Contre les tortures de la pensée on a le sentiment vivace de la puissance déployée à penser et aussi, le plus souvent, la protestation tranquille du corps bien nourri. […] La Légende des Nornes déploie leur théogonie bizarre et grandiose : la naissance d’Ymer et des géants, qui sont les puissances mauvaises ; la naissance des dieux bienfaisants, des Ases, qui domptent Ymer et de son corps forment l’univers ; le rouge déluge que fait son sang ; l’apparition du premier couple humain ; Loki, le dernier-né d’Ymer, et le Serpent, et le Loup Fenris et tous les dieux du Mal vaincus par les Ases bienheureux ; la venue du jeune dieu Balder ; puis la suprême révolte de Loki, du Serpent, de Fenris et des Nains, et la fin misérable du monde La pensée de l’au-delà hantait ces hommes du Nord dans l’intervalle des tueries : ils étaient tout prêts pour le christianisme et devaient le prendre terriblement au sérieux. […] Mais, en même temps, cette époque singulière lui plaît et le retient par le spectacle des plus violentes passions que l’humanité ait éprouvées, par la puissance de sa vie tour à tour fouettée d’appétits grossiers et pendue à l’invisible, par l’aspect infiniment pittoresque de son existence extérieure, par son art maladif et grandiose à qui l’obsession du surnaturel a donné quelque chose de disproportionné et de sublime.
Il ne suffit pas en effet de savoir ce qui est ou ce qui a été pour dire ce qui sera ; si l’on reconnaît à l’homme le pouvoir de modifier par une conduite raisonnée, soit sa propre destinée, soit celle du groupe auquel il appartient, il faut bien admettre, au-delà et au-dessus de la science, se dégageant d’elle et la dépassant, un idéal qui tend à se réaliser par cela seul qu’il est conçu, qui est ainsi de la réalité en puissance, ou pour mieux dire encore, en voie de formation. […] Les peuples enfants ont raisonné ou déraisonné de même ; ils se sont représenté la foudre lancée par une main irritée, le vent déchaîné par le souffle d’une bouche divine, la mer soulevée par une puissance à la fois individuelle et surhumaine. […] Dites, est-ce que l’effort héroïque, l’endurance, l’ascension lente du futur roi de la terre vers le bien-être, la lumière, la puissance, la justice ne sont pas cent fois plus émouvants, plus poétiques que les fables trop docilement répétées de siècle en siècle ?
Le public qui applaudissait à une audition de la Walküre, ne se contentait-il pas déjà de cette puissance que lui donne pleinement la musique, de refaire le drame, mais glorieusement, selon la musique et l’âme Wagnérienne, non selon les inspirations du premier machiniste et du premier ténor ? […] Les Forces jaillissantes, d’où comme les coursiers qui s’élancent, Bondissent les puissances du sol, du feu et des airs, Les mers qui refluent et les fleuves qui s’écoulent Prirent voix, — transformés en chant … oui, toutes choses Avec toutes leurs œuvres reçurent de par son art magistral Un verbe pareil à celui des Forces dont la voix met à nu Le grand cœur de la Terre. […] On y retrouve l’idée du sang pur (celui du Christ), du sang régénéré (par la puissance du Graal), celle de l’homme qui devient dieu (c’est l’histoire de Parsifal).
L’idée de cette création vient pareillement de ces sources, auxquelles il convient, je crois, d’ajouter la conception des Mères, mystérieuses puissances rêvées par Goethe, dans le second Faust. […] Dans cette naïve invention de la légende, Wagner a compris ce qu’il y avait de vraiment poétique et d’éternellement humain et a retrouvé l’idée du mythe scandinave dans cent poèmes français ou germaniques, et il l’a pénétrée, traduite, élargie surtout par la puissance de son génie. […] D’autres jugements : « L’analyse psychologique des personnages fait le plus souvent défaut » ou : « Wagner a porté tout l’effort de sa puissance révolutionnaire sur un seul objectif : l’illusion théâtrale … » Rectifions quelques informations erronées : dans Siegfried la scène de Siegfried et du Voyageur est après la traversée du feu ; ce qu’on appelle la scène d’amour de la Walkure est au premier acte ; etc. ; encore : Madame Vogl est de Munich, Mademoiselle Therese Malten de Dresde ; etc.
