence. […] Si vous laissez prendre une fois à vos personnages le ton de la déclamation ordinaire, vous en faites des gens comme nous ; et je ne vois plus de raison pour les faire chanter, sans blesser le bon sens.
Ce conseil de la piété est aussi celui de la raison. […] Le véritable enthousiasme doit faire partie de la raison parce qu’il est la chaleur qui la développe. […] Quand on dit que la raison est inconciliable avec l’enthousiasme, c’est parce qu’on met le calcul à la place de la raison, et la folie à la place de l’enthousiasme. Il y a de la raison dans l’enthousiasme et de l’enthousiasme dans la raison, toutes les fois que l’une et l’autre ont pris naissance dans la nature et qu’aucun mélange d’affectation n’en fait partie. […] Les lumières de la raison sont bien vacillante dans des questions si hautes, et je m’en tiens au dogme du sacrifice, c’est celui-là dont je ne puis douter.
Voltaire a pleine raison quand il établit que c’est l’esprit philosophique qui conduit tous les arts, guidés par lui secrètement et à leur insu. […] On peut lui reprocher avec non moins de raison des vers trop peu châtiés, et plus d’une expression vulgaire. […] Et la raison en est toute simple : c’est que l’âme de l’homme est celle qui est le mieux connue à l’homme. […] Elle cherche des preuves, les classe, les discute, pour en faire ressortir, avec d’autant plus d’évidence, la vérité que doit accepter la raison après l’avoir soumise librement à son examen. […] Malheureusement les siècles ont prononcé dans ces grandes controverses, et c’est à Platon qu’ils ont donné raison.
C’est elle qui d’abord échauffa son génie, et en fit sortir des œuvres admirables ; c’est elle qui plus tard, rebutée et désespérée, assombrit son intelligence et détruisit sa raison. […] On ne le dira jamais au genre humain, et la muse qui le sait ne le dévoilera pas » ; dans ce poème, il donne à l’infortunée Vanessa, à défaut de la plus forte raison qui lui fasse refuser sa main (son engagement avec Stella), cette autre raison puissante aussi sur son esprit : « Que dira le monde ? […] Wood. » Que pouvait la raison contre ces éloquents mensonges ? […] Wood peut offrir sa monnaie, et nous avons pour la refuser, la loi, la raison, la liberté et la nécessité. […] Vers 1736, il se sentit, avec désespoir, survivre à sa raison ; il ne la recouvra plus qu’à de rares intervalles.
Il n’y a point de ténèbres dans cette atmosphère de raison et de lucidité. […] Il définit la passion un mouvement violent du cœur en disproportion avec la raison. […] … Une qualité permanente de l’âme, qui est la raison elle-même en action ! […] ou direz-vous que de ne pas obéir à la raison, ce ne soit pas quelque chose de vicieux ? […] Mais j’ai encore une autre raison de m’y plaire, et qui ne vous touche point comme moi : c’est qu’à proprement parler, c’est ici ma vraie patrie, et celle de mon frère Quintus.
Il n’apporte d’ailleurs, dans cette agréable recherche, aucun engouement aveugle ; « Vous trouvez avec raison, écrit-il au président Bouhier (à l’occasion d’une édition nouvelle et plus complète du bonhomme), que notre ami La Fontaine a fait bien de mauvaises choses dans sa jeunesse. Mais de quoi s’avise-t-on de les donner au public, et pourquoi M. l’éditeur va-t-il chercher un Eunuque oublié, où il n’y a ni rime ni raison, ni sens ? […] En vérité, caillettes ont raison : C’est le pédant le plus joli du monde. […] Montesquieu, le plus grand nom et le plus considérable d’alors avec Fontenelle, n’est pas très goûté de Marais ; il y a à cela des raisons qui s’expliquent de près et qui forment même une assez jolie anecdote littéraire. […] Je cherche bien loin des raisons à l’insuccès de Marais.
Il avait raison, et je traduirai, si Ton veut bien, la même observation à mon tour et à ma manière. […] Il se disait non et oui à la fois ; il avait présentes à l’esprit toutes les idées et les raisons pour et contre : ce qui fait la force du penseur, mais qui est souvent l’embarras de l’homme d’État. […] Quant à moi, quoique je voie ces symptômes avec quelque crainte, je ne m’en exagère pas la portée ; je crois notre société solidement assise, par la raison, surtout, qu’on ne saurait, le voulût-on, la placer sur une autre base. […] Bouchitté, qui n’était pas exempt, il est vrai, de quelque prud’homie : « Vous avez raison de dire que vous craignez les intérêts matérialistes de la révolution qui vient de s’opérer. […] C’était pour lui un mariage de raison et de nécessité, nullement d’inclination.
Or ce que Bossuet dit des héros de l’histoire, je le redirai à plus forte raison des héros du poëme ou du roman : « Loin de nous les héros sans humanité ! […] Mais une question, une querelle, je l’ai dit, domine tout le reste, et il est déjà fâcheux, eût-on raison, de se faire une querelle à travers un roman, c’est-à-dire dans un écrit fait pour distraire et pour séduire. […] Ici les reproches de l’auteur contre Louis XIV deviennent fondés ou du moins plausibles ; il est piquant et il n’est peut-être pas faux de soutenir que les rigueurs contre les protestants augmentent graduellement en raison directe des scrupules et des remords du grand roi, et qu’il croit, à la lettre, faire pénitence à leurs dépens. […] « Quand l’expérience aura mûri votre raison, mon fils, vous verrez toute la vanité de ces distinctions subtiles. […] Il a raison ; mais encore, comme le cadre de ce règne est partout à l’entour, il vient un moment où l’épisode sauvage y va heurter ; si loin qu’on soit du centre, la révolte, avant d’expirer, passe à une certaine heure sous un brillant balcon, et sur ce balcon sont trois hommes du pur grand siècle, Bâville, Villars et Fléchier.