Ainsi encore, quand Berthaud et son ami Martel sont menacés de périr dans la tempête, en face de tout le village de Plaurach, assemblé sur le rivage, et qu’Autren, l’homme de cœur du livre, qui prouve son cœur en se tuant, comme Werther et Stenio, se jette à l’eau pour sauver son rival, pourquoi le vaisseau de Bernardin de Saint-Pierre, dans Paul et Virginie, vient-il projeter sa grande ombre sur la barquette de M.
Seulement, il ne m’est pas prouvé, à moi, que si Madame Bovary n’eût pas été dans le monde, Antoine Quérard eût jamais paru.
Par exemple : « L’étang était couvert de végétations épaisses qui jouaient le tapis de billard… Le jour n’était ni clair ni sombre, mais d’un gris déterminé rappelant la teinte générale de l’uniforme de soldats de garnison. » Et ainsi toujours, pendant les dix-neuf chants de ce poëme accablant d’idées communes, de sentiments communs, de situations communes, et qui prouverait, si Gogol peignait ressemblant et juste, que la Russie est toujours un colosse, — mais le colosse du Béotisme et de la Vulgarité !
Le second panégyrique a, dans le dessein, quelque chose de bizarre : Julien veut y prouver que son héros est égal aux plus fameux héros d’Homère ; à Achille, Diomède et Patrocle, pour la valeur ; à Ulysse, pour la politique ; à Nestor, pour l’éloquence.
Il fut lié avec les plus grands hommes de son siècle, ce qui prouve qu’il n’était pas au-dessous d’eux ; car l’ignorance et la médiocrité, toujours insolentes ou timides, se hâtent de repousser les talents qu’elles redoutent et qui les humilient.
Mais prouvons d’abord l’extension de la langue latine parmi les chrétiens. […] Des anecdotes prouvent qu’un Espagnol et un Italien s’entendaient au sixième siècle. […] Un dernier exemple prouvera bien au-delà de mes premières paroles. […] Un géomètre dirait : Qu’est-ce que cela prouve ? […] L’étymologie ne prouve pas ici l’origine.
La valeur d’une de ces pages, d’un de ces écrivains, se prouve par son contexte, par la page suivante qu’elle comporte, par la phrase qui répond ailleurs, comme dans un dialogue indéfini, à l’interrogation qu’elle avait formulée. L’œuvre de Paul Valéry contribue aujourd’hui à nous prouver l’existence de ce dialogue. […] L’âme ne vaut, ne se prouve qu’en tant qu’ouvrière, créatrice, mécanicienne, et par conséquent que par le corps et grâce au corps, lequel « possède trop de fonctions et de ressources pour ne pas répondre à quelque exigence transcendante assez puissante pour le construire, pas assez puissante pour se passer de sa complication. » Le corps se définit donc comme le pouvoir de l’âme, et Valéry remarque que l’Eglise nous incline à le croire, puisque, voyant en la résurrection de la chair l’état normal et définitif de notre être, elle considère la séparation de l’âme et du corps comme un état provisoire et mal défini. […] Cet éclat extérieur, visible, pour tous, prouve évidemment l’existence d’une intelligibilité intérieure, dont le poète à la clef. […] Dans ce Valéry poète métaphysicien, il est certain (et les profondes intuitions de l’Introduction et des dialogues le prouvent bien) qu’un vrai métaphysicien restait possible.
Le Martyre apprend aux hommes quelle force il y a dans la conscience, puisqu’elle l’emporte sur l’instinct physique le plus puissant : le Suicide prouve bien aussi le pouvoir de la volonté sur l’instinct, mais c’est celui d’un maître égaré qui ne sait plus tenir les rênes de son char et se précipite dans l’abîme au lieu de se diriger vers son but. […] Le Suicide relatif à soi, que nous avons soigneusement distingué du sacrifice de son existence à la vertu, ne prouve qu’une chose en fait de courage, c’est que la volonté de l’âme l’emporte sur l’instinct physique : des milliers de grenadiers donnent sans cesse la preuve de cette vérité. […] Il me semblait que ma jeunesse suffisait pour m’excuser, quand il ne serait pas prouvé que j’ai résisté longtemps aux funestes honneurs dont j’étais menacée, et que ma déférence pour les désirs du Duc de Northumberland mon beau-père a pu seule m’entraîner à la faute que j’ai commise ; mais ce n’est pas pour accuser mes ennemis que je vous écris ; ils sont l’instrument de la volonté de Dieu comme tout autre événement de ce monde, et je ne dois réfléchir que sur mes propres émotions.
Le bonheur n’est pas avec moi ; et, là où tu vas, si tu ne vas pas avec confiance, il n’y a plus de confiance à avoir ici-bas. » VI Cette ode, une des plus admirables que le Tasse ait jamais écrite, aussi touchante et plus poétique que l’ode écrite par Gilbert, insensé aussi dans l’hôpital de Paris, prouve que le poète conservait tout son génie en pleurant la perte de sa raison. […] « Dans ce mouvement lent et tranquille, le guerrier ne reprend point encore l’usage de ses sens ; mais de faibles soupirs prouvent qu’il conserve un reste de vie. […] On répondit pour lui ce que Sophocle, accusé par son fils de faiblesse d’esprit à quatre-vingts ans, avait répondu pour lui-même, « Or l’homme capable d’avoir produit les chefs-d’œuvre de génie de son siècle prouvait assez par ses vers l’intégrité de son intelligence. » Toutefois le procès, embarrassé en formalités, subissait d’interminables délais.