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1261. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Nos poètes, dont la sensibilité se règle un peu sur le climat de Paris, n’ont d’ordinaire chanté le printemps que par imitation classique : la Fête des Fleurs sous le coutumier parapluie. […] Et la pureté de l’art classique réside en partie dans cette inhibition généralisée, inhibition intérieure par la volonté chez Corneille, par les bienséances chez Racine, inhibition extérieure par les règles d’un art strict et les trois unités.

1262. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et ils ne soupçonnaient pas non plus qu’en nous mesurant la lumière dans leurs Œdipes perfectionnés, de façon que nous ne pussions devancer le fils de Laïus dans son enquête, ils violaient une des règles essentielles de l’art dramatique. Cette règle, c’est qu’au théâtre le poète doit toujours nous mettre dans son secret. […] Ils invoquent continuellement les anciens, parlent du haut des règles, ont des scrupules à la fois humbles et suffisants. […] Puisque ce petit arrangement les rend tous heureux, ne vaut-il pas mieux qu’ils le croient d’accord avec la règle sociale ? […] Elle ne satisfait que ses appétits tout en ayant l’air de tenir compte d’un tas de règles qu’elle subit sans les comprendre… Elle n’est donc qu’un exemplaire éminemment expressif d’une espèce de femmes que vous avez souvent rencontrées.

1263. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Elle feindrait la colère, selon toutes les règles. « Le jour de la déclaration arrive, qui doit se faire ordinairement dans une allée de quelque jardin, tandis que la compagnie s’est un peu éloignée, et cette déclaration est suivie d’un prompt courroux qui paraît à notre rougeur et qui, pour un temps, bannit l’amant de notre présence. » Aricie ne suit point les règles. […] « Sans doute, la règle est moins stricte dans la comédie que dans la tragédie. […] Mélange du tragique et du comique, incidents multipliés, terreur et pitié excitées par des spectacles matériels, couleur locale un peu puérile, mais cherchée avec soin et affectée avec application, vérité et complication de la mise en scène, luxe de décors, « fascination de l’opéra », comme dira Hugo dans son manifeste, règles des unités parfaitement surpassées et bousculées. […] Et, pour y revenir, en un mot comme en cent, c’était la tragédie populaire, la tragédie qui ne connaît pas les règles, la tragédie qui multiplie les incidents sans se soucier de la logique, la tragédie qui parle beaucoup aux yeux et la tragédie qui, s’adressant à un public qui ne connaît pas l’histoire, prend sa matière non dans l’histoire, mais dans les faits contemporains ou quasi contemporains, récits de la veillée ou du repas du soir ou de l’atelier que connaît le peuple et qui sont l’entretien du peuple.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Musset a voulu dire un relâché ; mais il est fâcheux, au moment où l’on s’affranchit de la règle pour mieux dire ce qu’on pense, de dire le contraire. — Trouvant cette épigraphe de Musset en tête d’un recueil nouveau de poésies, j’écris au jeune poète ; Je ne sais pourquoi vous donnez à croire par votre épigraphe que vous êtes en fait de poésie un réformé, comme dit M. de Musset, ou mieux, un relâché comme il aurait fallu dire. […] Les partisans des règles établies se jetèrent avec violence sur la préface et sur les vers, qui eurent aussi leurs partisans, moins nombreux, mais aussi énergiques.

1265. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Il y a une règle fixe pour transposer, c’est-à-dire pour convertir les unes dans les autres les idées d’un positiviste, d’un panthéiste, d’un spiritualiste, d’un mystique, d’un poëte, d’une tête à images et d’une tête à formules. […] Le puritain s’inquiète non-seulement de ce qu’il doit croire, mais encore de ce qu’il doit faire ; il veut une réponse à ses doutes, mais surtout une règle à sa conduite ; il est tourmenté par le sentiment de son ignorance, mais aussi par l’horreur de ses vices ; il cherche Dieu, mais en même temps le devoir.

1266. (1896) Le livre des masques

Le crime capital pour un écrivain c’est le conformisme, l’imitativité, la soumission aux règles et aux enseignements. […] Au cours des suivants portraits, ou plus tard, nous aurons sans doute l’occasion de la compléter ; son principe servira encore à nous guider, en nous incitant à rechercher, non pas ce que devraient faire, selon de terribles règles, selon de tyranniques traditions, les écrivains nouveaux, mais ce qu’ils ont voulu faire.

1267. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Et puis, je crois qu’il faut laisser à chacun son esthétique, le génie ayant pour coutume de ne se soucier guère ni des règles ni des barrières. […] Si, parmi les gens invités, il n’y avait pas, selon lui, dix personnes qui valussent la peine qu’on y prît garde, il n’en tenait pas moins à ce que les hommages qu’on venait lui rendre fussent reçus selon les règles. […] « Une des obligations de leur règle, alors que l’Hôtel-Dieu se composait de deux grands bâtiments bordant les deux rives de la Seine, était de laver elles-mêmes cinq cents draps, dans le petit bras du fleuve, un jour par mois, quelle que fût la température.

1268. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

V Montrer une complaisance universelle, ne jamais piquer un amour-propre ; en un mot, ne pas se faire d’ennemis : voilà leur règle de conduite. […] L’élève Meilhac, honteux de s’être ainsi échappé par les champs, reprend bien vite le chemin de l’Institution, tête basse, esprit bourrelé, et rentre dans la règle avec un dénouement plein de soumission et de repentir. […] » Donc, pour employer l’énergique langage de M. d’Aurevilly, le premier qui se permettra une aspiration à côté de la règle, il faut le saisir au collet et le mener au poste catholique. […] » ———— Règle générale ?

1269. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Cependant ils s’y rattachent par le sujet, — puisqu’il s’agit encore d’analyser une tradition populaire, — et par la méthode de l’auteur, toujours fidèle aux mêmes règles. […] Elle est, d’autre part, sanctifiée pour avoir vu naître saint Benoît, le fondateur du Mont-Cassin, l’auteur de la règle des moines d’Occident, dont la statue s’élève sur la place publique et qui aurait dû préserver sa ville natale d’un si mauvais renom. […] — Je te donnerai trois règles de sagesse161 que tu estimeras plus que la chair de trois veaux. » L’homme, confiant dans la promesse de l’oiseau, le laissa partir. […] On sait quelle importance la haute société des xiie et xiiie  siècles attachait à cet ensemble de qualités mondaines, qu’on appelait la « courtoisie » et qui comprenait quelques-unes des plus hautes qualités morales en même temps que la stricte observation des conventions et des règles de la vie élégante.

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