De là son amour fraternel : elle se donne au roi comme à Dieu, d’une pure ferveur, par un entier sacrifice. […] Et, la première peut-être, la reine de Navarre a noté, entre la passion physique, seule connue aux conteurs bourgeois, et la passion intellectuelle, idée des lyriques courtois, une autre passion, qui est la vraie, la pure passion de l’âme, celle des tragédies de Racine170. […] Il était tout français, imperceptiblement italianisé, et n’ayant pris à l’antiquité latine que ce qui mettait en valeur les vieux dons de sa race : par lui, La Fontaine et les autres reprenaient le contact du pur génie de la France, se remettaient en communion avec l’âme héréditaire de notre peuple. […] Colletet, publ. pur Gellibert des Séguins et Castaigne, Paris, 1863, in-8.
On sait que le roman, œuvre d’amusement et de pure imagination à l’origine, s’est transformé peu à peu, qu’il a serré de plus en plus la réalité, qu’il tend à devenir une peinture véridique et minutieuse de toute la vie contemporaine. […] Ce sont rêves de jeune fille très pure : je suis heureux et un peu fier de m’y être plu. […] Et, si ce sont là actions pures, au moins nous avons vécu pendant une heure au milieu d’une humanité plus belle et plus noble, ce qui est un grand plaisir pour ceux qui n’aiment pas la réalité ou qui ne savent pas la voir. […] Il y a une Mme d’Hermany qui reçoit, la nuit, un bellâtre dans le salon d’un hôtel de bains, et qui, surprise par Jeanne Bérengère, lui fait la plus jolie profession de nihilisme moral. « Elle s’est résignée à déchoir, à accepter les seuls plaisirs réels dont ce monde dispose. » — Jacques de Lerne raconte à Jeanne son premier amour, si pur, si poétique !
Ici, au contraire, en nous arrêtant un instant avec cette personne d’une plume si fine et si légère, nous ne serons en rien distraits du point que je tiens à indiquer avant tout, et que ceux qui la connaissaient le mieux désignaient, en la montrant, sous le nom d’urbanité pure. […] Elle n’avait qu’un défaut, c’était de faire trop bien, de trop aller au cœur par certains accents : « On continue à représenter Esther, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (11 février 1689) : Mme de Caylus, qui en était la Champmeslé, ne joue plus ; elle faisait trop bien, elle était trop touchante : on ne veut que la simplicité toute pure de ces petites âmes innocentes. » Mme de Caylus passe pour avoir été la dernière personne, la dernière actrice qui ait conservé la déclamation pure de Racine, le degré de cadence et de chant qui convenait à ce vers mélodieux, tout fait exprès pour l’organe d’une Caylus ou d’une La Vallière. […] C’est ainsi qu’il faut entendre cet autre passage de l’éloge, où il est dit : « Dès qu’on avait fait connaissance avec elle, on quittait sans y penser ses maîtresses, parce qu’elles commençaient à plaire moins ; et il était difficile de vivre dans sa société sans devenir son ami et son amant. » Ces expressions vives du peintre platonique ne sont que pour mieux rendre cette joie de l’esprit et cette pure ivresse de la grâce qu’on ressentait insensiblement près d’elle.
voilà déjà du Camille Desmoulins tout pur. […] Et que dire de ceci encore, à l’adresse de ceux à qui le pur zèle d’un patriotisme désintéressé ne suffisait pas, et qui avaient besoin d’un motif d’agir plus puissant ? […] Cette place est réservée aux œuvres saines, à celles qui sont pures de ces amalgames étranges et de ces indignités de pensée comme de langage, à celles où le patriotisme et l’humanité ne souffrent aucune composition avec les hommes de sang, et ne se permettent point, comme passeport et comme jeu, de ces goguettes de Régence et de Directoire ; aux œuvres dans lesquelles la conscience morale plus encore que le goût littéraire n’a pas à s’offenser et à rougir de voir Loustalot et Marat, par exemple, grotesquement, impudemment cités entre Tacite et Machiavel d’une part, et Thrasybule et Brutus de l’autre. […] Ô les écrivains polis, modérés et purs !
