Comte et Dunoyer à la fin de l’Empire, avec cette différence qu’il ne réussit jamais à prendre sur aucune classe du public ; cela tenait à sa forme et à son mode d’exposition ; mais, comme eux, il ne voyait exclusivement qu’un côté de la question : en revanche, il le voyait à perte de vue et dans toute sa longueur. […] Il fut pris, à dix-sept ans, de ce que son compatriote Segrais appelait la petite vérole de l’esprit, c’est-à-dire qu’il voulut se faire religieux ; par bonheur pour ses lecteurs futurs et pour le bien du genre humain (c’est lui-même qui nous le dit aussi naïvement qu’il le pense), on le jugea trop faible de santé pour soutenir les exercices du chœur, et sa fièvre de vocation eut le temps de se dissiper. […] Quelques esprits prirent cette méthode au pied de la lettre et se mirent à la pratiquer, à l’appliquer en toute rigueur, ayant fait maison nette et table rase pour commencer ; cela menait droit et loin. […] Il allait aussi chez Mme de La Fayette et prenait goût dès lors au commerce des femmes, qui se montrent souvent plus patientes à écouter que les hommes. […] Il fut pris sur le fait par un observateur malin, impitoyable, qui se montra cette fois injuste, comme il le fut, et d’une manière moins pardonnable encore, dans le portrait qu’il traça de Fontenelle sous le nom de Cydias ; mais l’injustice et l’extrême sévérité n’empêchent pas un portrait d’être ressemblant : au lieu d’être peint en beau on est peint en laid, voilà tout, et chacun vous montre au doigt.
Si j’ai des ennemis parmi vous, je ne crains pas de les prendre eux-mêmes à témoin. […] Je vous déclare que vos oppositions seroient inutiles par les sages mesures que j’ai su prendre. […] Il n’avait voulu que changer de branche, mais, la dernière branche lui faisant défaut, il prit son grand vol, et, comme on dit, la clef des champs. […] S’il y a quelque chose à me reprocher, c’est d’avoir rompu mes engagements ; mais est-on bien sûr que j’en aie jamais pris d’indissolubles ? […] C’est dans ses ouvrages (et je l’ai fait ailleurs) qu’il convient de prendre une entière et véritable idée de son esprit et de son âme.
Ceux qui ont besoin de vous, sont si ingénieusement aimables, leur dévouement est si varié, leurs louanges prennent si facilement un caractère d’indépendance, leur émotion est si vive, qu’en assurant qu’ils aiment, c’est eux-mêmes qu’ils trompent autant que vous. […] L’amour de la gloire a tant de grandeur dans ses succès, que ses revers en prennent aussi l’empreinte ; la mélancolie peut se plaire dans leur contemplation, et la pitié qu’ils inspirent a des caractères de respect qui servent à soutenir le grand homme qui s’en voit l’objet. […] Une révolution suspend toute autre puissance que celle de la force ; l’ordre social établit l’ascendant de l’estime, de la vertu : les révolutions mettent tous les hommes aux prises avec leurs moyens physiques ; la sorte d’influence morale qu’elles admettent, c’est le fanatisme de certaines idées qui n’étant susceptible d’aucune modification, ni d’aucune borne, sont des armes de guerre, et non des calculs de l’esprit. […] On croit influer dans les révolutions, on croit agir, être cause, et l’on n’est jamais qu’une pierre de plus lancée par le mouvement de la grande roue ; un autre aurait pris votre place, un moyen différent eut amené le même résultat ; le nom de chef signifie le premier précipité par la troupe qui marche derrière, et pousse en avant. […] La diversité des opinions empêche aucune gloire de s’établir, mais ces mêmes opinions se réunissent toutes pour le mépris ; il prend un caractère d’acclamation, et le peuple, quand il abandonne l’ambitieux, s’éclairant sur les crimes qu’il lui a fait commettre, l’accable pour s’en absoudre ; celui qui prend pour guide sa conscience est sûr de son but ; mais malheur à l’homme avide de pouvoir, qui s’est élancé dans une révolution.