J’admire ici je ne sais quelle légèreté dans l’ampleur et une puissance intellectuelle qui a l’air de n’y pas toucher. […] Le fond réel et vivant de leur foi, c’est qu’il y a une puissance souveraine qui a les yeux sur l’homme, qui veille sur lui, et qui, dans le conflit universel de l’iniquité et de la justice, réserve à la justice le dernier mot. […] L’Etat, avec sa puissance matérielle, dont la seule présence a quelque chose de contraignant, malgré qu’il en ait, possède-t-il un tel droit ? […] La vraie puissance ne se gaspille pas. […] Mais quand je lui exposais, pour repaître sa curiosité, quelque doctrine qu’il n’avait pu connaître par ses propres lectures, j’étais saisi de sa puissance et de sa rapidité d’assimilation.
Vanité du style, et tout est vanité, surtout dans ce grand art du journal qui est un art éphémère, un art passager, le bruit d’une heure, et la puissance d’un instant ! […] Jamais la puissance de la parole écrite ne s’est plus complètement manifestée. […] Il traita avec le roi Louis XIV, de puissance à puissance, lui envoyant deux députés, munis de ses pleins-pouvoirs, les sieurs de La Grange et de La Thorillière, à qui la Comédie donna mille francs pour leur voyage. […] Jamais les empereurs romains, dans toute leur féroce puissance » n’ont assisté à une pareille hécatombe. […] En effet, toutes les puissances ont changé de place.
Ils ne voulaient se distinguer que comme puissance continentale. […] Depuis que l’Angleterre est devenue puissance maritime, elle a déployé son génie particulier dans cette nouvelle carrière ; ses marins sont distingués de tous les marins du monde. […] La puissance du christianisme est dans la cabane du pauvre, et sa base est aussi durable que la misère de l’homme, sur laquelle elle est appuyée. […] Quelle est cette puissance extraordinaire qui promène ces cent mille chrétiens sur ces ruines ? […] « Ne craignez-vous point ma puissance ?
C’est cette frénésie destructive, ce soulèvement de puissances intérieures, inconnues, ce déchaînement d’une férocité, d’un enthousiasme et d’une imagination désordonnés et irréfrénables, qui a paru chez eux à la Renaissance et à la Réforme, et dont un reste subsiste aujourd’hui dans Carlyle. […] La noire marée de l’oubli a englouti le reste ; les millions de pensées et d’actions de tant de millions d’êtres ont disparu, et nulle puissance ne les fera de nouveau surgir à la lumière. […] Dans la puissance de découvrir les idées générales. […] Le mysticisme de Carlyle est une puissance du même genre. […] C’est pour cela que le culte des héros est à cette heure et à toutes les heures la puissance vivifiante de la vie humaine ; la religion est fondée dessus ; toute société s’y appuie.
Je ne veux donc considérer les Poèmes confiants que comme des pochades, pleines de verve et de puissance, sans doute, mais comme des pochades. […] Désormais, en dehors des corps constitués et des rouages d’État, il existe donc une puissance sociale et intellectuelle, composée de toutes les intelligences de la nation, dont le grand rôle est de préserver contre certaines tentatives rétrogrades les acquisitions de l’espèce humaine. […] Ce dont il faut savoir gré, pourtant, à l’auteur de la Conscience nationale, c’est d’avoir compris que la force d’un pays résidait moins dans la puissance de son armement que dans sa vigueur morale. […] Lorsqu’une créature se sent déchue, il lui faut une puissance énorme d’énergie pour se relever, et l’idée de péché, que les théologiens et les Pères de l’Église se sont tant appliqués â propager, est un des maux de l’humanité. […] Et quelle puissance d’expression.