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2003. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il fallait, dans une œuvre de doctrine, établir au nom de quels principes ils avaient été combattus, faire distinguer au public le rimeur du poète, et lui apprendre ce qu’est le vrai poète, en lui en donnant à voir un de plus. […] Et c’est ainsi qu’en un temps de pouvoir absolu, il put jouir de la douceur de penser tout haut, parce que, d’humeur comme de principe, par instinct comme par réflexion, il s’était rendu comme incapable de ne pas penser juste.

2004. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

C’est le grand principe qui régit la physique contemporaine ; nous croyons qu’il ne tardera pas à régir aussi la psychologie. […] On posera donc bientôt en principe la continuité, la permanence et la transformation des modes de l’énergie psychique, germes des idées-forces.

2005. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

J’ai pour principe de ne pas répondre. […] Là-dessus, il me fait cette confession : dans le principe, il avait eu l’idée — idée devant laquelle il avait reculé ensuite — de faire la résurrection de l’amour, et la ressoudure de la chair, en la griserie du crime, accompli par le mari sur le jeune prince d’Olmutz, avec la complicité de la femme.

2006. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

XII La chanson de la Sainte Alliance des peuples est moins une chanson qu’un chant ; j’y trouve une grande analogie de principes politiques avec la Marseillaise de la paix, chant lyrique que je composai après lui sur le même thème, mais qui n’avait pas les ailes de la musique pour le porter aux oreilles des peuples. […] Je n’avais pas moins déploré la construction illogique et inopinée d’un trône de rechange qui ne portait sur aucun principe, mais qui portait sur de justes mécontentements.

2007. (1896) Études et portraits littéraires

Et ainsi reparaît, dans le critique, l’historien, et, dans l’historien, le psychologue, — toujours avec sa méthode, ses principes connus, sa chaîne de lois. […] Ils se gardent d’y voir une loi, le principe absolu d’un ordonnancement anatomique. […] Et ici je veux déclarer de suite que notre divergence tient à un dissentiment de principe. […] Elle donne moins une loi qu’un principe intime d’harmonie. […] Il croyait fermement à la bonté native de l’homme ; toute sa pédagogie est fondée sur ce principe.

2008. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Le plus froid de tous, Johnson, se contente de dire : « Plusieurs passages de cette tragédie méritent d’être remarqués, et on y a généralement admiré la querelle et la réconciliation de Brutus et de Cassius ; mais jamais en la lisant je ne me suis senti fortement agité, et en la comparant à quelques autres ouvrages de Shakespeare, il me semble qu’on la peut trouver assez froide et peu propre à émouvoir. » C’est adopter un principe de critique entièrement faux que de juger Shakespeare d’après lui-même, et de comparer les impressions qu’il a pu produire, dans un genre et dans un sujet donnés, avec celles qu’il produira dans un autre sujet et un autre genre, comme s’il ne possédait qu’un mérite spécial et singulier qu’il fût tenu de déployer dans chaque occasion, et qui restât le titre unique de sa gloire. […] Cet esprit rêveur, toujours occupé à s’interroger lui-même, ce trouble d’une conscience sévère aux premiers avertissements d’un devoir encore douteux, cette fermeté calme et sans incertitude dès que le devoir est certain, cette sensibilité profonde et presque douloureuse, toujours contenue dans la rigueur des plus austères principes, cette douceur d’âme qui ne disparaît pas un seul instant au milieu des plus cruels offices de la vertu, ce caractère de Brutus enfin, tel que l’idée nous en est à tous présente, marche vivant et toujours semblable à lui-même à travers les différentes scènes de la vie où nous le rencontrons, et où nous ne pouvons douter qu’il n’ait paru sous les traits que lui donne le poëte. […] Les mœurs de Hotspur sont certainement beaucoup plus originales pour nous que celles de Brutus : elles le sont davantage en elles-mêmes ; la grandeur des caractères du moyen âge est fortement empreinte d’individualité ; la grandeur des anciens s’élève régulièrement sur la base de certains principes généraux qui ne laissent guère, entre les individus, d’autre différence très-sensible que celle de la hauteur à laquelle ils parviennent. […] Le caractère de Bottom est un des plus comiques de Shakspeare ; Hazzlitt l’appelle le plus romanesque des artisans, et observe à son sujet ce qu’on a dit plusieurs fois, c’est que les caractères de Shakspeare sont toujours fondés sur les principes d’une physiologie profonde. […] Shakspeare pourrait, à peu de frais, amasser contre les rebelles des trésors d’indignation qui soulèveraient tous les cœurs en faveur du souverain légitime : mais un des principaux caractères du génie de Shakspeare, c’est une vérité, on peut dire une fidélité d’observation qui reproduit la nature comme elle est, et le temps comme il se présente : celui-là ne lui offrait ni héros supérieurs à leur fortune, ni victimes innocentes, ni dévouements héroïques, ni passions imposantes ; il n’y trouvait que la force même des caractères employée au service des intérêts qui les rabaissent, la perfidie considérée comme moyen de conduite, la trahison presque justifiée par le principe dominant de l’intérêt personnel, la désertion presque légitimée par la considération du péril que l’on courrait à demeurer fidèle ; c’est aussi là tout ce qu’il a peint.

