Necker qui le donne à connaître à fond comme homme et comme politique, c’est l’apologie de son administration écrite par lui-même en 1791, aussitôt après sa retraite en Suisse et avant que la Révolution ait produit ses derniers excès.
Par des artifices simples, servant un génie psychologique singulièrement subtil, il dessine sur ses pages des individus aussi complètement organisés que les êtres réels dont les images se gravent dans notre cerveau ; la vraisemblance atteinte est telle, que ces fantômes d’un livre muet contraignent notre croyance, et finissent par produire en nous une illusion plus idéale mais aussi forte que celle qui enchaîne notre intérêt aux passions fictives d’un personnage scénique.
L’application du sublime aux choses humaines produit des chefs-d’œuvre inattendus.
Tout esprit quelque peu réfléchi aura été frappé de ce fait, qu’un certain nombre d’hypothèses ou conceptions systématiques se sont produites de très-bonne heure relativement à l’origine et à la fin des choses, à la nature et à la destinée de l’homme, que ces conceptions, toujours à peu près les mêmes, quoique chacune avec de notables développements, se sont reproduites aux époques les plus diverses, et qu’elles paraissent toutes à peu près aussi durables et aussi nécessaires les unes que les autres.
On doit s’en contenter, & ne pas vouloir les astraindre à une méthode, dont peu de gens sont capables, & qui peut produire plus de mal que de bien.
Avec tout ce que je viens de reprendre dans le tableau de Doyen, il est beau et très-beau ; il est chaud, il est plein d’imagination et de verve ; il y a du dessin, de l’expression, du mouvement, beaucoup, mais beaucoup de couleur, et il produit un grand effet.
Toutes les ardeurs d’esprit d’un tel homme, de ce somptueux de style, de ce fulgurant, de cet Écarlate d’esprit comme d’habit, ses entraînements, son monde, ses vanités, ses mœurs frivoles (elles l’étaient, et même un peu plus…) toutes ses manières de sentir et de se produire au dehors, auraient fait croire, en Rivarol, à un tout autre historien que Tacite, et cependant ce fut celui-là qu’il devint quand il fallut écrire l’histoire !
Alors, il se passa dans l’ordre spirituel un fait analogue à celui qui se produisit dans nos églises.
Aux premiers jours de la guerre, quand une émotion hostile se produisit dans l’ancien ghetto parisien (au 4e arrondissement) autour des juifs de Russie, de Pologne, de Roumanie et de Turquie, une réunion se tint chez l’un des rédacteurs du journal le Peuple juif, qui en donne le récit : « Ne croyez-vous pas, dit quelqu’un, qu’il soit nécessaire d’ouvrir une permanence spéciale pour les engagés juifs étrangers, afin que l’on sache bien que les juifs eux aussi ont donné leur contingent ?