Les lecteurs du xviiie siècle, d’autre part, esprits légers, mondains, incapables d’une attention longue et soutenue, avaient besoin qu’on leur divisât extrême-nient la matière : ils ne prenaient rien qu’à petite dose, et il fallait tout morceler. […] Il ne faut plus rien alors de flottant ou d’indécis dans la pensée : il faut prendre nettement parti ; entre deux explications contraires, se décider pour l’une et repousser l’autre ; entre deux versions d’un fait, opter franchement et ne point osciller de l’une à l’autre. […] Quand on a tant de peine souvent à trouver que dire et à dire ce qu’on a trouvé, qui aura le courage de chasser ce qui s’offre de soi-même sous la main, ce qu’on peut prendre sans peine, sans travail, et qui avec cela joint l’éclat et la beauté ? […] Cela semble facile, puisque vous avez déjà arrêté le dessin général de l’œuvre, puisque vous avez pris votre point de départ et votre point d’arrivée, puisque vous avez compté, mesuré, subordonné les parties principales : et pourtant c’est encore une chose qui demande un soin minutieux. […] Ce sera ce qu’on peut appeler la loi d’économie : on mettra chaque idée là où elle devra prendre le plus de force et produire le plus d’effet, là aussi où elle pourra le mieux s’acquitter de toutes les fonctions qui lui appartiennent, de façon qu’il n’y ait pas besoin de la rappeler dans le cours de l’ouvrage.
Il finit, ce semble, par y prendre plaisir, car il faisait de la meilleure grâce les miracles qu’on lui demandait en l’interpellant ainsi 679. […] Parfois même Jésus semble prendre des précautions pour repousser une telle doctrine 693. […] Il prend des précautions pour sa sûreté 726. […] Mais celui qui prend l’humanité avec ses illusions et cherche à agir sur elle et avec elle, ne saurait être blâmé. […] Mais le développement qu’a pris la doctrine du Minokhired chez les Parsis est moderne et peut impliquer une influence étrangère.
Par la piété, il est vrai, elle put à la suite combattre la faiblesse du roi pour madame de Montespan ; mais par l’emploi de ce moyen, elle s’interdisait de profiter de ses succès, en combattant l’habitude des maîtresses par la religion, et ne prenait pas le chemin de le devenir. […] Elle notait, elle mesurait, pour ainsi dire musicalement, le ton de sévérité ou des douceur qu’il prendrait avec elle au gré de convenances dont elle était l’arbitre. […] La première question que madame Scarron avait donnée à résoudre à Gobelin, quand elle le prit pour directeur, était de savoir si elle pouvait, sans scrupule, se charger de l’éducation proposée. […] Madame Scarron avait pris Gobelin pour directeur, comme beaucoup de gens d’esprit prennent pour conseil des personnes qui leur sont fort inférieures en mérite. […] Je m’en tiens à cette décision générale, autrement je ne vivrais pas (c’est ainsi que dans le principe elle prit Gobelin).
L’Angleterre, qui avait pris Saint-Évremond à la France, le lui restitua en la personne d’Hamilton, et il y avait de quoi la consoler. […] Quelque rôle qu’il pût y prendre, il eut avant tout celui d’observateur. […] À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, le monde, à cet égard, changea ; la déclamation prit le dessus, et un certain faux montant devint nécessaire. […] Mais, dans les Lettres persanes, la plaisanterie s’attaque déjà aux choses sérieuses, et y prend une âcreté que Montesquieu ensuite regrettera. […] Il est de ces vifs et heureux esprits qui ornent doucement le début du siècle, bien avant la déclamation qui s’ouvre avec Rousseau, et avant la propagande qui va prendre feu avec Voltaire.
Le visage accoutumé à prendre le caractère de la passion dominante, le garde. […] Ils avaient pris la physionomie de la halle et du marché. […] Sentir ce qu’il en faut prendre, ce qu’il en faut laisser ; connaître les passions douces et fortes, et les rendre sans grimace. […] Surtout ne la prenez point pour celle de l’acteur ou du maître à danser. […] Prends cette fille pour modèle, et porte ton tableau à Paphos.
Or, c’est surtout quand la production littéraire se ralentit que les réimpressions prennent de l’importance. […] En effet, qu’est-ce que cela fait à la Postérité, — et même aux contemporains après dix ans, — l’horrible peine qu’on prend pour leur composer un chef-d’œuvre ? […] Dargaud, lui, ne parchemine pas l’histoire, il la prend par ses mains de cadavre, la met debout, lui dit de marcher ! […] Certes, il y a déchet ici dans la magnanimité de l’historien, mais quoique restreinte, telle qu’elle est cependant, cette magnanimité qui prend sa source dans le sentiment de la beauté morale humaine, où qu’elle soit, donne précisément à cette Histoire de la Liberté religieuse l’expression qui doit contrister le plus les hommes étroits du parti qui boude en ce moment M. […] Pris par ce côté, — l’appréciation morale, dans toute sa profondeur, des actions et du caractère, qui est le meilleur côté de la pensée et du talent de M.