Dans le moyen âge, l’imagination était forte, mais le langage imparfait ; de nos jours le langage est pur, mais l’imagination est en défaut.
A tout ce que le bel esprit donne de ridicules à une femme, ou ajoute à ses autres travers, il oppose tantôt le simple bon sens d’un bourgeois honnête homme, tantôt le naturel d’une jeune fille dont le cœur est pur et dont l’esprit n’est point gâté par la mode.
Le style de Térence est pur, sentencieux, mais un peu froid ; comme César, qui excellait en tout, le lui a reproché.
Dans quel endroit d’Europe l’éloquent rêveur des Pensées aurait-il trouvé une image plus saisissante de cette thèse chère à son génie que, dans les choses humaines, la grandeur et la misère alternent sans cesse, qu’elles coexistent plutôt d’après une nécessité qu’il explique, lui, par une loi d’expiation, que les fatalistes purs, comme Spinoza, constatent mécaniquement si l’on peut dire. « La force par laquelle nous persévérons dans l’existence est bornée », est-il affirmé dans l’éthique, « et celle des puissances extérieures et hostiles la surpasse infiniment. » Combien elle fut magnifique et triomphante, cette Pise aujourd’hui déchue, la seule place du Dôme le révélerait au voyageur le plus ignorant, avec sa cathédrale de marbre dont la splendide façade étage ses rangées de nobles colonnes reliées par d’élégantes arcades, et tout à côté, surgit le baptistère, dont la coupole rappelle la tradition orientale, mais développée avec une puissance hardie qu’enjolivent — l’expression ne détonne-t-elle pas ici ? […] Ces émigrants des steppes immenses et d’une société encore chaotique s’émerveillaient de cette citadelle de l’ordre latin où, nous autres Français, nous venions retrouver les plus pures qualités du commun héritage méditerranéen portées à un degré supérieur, et tous, Anglais, Russes, Français, quel conseil pratiquions-nous, sinon celui de l’héroïque Michel-Ange répondant à un cardinal qui lui demandait, le voyant se diriger sous la neige vers un monument d’autrefois : « Où vas-tu par un temps pareil ? […] Par antithèse, l’image tout ensemble si vivante et si pure de Mme de Tècle prend un relief qui en fait, et pour Camors lui-même et pour nous, une attendrissante et grave leçon.
. — Sans doute, entre ce louis de similor et un louis d’or pur, des yeux moins novices auraient démêlé la différence.
Habituée à être négligée et même oubliée pendant vingt ans par lui dans leur jeunesse, elle trouvait très doux pour elle ce commerce de pure amitié qui la déchargeait du soin d’amuser l’inamusable auteur de René, cette personnification de l’ennui sublime de vivre.
Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque, dans les plus pures régions de la société polie.
J’ai écrit ma vie pour empêcher qu’un autre ne s’en acquittât plus mal que moi ; le même motif me fit alors aussi composer l’épitaphe de mon amie et la mienne, et je les donnerai ici en note, parce que ce sont celles que je veux et non pas d’autres, et qu’elles ne disent de mon amie et de moi que la vérité pure, dégagée de toute fastueuse amplification.
Le buste que David a fait de mon frère, alors âgé de quarante-quatre ans, a reproduit fidèlement son beau front, cette magnifique chevelure, indice de sa force physique égale à sa force morale, l’enchâssement merveilleux de ses yeux, les lignes si fines de ce nez carré, de cette bouche aux contours sinueux où la bonhomie s’alliait à la raillerie, ce menton qui achevait l’ovale si pur de son visage avant que l’embonpoint en eût altéré l’harmonie.