Je suis un rêve qui s’envole de ta serre, je suis un rêve de plaisir, de crime, de souffrance, et je rêve que je me perce le cœur. » À quoi Méphisto, en le voyant tomber, répond avec beaucoup de bon sens : « Tu m’appartiens plus que jamais ! […] Seulement les Mille et une Nuits sont le rêve d’un peuple paresseux qui aimerait trouver des mines de diamant en se promenant ; et l’œuvre de Balzac, c’est le rêve d’un peuple énergique qui voudrait que la fortune et la gloire fussent atteintes au prix d’un effort inouï, formidable et court, dont il se croit capable. […] La métaphysique était pour lui, comme il l’a dit très nettement dans les Dialogues philosophiques, le pays des Rêves. […] Les vrais jeunes, très entêtés de philosophie, de pensée, de rêve et même de mysticisme, sont un peu loin d’eux, et même sont exactement à leurs antipodes. […] Les personnages de Zola sont des abstractions encore plus vides, vivifiées par un rêve triste de matérialiste grossier, au lieu de l’être par le rêve bleu d’un idéaliste en extase.
Jules Lemaître Chacune de ses œuvres est un de ces rêves où l’on s’enferme et où l’on vit des mois et des ans, comme dans une tour enchantée… Il est le représentant distingué d’une génération d’esprits meilleure et plus saine que la nôtre.
Ducoté nous donne le résultat de son dernier effort, la quintessence de ses derniers rêves, sous ce titre : Le Chemin des ombres heureuses… C’est un fort beau livre… [La Vogue (15 décembre 1899).]
voici des vers qui sont d’un poète, d’un poète authentique, de quelqu’un dont l’âme est pieuse, douce, émue, voltigeante et chantante, prompte à la joie et prompte aux larmes, de quelqu’un qui ne ressemble pas aux autres hommes, qui n’est pas raisonnable, pratique, morose, ambitieux, qui va son chemin, loin des sentiers battus, vers des sommets bleus, aperçus en rêve dans une auréole de brumes dorées.
Mais, en 1847, ce tableau ne répond plus à la nature qu’il rêve et au pays sur lequel il compte pour lui fournir une spécialité de peintre. […] « Si plus fréquemment que d’autres il approche de l’épopée, c’est alors par l’absence même de tout costume, c’est-à-dire en quelque sorte en cessant d’être arabe pour devenir humain. » Fromentin rêve d’une idéalisation de la nature orientale, et le peintre parfait qui serait au bout de ce rêve, on peut l’imaginer comme un Ingres de la lumière. […] Dominique est un rêveur, avec tous les dangers du rêve, en partie neutralisés par le bienfait de la lucidité. […] Il ressemble au désintéressement où notre vie glisse en rêve. […] « Que l’homme puisse rêver le rêve de Dieu et reconstruire dans sa monade l’architecture de l’infini, c’est là sa grandeur. » Non, ce n’est pas la grandeur.
Marmier a exprimé ces sortes de rêves avec une vérité douce et vive de fraîcheur.
À la vieille terre d’Égypte, toujours mystérieuse au seuil des civilisations, nourricière des races spiritualistes invinciblement, gardienne des religions et des traditions augustes, il a emprunté le décor de ces courts poèmes et aussi la mélancolie qui, des grands yeux de pierre des Sphynx, se répand encore sur l’humanité comme l’ombre du plus beau rêve que l’homme ait conçu.
Les recueils qui suivirent et qui s’intitulent : La Clef des champs, l’Âme en fête et la Chute des rêves, continuent, accentuent, portent à leur sommet de perfection les grandes qualités si brillamment inaugurées dans les Espérances.
Le charme est bref, l’originalité précieuse et cherchée ; mais ces qualités sont si rares chez les poètes qui entourent le trône de lassitude où de Mallarmé rêve du Symbolisme !