À l’époque de son mariage, on avait fait pour elle un emblème et une devise : une mouche à miel, avec ces mots tirés de l’Aminte du Tasse : « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite… Elle est petite, mais elle fait de cruelles blessures25. » On en prit occasion plus tard, dans les premiers temps de Sceaux, de former une société des personnes qui avaient le plus souvent l’honneur d’y venir, sous le titre de l’ordre de la Mouche à miel. […] Voilà du Grand Condé tout pur. […] [NdA] Voici le passage même de l’Aminte (acte II, scène première) : « Picciola è l’ape, e fa col picciol morso / Pur gravi e pur moleste le ferite.
Les modernes partisans de la sensation transformée profitent de ce que les sensations superficielles des cinq sens, ou du moins celles de la vue, de l’ouïe et du toucher, sont devenues aujourd’hui presque indifférentes, presque des sensations pures et en apparence passives, tandis que les sensations organiques et celles mêmes du goût ou de l’odorat enveloppent clairement émotion et réaction ; ils brouillent le tout et supposent des sensations isolément passives et indifférentes, qui, combinées, produiraient : 1° l’apparence de l’activité ou de la volonté, 2° la réalité du plaisir ou de la douleur. […] Si c’est là ce qu’on entend par sensation, on pourra en effet tout expliquer par la sensation ; mais si, comme on le doit, on réserve le nom de sensation pure à la modification passive de la cœnesthésie, premier moment du processus psychique, il deviendra impossible de ne pas tenir compte de la cœnesthésie entière qui est modifiée, du caractère agréable ou pénible de cette modification d’ensemble, enfin de la réaction immédiate qui en résulte aussi sûrement que, dans le monde physique, la réaction résulte de l’action. […] Fort bien ; mais est-il évident que la douleur soit elle-même une pure impression et purement sensorielle ? […] La force motrice de Biran, qui viendrait s’ajouter aux idées et à la volonté même, comme un intermédiaire entre l’acte de conscience et le mouvement musculaire, est une pure entité.
Alléger l’impôt, soulever le poids écrasant des taxes, il n’y avait pas d’autre politique, d’autre sens aux choses du gouvernement, pour ce peuple dont la lèvre était pure encore de tout ce qu’on lui a fait boire depuis à la coupe fumante de l’orgueil. […] c’est non seulement être conséquent au vrai principe de l’Histoire et la puiser à sa source la plus pure et la plus reculée, — la conscience, — mais, de plus, c’est justifier l’idée qui plane comme une vérité sur tout l’ouvrage, à savoir : que la Révolution française, l’une des plus grandes catastrophes de désordre qui aient jamais existé, pouvait très bien être évitée, comme peuvent l’être, du reste, tous les crimes et toutes les fautes imputables, soit aux hommes, soit aux sociétés. […] Mais, pour Cassagnac, pour cet esprit net et décidé qui érige de la clarté en métaphysique comme en toute matière intellectuelle, la Révolution, à part des révolutionnaires, la Révolution, idée pure s’élançant du sein des faits les plus impurs, était une abstraction panthéistique, une chose inconcevable et impossible, une chimère. […] Pour qui ne voit que l’art seul, l’art divin d’écrire, il y a dans son livre de ces passages qui ressemblent, pour la profondeur et la netteté pure de l’empreinte, aux plus magnifiques intailles de la glyptique moderne.
Mais ils ne sont pas allés jusqu’à la sensibilité pure, comme on dirait aujourd’hui ; encore moins jusqu’aux sensations primitives qui échappent à la conscience claire. […] Non pas qu’on ne trouve, chez eux aussi, des aristocrates de l’âme, avides de rendre un culte à l’Esprit pur, et qui séjournent sur les hauteurs. […] Vigny, après avoir désespéré du monde, n’a-t-il pas repris confiance dans l’esprit pur ? […] Coleridge y voyait le triomphe de l’imagination pure ; et le triomphe, aussi, du surnaturel sur le réel. […] Pénible passage, que celui qui va du royaume des désirs incohérents à celui des formes pures.
Vinet et à ses amis, et que les théologiens protestants ont volontiers accueillie, c’est que les Pensées de Pascal, dans l’état où les a mises la controverse récente, et ramenées plus que jamais à l’état de purs fragments grandioses et nus, sont par là même plus propres à un genre de démonstration chrétienne qui prend l’individu au vif, et peuvent devenir la base d’une apologétique véritable, tout entière fondée sur la nature humaine. […] Jamais je n’ai goûté autant la sobre et pure jouissance de l’esprit, et je n’ai eu plus vif le sentiment moral de la pensée.