Emile Verhaeren l’a re-créé si intensément en le développant en son propre génie verbal direct, non nuancé, et en son énormité de vision, que son œuvre est cependant puissamment homogène. […] D’une part, la pensée, avons-nous vu, crée en dehors de pré-conception son propre et divers Rythme. […] En sont possédées les vies des peuples et des empires et nos propres vies, naturelles et intellectuelles, et nos énergies quotidiennes elles-mêmes. […] N’est-ce point cependant un plaisir, qu’avoir d’énergie latente pénétré et réduit à parler mes propres paroles, même des négateurs32… Je retiendrai & seulement, sans insistance qui serait déplacée, cette constatation générale apportée en tête d’une Etude pénétrante et avertie, remarquée, de M. […] John Davidson, à son tour proclama de propres principes de Poésie scientifique « désormais seule admissible ».
Elle aspire Dieu et elle expire une image marquée de son propre sceau. […] C’est le propre des chefs-d’œuvre d’obséder le jugement. […] Il est parmi le bruit qu’il entend et il en note avec subtilité la saveur propre. […] Elle est semblable à cette aise de l’âme qu’emplit sa propre oraison. […] seulement nous pourrons connaître, pure et voluptueuse, notre propre vie.
Comme elle, Louise de Saxe eût pu créer avec sa propre vie un magnifique poème de méditation, d’orgueil et de désespoir. […] Je n’en sais pas de plus propres à inspirer le dégoût de l’action. […] André Hallays est la plus propre à resserrer les amitiés françaises. […] Léon Bloy est prophète en son propre pays, que l’on nomme Bourg-la-Reine. […] Le sophiste en faisant un pas vient de réfuter sa propre démonstration et prouve que le mouvement existe.
. — Construction psychologique et domaine propre de ces deux arts. […] Chacun veut être soi-même, avoir ses jurons, ses façons, son costume propre, ses particularités de conduite et d’humeur, et ne ressembler à personne. […] Nul respect humain ; l’empire des convenances et l’habitude du savoir-vivre ne commenceront que sous Louis XIV et par l’imitation de la France ; en ce moment, tous disent le mot propre, et c’est le plus souvent le gros mot. […] Le trop-plein de la volonté crispe leurs mains violentes, et leur passion accumulée éclate en foudres qui déchirent et ravagent tout autour d’eux et dans leur propre cœur. […] En épousant Bassanès, elle a péché contre Orgilus ; l’infidélité morale est pire que l’infidélité légale, et, désormais, elle est déchue à ses propres yeux96 : « Tuez-moi, mon frère, je vous en prie ; dites, le voulez-vous ?
Ces bonnes gens qui se chauffaient en fumant au coin d’un poêle, et ne semblaient propres qu’à faire des éditions savantes, se trouvent tout d’un coup les promoteurs et les chefs de la pensée humaine. […] Car le propre de cette révolution, comme de la révolution alexandrine, c’est que l’esprit humain devient plus capable d’abstraire. […] La marque propre du génie est la découverte de quelque large région inexplorée dans la nature humaine, et cette marque leur manque ; ils témoignent seulement de beaucoup d’habileté et de savoir. […] Y a-t-il un homme plus propre que l’auteur à composer un pareil spectacle ? […] Le propre de l’artiste est de couler les grandes idées dans des moules aussi grands qu’elles ; ceux de Wordsworth sont en mauvaise glaise vulgaire, ébréchés, incapables de garder le noble métal qu’ils doivent contenir.
Elle adore et vénère sa propre grâce physique. […] Il attendit la chute du régime, ou sa propre mise à la retraite. […] Il s’est condamné lui-même ce jour-là, et sa propre maxime oblige à lui préférer Taine. […] Il pense même à s’humilier devant son propre valet de chambre en lui confessant ses fautes ! […] Il compare lui-même, en propres termes, la métagéométrie à la métapsychique.
L’art ne sautera pas comme un palais d’hiver, il mourra étouffé par le pullulement de ses propres rejetons. […] Nous avons assez longtemps exploré nos maladies personnelles et disséqué notre propre cœur. […] Leur sens descriptif matériel, qui est leur marque propre, est déjà dans Flaubert. […] Il n’admit, en matière littéraire, que son propre idéal technique. […] Il a pétri la nature avec son propre cœur ; il l’a fondue dans son imagination, et il lui a fait rendre le son même de son âme.
On ne pouvait être moins propre à l’état militaire que ne l’était Saint-Martin : « J’ai reçu de la nature, disait-il, trop peu de physique pour avoir la bravoure des sens. — J’abhorre la guerre, j’adore la mort. » En restant quelque temps au service, il faisait le plus grand sacrifice aux volontés de son père. […] Il est hostile et volontiers méprisant à l’Église, et il croit à sa propre petite Église qu’il voit déjà en idée dominante et universelle. […] Ce qu’il faut lui demander en attendant, avant de pousser plus loin le récit de sa vie et pour nous bien persuader qu’il mérite l’examen et l’attention de tous, ce sont les pensées du cœur, les mouvements puisés dans la sublime logique de l’amour ; car c’est à quoi il était le plus sensible et le plus propre : J’ai été attendri un jour jusqu’aux larmes, dit-il, à ces paroles d’un prédicateur : « Comment Dieu ne serait-il pas absent de nos prières, puisque nous n’y sommes pas présents nous-mêmes ? […] » Il pensait bien, sans le dire, que son propre règne à lui, le règne de l’idée commençait.
alors ce fut tout autre chose ; il sentit un bonheur, un charme indicible ; rien ne l’arrêtait dans ces poésies de la vie, où une riche individualité venait se peindre sous mille formes sensibles ; il en comprenait tout ; là, rien de savant, pas d’allusions à des faits lointains et oubliés, pas de noms de divinités et de contrées que l’on ne connaît plus : il y retrouvait le cœur humain et le sien propre avec ses désirs, ses joies, ses chagrins ; il y voyait une nature allemande claire comme le jour, la réalité pure, en pleine lumière et doucement idéalisée. […] Un grand écrivain, observe à ce propos Eckermann, peut nous servir de deux manières : en nous révélant les mystères de nos propres âmes, ou en nous rendant sensibles les merveilles du monde extérieur. […] Vous les publierez d’abord dans les Almanachs, dans les Revues, mais ne vous conformez jamais à des idées étrangères ; agissez toujours d’après votre inspiration propre. […] Qu’on parcoure l’admirable volume de ses poésies à lui, chansons, paraboles, élégies, épigrammes50, vaste prairie de fleurs et de verdure où, quelque part que le regard tombe, chaque point vit, reluit ou scintille de sa couleur propre, et l’on comprendra tout le sens de ce conseil. — « Il n’y a pas une seule ligne de mes poésies, disait-il, qui n’ait été vécue. » Nous avons tous plus ou moins, sur la foi des premiers témoins et visiteurs qui nous en ont parlé, cru Gœthe plus insensible qu’il ne l’était.