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47. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

prétendent les uns. — Non pas, ce n’en est que le miroitage ! […] Ils prétendent qu’en dehors de ce qui est, on tombe dans le faux. […] Toussenel prétend que ce sont les nez rouges qui ont sauvé la France. […] prétendez-vous, Messieurs. […] On a prétendu, au contraire, que les types de Balzac ne sont vrais que les uns relativement aux autres.

48. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

il s’agit de nos plaisirs, non de la plus grande commodité de celui qui aspire à nous les donner ; et ces plaisirs sont fondés sur une illusion qu’il doit craindre d’affaiblir, et dont il ne restera rien du tout, s’il prétend nous transporter à sa guise sur tous les points du globe, ou nous faire vivre, ainsi que ses personnages, plusieurs mois ou plusieurs années en deux ou trois heures. […] Il ne saurait exister entre vous et moi d’autres conventions que celles qui tiennent à la nature même de l’art que vous prétendez exercer. […] Quant à Richard III, il dort, et la royale famille que ses attentats ont exterminée, l’environne ; il n’y a là personne qui prétende ne pas la voir, et c’est une invraisemblance de moins : toujours est-il bien dur à des spectateurs raisonnables d’être ainsi condamnés à voir face à face dix personnes depuis longtemps enterrées, et à les entendre haranguer tour à tour, et fort verbeusement, leur assassin ; car ces ombres-là ne sont point laconiques, et il faut que le coupable roi de la Grande-Bretagne ait le sommeil bien profond pour que leurs invectives ne le réveillent point. […] Est-ce, ainsi qu’on l’a prétendu, est-ce uniquement afin que le poète ait le mérite d’avoir vaincu des difficultés ? […] Ces tournures pénibles font mieux remarquer l’objet ignoble ou vulgaire qu’elles prétendent voiler ; et le ridicule sous-entendu devient plus sensible.

49. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

L’étendue et l’importance des questions que soulève ce second volume, surtout relativement à notre Europe, se conçoivent aisément ; l’auteur, sans prétendre jamais résoudre à l’avance ce que recèle l’avenir, a rassemblé tous les éléments d’expérience, et posé les règles déjà évidentes pour les plus probables conjectures. […] Sans prétendre conclure de là directement à l’Europe, M. de Tocqueville, dans l’un des chapitres suivants, discute la valeur d’un mot très souvent répété, et cherche à préciser ce qu’il faut entendre par centralisation. […] Les Américains, en instituant deux Chambres, n’ont pas voulu créer une Assemblée héréditaire et une autre élective ; ils n’ont pas prétendu faire de l’une un Corps aristocratique, et de l’autre un représentant de la démocratie ; donner dans l’un un auxiliaire au pouvoir, et dans l’autre un organe au peuple : ils n’ont voulu que diviser la force législative, ralentir le mouvement des Assemblées politiques, et créer un tribunal d’appel pour la révision des lois.

50. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Il n’y a plus de rire, si le désavantage de l’homme aux dépens duquel on prétendait nous égayer, nous fait songer, dès le premier moment, que nous aussi nous pouvons rencontrer le malheur. […] Autre chose : il faut que j’accorde un certain degré d’estime à la personne aux dépens de laquelle on prétend me faire rire. […] Ces pauvres gens, impuissants à créer, prétendent à l’esprit, et ils n’ont point d’esprit.

51. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

On alla jusqu’à prétendre que la mesure eût gâté le chef-d’œuvre de Fénélon ; & que la plus grande louange qu’on pût donner à des vers, étoit de dire qu’ils valent de la prose. […] La première ne fut pas même lue : la seconde fut jouée trois fois, & c’étoit beaucoup, quoique l’auteur, dans un avertissement à la tête de cette tragédie imprimée avec ses autres œuvres dramatiques, prétendre qu’elle fut interrompue au milieu du plus grand succès. […] Il en publia deux en prose : il en vint jusqu’à prétendre que la prose étoit du ressort de tous les genres de poësie.

52. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Qu’on le veuille ou non, on invente, on crée, c’est le fond de la littérature ; et je tiens que l’on se moque, lorsqu’on prétend qu’on ne doit peindre ni faux déraillement, ni faux naufrage. […] De sorte que, si je n’y suis pas « allé » moi-même, quelqu’un y est « allé » pour moi et que je n’ai pas été le moins du monde « privé de la réalité », comme le prétend M. de Gourmont, qui, entre parenthèses, ne trouve ma description si mauvaise que parce qu’il la croit imaginée. […] Qu’il y ait dans Homère des épilhètes de tradition, personne ne le nie ; que ces épithètes soient, à elles seules, des « photographies du monde extérieur », je ne crois pas que quelqu’un l’ait prétendu ; mais que les descriptions d’Homère soient vivantes, en relief, et en quelques sorte photographiques, M. 

53. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Je ne prétend pas loüer l’Algarde d’avoir tiré de son génie la premiere idée de cette execution, ni d’être l’inventeur du grand art des bas-reliefs, mais bien d’avoir beaucoup perfectionné par l’ouvrage dont il s’agit ici, cet art déja trouvé par les modernes. […] La femelle d’une ruche d’abeilles sera le roi de l’essain, et on lui attribuera encore tout ce qui peut avoir été dit d’ingénieux sur ce roi prétendu qui ne porte point d’aiguillon.

54. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Ernest Charles prétend que mon premier livre « donne en peu de préceptes le moyen d’avoir du génie ou d’y suppléer avantageusement ». […] Gustave Brocher nous répond, par exemple, dans la Revue générale de bibliographie française (10 février 1904) : « Le travail ne suffit pas. » (Nous n’avons jamais dit que le travail suffisait ; nous avons toujours dit qu’il faut aussi le don, la vocation, la verve, l’inspiration.) « Un méchant écrivain ne deviendra pas un styliste en changeant cent fois la forme d’une phrase… » (C’est notre avis, et nous n’avons jamais prétendu le contraire.

55. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Répétons-le donc pour la centième fois : nous n’avons jamais prétendu que le travail donnait du génie et qu’il suffisait de raturer son style pour acquérir le style de M. de Chateaubriand. […] Ni vous ni moi nous ne pouvons savoir ce que vous trouverez, ce qui en résultera, et je n’ai jamais prétendu, corrigées ou non, que vos pensées vaudront celles des grands écrivains ; je suis seulement convaincu qu’il n’y a pas d’autre moyen de perfectionner ses dons naturels et de mettre en œuvre son propre talent.

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