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1671. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Les réflexions philosophiques doivent surtout être l’âme de ces sortes d’écrits ; elles seront tantôt mêlées au récit avec art et brièveté, tantôt rassemblées et développées dans des morceaux particuliers, où elles formeront comme des masses de lumière qui serviront à éclairer le reste.

1672. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

C’est dans les poèmes, les contes, les récits traditionnels, que l’homme vulgaire, enclin à la seule jouissance, a appris à aimer, à augmenter jusqu’à l’infini des joies médiocres et des chagrins futiles. […] Taberna : « Une jeune fille ne pèche point si, dans un péril de mort ou d’infamie, elle reste purement passive et n’emploie point tous les moyens dont elle peut disposer pour chasser le séducteur, comme de le tuer et d’appeler le voisinage. » La malheureuse sera bien avancée de lire dans tous les journaux le récit de sa victoire ou d’avoir à paraître en Cour d’assises avec l’air qui convient à une victime modeste de l’érotisme !

1673. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

L’érudition et la réflexion jetèrent Milton dans un poëme métaphysique qui n’était point de son siècle, pendant que l’inspiration et l’ignorance révélaient à Bunyan le récit psychologique qui convenait à son siècle, et le génie du grand homme se trouva plus faible que la naïveté du chaudronnier.

1674. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est la première fois chez nous que l’action prend l’aspect d’un conte, d’un récit aéré et aérien, où tout n’est pas essentiel, mais où tout pourtant est utile.

1675. (1923) Paul Valéry

Une ivresse belle m’engage A porter debout ce salut, Solitude, récit, étoile, A n’importe ce qui valut Le blanc souci de notre voile.

1676. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Ce sont les récits transmis de bouche en bouche, généralement dans une même famille. Si ces récits viennent à être écrits, ils ne perdent pas pour cela leur caractère de tradition, si au moment où ils ont été fixés par l’écriture ils n’étaient pas racontés par des témoins oculaires, car ils n’ont alors d’autre preuve que la tradition orale qui les a précédés.

1677. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Quant au mouvement tempétueux qui accompagne ces narrations, aux dialogues piquants, chargés de traits de caractère, aux personnages divers et multiples qui grouillent dans le récit, à la variété extraordinaire d’images dont se pare le style descriptif de ce roman lyrique, — il faut se résigner à n’en rien dire. […] En ces contes la poésie se mêle au burlesque car, en vérité, « rien n’est plus proche d’un chant très lyrique, qu’un récit violemment burlesque. […] La forme a presque toujours de lourdes défaillances, et pourtant le génie de la langue d’oïl rayonne alors au-delà des frontières parce que le lai de l’Ombre comme les récits de Marie de France, Amis et Amille avec le Chevalier au Cygne, et la Berthe du confus Adenet aussi bien que l’adroit et précis Cligès de Chrestien, — propagent autour d’eux le grand songe celtique et cette délicatesse, cette élégance mentale qui sont le fait traditionnel de la culture et de l’instinct français.

1678. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

C’est là peut-être aussi ce qu’il est permis d’entendre sous le biblique récit de l’arbre de la science62. […] Prenez quelque poésie légère où partout règne la mesure, l’esprit et la grâce ; prenez une ode et surtout une épître d’Horace ou de petits vers de Voltaire, et mettez en regard l’Iliade ou ces poèmes immenses des Indiens remplis d’événements merveilleux et où la plus haute métaphysique s’unit à un récit tour à tour gracieux ou pathétique, ces poèmes qui ont plus de deux cent mille vers, et dont les personnages sont des dieux ou des êtres symboliques ; voyez si les impressions que vous éprouverez seront les mêmes. […] Là, sans doute, on peut retrouver des signes ou des souvenirs de l’humanité, et, si c’était ici le lieu, nous examinerions à notre tour les récits des voyageurs, et nous trouverions jusque dans ces ténèbres de l’enfance ou de la décrépitude d’admirables éclairs, de nobles instincts, qui déjà se font jour ou subsistent encore, présagent ou rappellent l’humanité.

1679. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Le récit d’un crime sensationnel dans un numéro du Petit Parisien trouve en un jour beaucoup plus de lecteurs simultanés que l’œuvre lyrique de Pindare n’eut de lecteurs successifs échelonnés sur vingt-quatre siècles. […] Tout ce qui est roman ou récit ne diffère pas du fait divers, consiste à « réduire l’horizon et le spectacle à une moyenne bouffée de banalité124 ».

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