Galien, qui certes n’était pas un homme ordinaire, croyait aux rêves, aux amulettes et aux maléfices ; et Tacite paraît avoir donné dans les prestiges de l’astrologie judiciaire et les miracles de son temps. […] Le rêve d’une vieille femme avait peut-être mis les armes à la main du brave Iroquois qu’on vient d’entendre parler si fièrement à ses ennemis.
s’il le faut, abandonnons ces plans présomptueux de l’Univers, ces rêves d’imagination, ces systèmes curieux & indéchiffrables, rentrons en nous-mêmes.
Tout peut se changer en tout, le rêve d’Héraclite est réalisé ; la transmutation, que les alchimistes ne cherchaient que de métal à métal, devient la loi universelle de la nature.
Il habille tous ses enfants en soldats ; il ne rêve que troupes, combats, sièges, prises de villes, tandis que le désordre et la misère lui font une nécessité de la paix. […] Au lieu de précieuses, entichées du faux et de l’inusité dans le langage, ne goûtant que le romanesque et le platonisme dans la galanterie, il aurait eu ces vaporeuses amies des chevaliers de la foi, ces femmes qu’embrasent le zèle du pèlerinage, les mélancoliques souvenirs des siècles dévots et les rêves de la mysticité ; et, pour leur servir de contraste, des personnes simples, naturelles, avenantes, celles à qui toute expression noble et choisie paraît du néologisme, celles qui vont bonnement au physique et non au moral des choses, et qui ne souffrent dans l’action du roman, comme dans celle du drame, que l’unité de jour.
Mais, d’un autre côté, à mesure qu’elle s’allégeait de sa substance historique, et pour en remplir le vide, l’épopée donnait à la légende ou au rêve une part plus considérable d’elle-même ; c’est l’époque des Romans de la Table-Ronde : Parsifal, Tristan et Yseult, etc. ; dont l’intérêt n’est déjà plus d’entretenir le culte des souvenirs, mais de chatouiller la curiosité. […] Lisez à ce propos le Rêve de d’Alembert ou le Supplément au Voyage de Bougainville.
Amusements de quelques heures de tristesse, dont le caractère et l’âge du poëte n’avaient pu le préserver à l’entrée d’une destinée incertaine ou pénible, ces petits ouvrages sont sans doute les premières productions que le génie poétique de Shakespeare se soit, permis d’avouer ; et quelques-uns, il faut le dire, ainsi que le poëme d’Adonis, ont besoin de trouver une excuse dans cette effervescence d’une jeunesse trop livrée aux rêves du plaisir pour ne pas chercher à le reproduire sous toutes les formes.
La Vie et les commencements de Molière En effet regardez-le, ce jeune homme, aux premières et vives clartés du xviie siècle naissant, qui s’en va, traîné dans le tombereau de Thespis à la poursuite de cet art qu’il a entrevu dans ses rêves, et cherchant la comédie errante, comme ce héros, son contemporain, qui cherchait la chevalerie ; avec cette différence qu’au temps de don Quichotte, la chevalerie était morte, et qu’aux premiers jours de Molière la comédie était à naître encore.
Derôme n’entend pas seulement par là ce que sait tout le monde, que Pascal, dans ses Pensées, aurait approfondi plus avant que pas un de nos publicistes du xviie siècle quelques-uns des plus difficiles problèmes de l’art de gouverner ; mais il entend que Pascal aurait lui-même rêvé de mettre la main aux affaires, et que les Pensées trahiraient, comme il dit, « le souvenir amer de ce rêve évanoui ». […] Si la vie est mauvaise, et elle l’est, puisqu’elle ne peut contenter ni notre désir de bonheur, ni noire soif de science, ni notre rêve de vertu, cependant nous ne pouvons pas en accuser l’auteur même de la vie, puisque cet auteur, s’il existe, ne peut rien avoir fait que de bon.
La premiere a été appellee imagination passive, la seconde active ; la passive ne va pas beaucoup au-delà de la mémoire, elle est commune aux hommes & aux animaux ; de-là vient que le chasseur & son chien poursuivent également des bêtes dans leurs rêves, qu’ils entendent également le bruit des cors ; que l’un crie, & que l’autre jappe en dormant.