Est-ce qu’une vie de femme se raconte ? […] Je pourrais ici raconter de souvenir bien des choses, si ma plume savait être assez légère pour passer sur ces fleurs sans les faner. […] Mme Récamier était la première à raconter ces choses, et elle en souriait avec gaieté.
L’Italie des Italiens est le dernier livre de Mme Colet, et grâce aux événements qu’elle retrace et qu’elle rend très suspects, en les racontant, comme elle les raconte, car quelle est sa moralité pour qu’on la croie ? […] Mme Colet, jalouse trois fois, jalouse du talent de la femme, de sa folle renommée et du succès matériel de son livre impudique et honteux, raconta à son tour son histoire avec le même poëte, fière, comme une femelle de chacal, d’avoir touché au morceau laissé par la lionne ! […] Incapable de creuser longtemps dans la nature humaine et de nous faire un livre profond de ce qu’elle y aurait trouvé, Mme Colet a pour ressource de plaquer autour des amours avilissants et avilis, dont elle nous raconte les orages, de longues descriptions de Venise, fourbues à force d’avoir servi, et des citations de Byron toujours inévitables, quand on parle de Venise et qu’on n’a pas en soi d’impression, neuve et sincère.
Il lui raconte le songe de sa nuit. […] Le serpent tombe au milieu des combattants, et l’aigle, avec des cris aigus, s’envole dans les airs, emporté par le souffle des vents. » On raconte avec effroi ce prodige à Hector, littéralement dans les mêmes vers que nous venons de citer. […] » Les chefs des Grecs, consternés, accourent en fuyant vers lui et racontent leur désastre. […] » Patrocle lui raconte les désastres de l’armée et des vaisseaux. […] Mercure, sous le déguisement d’un compagnon d’Achille, raconte à Priam, pendant qu’il fait boire les mules dans le fleuve, la conservation miraculeuse du cadavre de son fils.
J’ai trois femmes dans ma loge qui me raconteront le spectacle… Fournier, un homme de génie ! […] Maintenant j’en suis réduit à décrire consciencieusement un mur, et encore je ne peux pas raconter ce qui est quelquefois dessiné dessus. […] Une habitude, une affection de vingt-cinq ans, une fille qui savait notre vie, ouvrait nos lettres en notre absence, à qui nous racontions nos affaires. […] Elle me raconte comment Rose est morte, ne souffrant pour ainsi dire plus, se trouvant mieux, presque bien, toute remplie de soulagement et d’espérance. […] La même vieille demoiselle nous racontait qu’une des distractions des religieuses du couvent, où elle se trouvait, — la chose est délicate, et aurait besoin pour être contée de la plume de Béroalde de Verville, mais ma foi tant pis, — elle nous racontait donc que cette distraction était de p…. dans des carafes, oui, de mettre du vent en bouteille, pour se régaler la vue des irisations du gaz captif.
Il faisait aussi de longues histoires, qu’il n’écrivait pas, mais qu’il racontait dans les soirées des châteaux. […] Ce sont des vers du Roman du Roux, chronique où Robert Wace raconte les actions de Rollon et de ses successeurs. […] Beaucoup de gens racontaient, versifiaient ce que tout le monde croyait ; c’étaient d’interminables histoires des paladins de Charlemagne, des géants et des fées. […] Ville-Hardouin continue de raconter en détail les lents préparatifs de la croisade. […] Les dogmes du christianisme une fois déposés dans les esprits, l’imagination ne s’était pas arrêtée ; on se racontait les rêves des légendes, les terreurs de la piété.
Peut-on oublier d’ailleurs quel avantage prodigieux les historiens anciens ont sur les historiens modernes par la nature même des faits qu’ils racontent ? […] C’est à ces diverses considérations qu’il faut attribuer la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire : cette supériorité tient principalement à cet art de peindre et de raconter qui suppose le mouvement, l’intérêt, l’imagination, mais non la connaissance intime des secrets du cœur humain, ou des causes philosophiques des événements30.
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes. […] Il raconte la fête des Rois chez M.
Ce qu’il nous raconte, c’est l’éducation de deux âmes par la vie. […] Ce qu’ils racontent est bien simple pourtant.
Rien de moins « nécessaires » que tous les événements qu’on nous raconte, que les conclusions auxquelles s’arrêtent les personnages. […] Seulement il y a des individus — et j’en suis — à qui échoient des tempéraments de conteurs, que le monde amuse, qui le regardent, et qui le racontent gentiment.