2009. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il nous fut donné de rencontrer des âmes religieuses singulièrement complexes, des croyants dont l’intelligence riche et vivante admettait de multiples curiosités sans que la solidité de leurs principes fût pour cela menacée, des êtres enfin dont la droiture et l’honnêteté foncières ne ressemblaient en rien à ce caractère simpliste d’honnête homme, un peu paysan du Danube que tous les constructeurs de romans ou de drames opposent rigoureusement aux âmes corrompues, et qui, selon les temps et les modes, prend l’aspect d’un voyageur au long cours, d’un explorateur, d’un officier colonial, d’un gentilhomme fermier ou d’un ingénieur. […] À l’autre extrémité du tableau, et si nous nous référons toujours à notre expérience personnelle, nous gardons le souvenir de libres penseurs et d’athéistes, parfaites honnêtes gens, qui ne fument point l’opium et ne tuent pas, qui ont une conscience, une règle de conduite, des principes moraux et l’âme stoïcienne dans tout son éclat. […] S’efforce-t-il d’accorder son ton avec celui des grandes œuvres qui composent le répertoire de cette illustre maison, on lui en sait tant de gré que l’on ose à peine remarquer qu’il n’y réussit pas toujours, et, quoique cette fameuse scène soit en principe consacrée à ce qu’il y a de plus élevé dans la littérature, on continue à le faire bénéficier de cette indulgence un peu dédaigneuse que l’on accorde à ce qui ne touche en rien l’art ni la littérature. […] Sous tant de fleurs embaumées gît un principe d’inquiétude — un serpent est caché dans l’herbe… latet anguis in herba .

2010. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Langlade et Félix Gras23, — que M. de Pontmartin appelait le romantique provençal, — néanmoins le grand courant est encore fidèle aux principes acclamés à Fonsegugne : c’est l’honneur de Mistral, d’Aubanel et de Roumanille d’avoir su les maintenir en vigueur et d’avoir empêché les déviations déplorables qui ont ruiné nos écoles littéraires de 1830. […] Oserions-nous adopter le principe de M. de Bismarck, que tout ce qui parle allemand est allemand ? […] À cette règle de l’allitération, Louis Tridon joint les principes suivants : « Contrairement à ce qui a été observé jusqu’ici, chaque vers blanc est d’un seul jet ; toute phrase incidente, tout signe même de ponctuation est soigneusement éliminé de l’intérieur du vers, afin qu’il ne ressemble nullement à la prose, si bien rythmée fût-elle, et, afin que rien n’alanguisse sa mesure, sa cadence qui doit être aussi sentie et même davantage que celle du vers rimé… L’enjambement est rigoureusement interdit. […] Pour juger Coligny, il part de ce principe que ne pas accepter le Credo catholique est un crime, crime moral, intellectuel, pour lequel il ne réclame, je le reconnais volontiers, nulle pendaison, nul bûcher, mais enfin, crime — alors qu’on doit ÿ voir plutôt un malheur, une cause de pitié. […] Mais laissons là la pension et ses hôtes habituels, pour suivre notre héros, calle del Principe, dans la splendide demeure de M. de Valenzuela.

2011. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Et peu à peu les communications devenant plus faciles… Mais le principe reste vrai. […] Il dérive de la démocratie : la démocratie a pour principe l’égalité ; on commence par l’égalité des droits ; puis, quand on s’aperçoit que l’égalité des droits laisse tout leur jeu à l’inégalité des forces naturelles et ne lui donne que plus de jeu, on en arrive à vouloir l’égalité des conditions et l’on se trouve en plein socialisme. […] Fogazzaro se plaît à voir la vis essentialis de Wolf, le nisus formativus de Blumenbach et de Renan, le principe sensible et organisateur de Rosmini, la innere Ursache de Kolliker de Wigand, la unknow internal law de Mivart, la permutation ou mutability dont Powel écrit qu’elle est la tendance originelle de la nature, etc. […] Au point de vue des « principes », de ces choses qu’on met dans les protocoles, il n’offrait aucun prétexte : point légitime, point élu, point conquérant, rien du tout. […] Mais précisément le Congrès de Vienne prit comme principe et comme programme général la légitimité.

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