/ 1420
182. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Auger, académicien d’autant plus strict adorateur des règles que jamais il ne fit rien, est d’une commune voix chargé de foudroyer le Romantisme. […] Je ne vois réellement que Corinne qui ait acquis une gloire impérissable sans se modeler sur les anciens ; mais une exception, comme vous savez, confirme une règle. […] Il me semble que c’est une des règles des classiques, et nous ne demandons pas autre chose à MM.  […] malgré cette règle absurde, les tragédies faites par des hommes de génie plairaient encore. […] C’est qu’en dépit de la règle du monosyllabe, pas plus étonnante que tant d’autres, l’homme de génie aurait trouvé le secret d’accumuler dans sa pièce une richesse de pensées, une abondance de sentiments qui nous saisissent d’abord : la sottise de la règle lui aura fait sacrifier plusieurs répliques touchantes, plusieurs sentiments d’un effet sûr ; mais peu importe au succès de sa tragédie tant que la règle subsiste.

183. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Les empereurs et les savants l’ont appelé la source de la doctrine, la manifestation des enseignements du sage, la révélation de la loi du Ciel, la mer sans fond de justice et de vérité, le livre des souverains, l’art de gouverner les peuples, la voix des ancêtres, la règle de tous les siècles. […] la religion recevra des hommes les temps qu’ils doivent au Tien (Dieu). » Les cinquante-huit chapitres du livre de Confucius sont partout pleins de ces maximes de religion rationnelle et de ces règles de gouvernement par la conscience. […] « Le pouvoir et les règles pour décerner les récompenses et les châtiments publics viennent d’en haut. […] Les trente-deux livres suivants sont comme le tableau et le précis philosophique des lois fondamentales de l’État, des principes invariables du gouvernement et des règles générales de l’administration et de la justice. […] Quant à la manière dont chaque article est traité, il est inutile d’avertir que les plus importants et les plus nécessaires sont traités plus au long ; mais la règle générale, c’est de diviser chacun en cinq, six, sept et même huit chapitres ou sections.

184. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

» Alfieri n’en poursuivait pas moins ses diatribes et ses amours, et se mettait en règle avec l’avenir par ses tragédies mort-nées, en règle avec les rois en leur enlevant plus que leur trône, leur famille ! en règle avec l’opinion en applaudissant lyriquement aux premiers égarements de la révolution ; En règle avec le vieux classique, en accumulant tragédies sur tragédies ; En règle avec l’avenir, comptant sur la gloire et sur l’immortalité anonyme qu’il se préparait en silence au bout de la rue ; En règle avec la fortune, puisqu’il avait encore quatre chevaux de selle, ayant vendu tous les autres à son ami pour monter sa maison à Paris ; En règle enfin avec le bonheur, puisqu’il allait à leur maison de campagne, en Alsace, passer les mois inoccupés de l’année dans l’intimité d’une union paisible.

185. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Le monde de l’esprit est, au contraire, celui des lois fixes, des règles immuables, de l’harmonie. L’art spiritualiste, pour se conformer à ces règles, n’a qu’à suivre sa propre pente ; et ces règles le mènent infailliblement vers le beau. […] Les saints et les poètes ont pratiqué la règle sans la connaître, et c’est d’après eux que la règle est écrite. […] Le simple acquiescement du cœur à la règle est un pas fait dans le perfectionnement. […] Poétique par le fond, était-il assujetti à ces règles qui constituent la forme extérieure du vers ?

186. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Mais cette théorie, très judicieuse du reste, il sait parfaitement la dépasser, ou plutôt, avant de l’instituer, il rappelle, et avec insistance, qu’il y a une règle, qui en cela prime toutes les règles, c’est à savoir qu’il faut plaire et loucher, et que sans cela, de toutes les règles, il n’y a pas à donner un fétu. […] Il apportait avec lui son goût, son savoir et des règles très fortement dessinées, déjà, dans son esprit. […] la première de ces règles, c’était à lui-même qu’il l’imposait. […] C’est une bonne règle et fondée en raison ; c’est surtout un beau programme à se dicter à soi-même, et M.  […] Elle est comme de règle ou elle est comme de protocole.

187. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

— Ses paroles sur la guerre ; — sur le don du commandement ; — sur le travail ; — sur la règle des vingt-quatre heures dans la tragédie […] On aurait peine à se figurer le désordre et la confusion où était l’enseignement de la jeunesse en 1800 : toutes les méthodes faciles, toutes les fantaisies philosophiques et philanthropiques s’étaient donné carrière sous le Directoire ; il s’agissait de remettre la règle et un peu de sévérité dans cette licence et cette bigarrure. […] En administration, c’est moi seul qui ai arrangé les finances, vous le savez… Il y a des principes, des règles qu’il faut savoir… Moi, je travaille toujours, je médite beaucoup. […] Et comme il était question un peu de tout avec Napoléon, et que sa pensée se portait en mille sens, je trouve encore, dans une de ces conversations, du 6 mars 1809, ce brusque jugement sur les unités et la règle des vingt-quatre heures, à propos de la tragédie semi-romantique de Walstein qu’avait publiée Benjamin Constant.

188. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Sur des rimes sans faste et sans art enlacées, Laisser tomber, pédant, la règle aux mains glacées ! […] La pièce intitulée les Étoiles, qui n’a d’ailleurs rien de commun que l’objet éthéré avec la méditation de Lamartine, est un chef-d’œuvre d’élégie idéale, sauf une faute de grammaire au milieu qu’il serait bien aisé de corriger : notre tendre poëte sait mieux en effet la guitare que la grammaire, et il s’est mépris à la règle des quelque 125 Aisément lié par sa promptitude de cœur, sa dévotion pour la poésie et sa jeunesse d’imagination, avec les générations survenantes, M. […] Et c’est ce qui suffit après tout, un roman ne devant jamais être un livre d’oraison, une règle de conduite, mais une inspiration passagère qui mérite indulgence et faveur si elle est relativement bonne à quelques-uns et les pousse même vaguement au bien. […] Pourtant, en général, dans Arthur, le cœur est de beaucoup plus fort que la raison, que la pensée ; celle-ci, en maint endroit, est exclusive, dédaigneuse, aristocratique, légère, prenant trop ses répugnances ou ses affections pour la règle du possible, pour la mesure du vrai.

189. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Les règles. […] On s’est parfois singulièrement trompé sur l’attitude de Corneille à l’égard des fameuses règles : on a plaint trop facilement ce grand génie ligoté par de pédantesques lois, et se débattant en vain contre leur fatale contrainte. […] Si maintenant Corneille a souvent besoin de prendre plus que la formule des doctes n’accorde, s’il n’arrive guère à faire coïncider dans le temps et l’espace l’action réelle et la représentation de l’action, tandis que Racine n’a jamais subi la gêne des règles, la raison principale en est que les passions se manifestent tout entières par des impulsions instantanées, tandis que la volonté se reconnaît surtout à la constance des effets, et il n’y a pas de constance sans une certaine durée. […] Corneille a toujours cru que les sujets d’invention pure ne convenaient pas à la tragédie, et de là vient ce mot, qu’on a si souvent mal compris et incriminé : « Les grands sujets doivent toujours aller au-delà du vraisemblable. » Ce qui veut dire, non pas du tout que l’invraisemblance est de règle, mais que la vérité matérielle, historique des faits, est nécessaire.

190. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Mais en règle générale une certaine communauté de fins et de moyens, de besoins, de désirs et de modes d’action s’impose en économie. […] Durkheim remarque que le lien économique est un lien social assez lâche et qu’il n’entraîne nullement l’unité morale : « Comme les rapports purement économiques, dit-il, laissent les hommes les un en dehors des autres, on peut en avoir de très suivis sans participer pour cela à la même existence collective. » (Règles de la méthode sociologique, p. 139.) […] La règle selon laquelle s’opère cette répartition ne change pas tandis que la somme totale de richesse augmente ; en ce cas chaque individu recevra plus qu’il n’avait avant et tous auront intérêt à ce que cette somme totale de richesse augmente. Mais si la règle de répartition change, deux phénomènes différents peuvent avoir lieu : 1° avec la nouvelle répartition chaque individu reçoit plus qu’il n’avait avant Ce cas est semblable au précédent, et tous les individus auront intérêt à ce que l’augmentation supposée de richesse se produise ; 2° les uns reçoivent plus ; les autres moins qu’ils n’avaient avant.

/ 1420