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1626. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Et, bien que cela lui soit sans doute égal, je fais mes sincères excuses à cet honnête mort d’avoir failli porter sur lui un jugement téméraire. […] Il leur eût sans doute été difficile d’être autrement : comment ne pas aimer, fût-ce en souriant un peu, cette passionnée tendre, aux propos naïfs et colorés, qui portait en elle un si grand foyer de charité et un si inépuisable trésor d’illusions, cette sainte échappée du chariot de Thespis, et que son indigence et ses habitudes de demi-bohème faisaient si particulière et pittoresque à son insu ? […] Tu n’as pas d’idée de Mars, elle y met du cœur et une volonté qui récompense de tout ce que je lui ai porté d’admiration désintéressée dans ma vie.

1627. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Aurel 1º Le fait de s’intéresser à quelque chose doit toujours être porté à l’actif d’une société. […] Mais l’intérêt excessif que nous portons aux cabotins, aux cabotines et au cabotinage est évidemment une faiblesse, et bien ridicule ! […] Cet intérêt, « l’intérêt excessif que nous portons aux cabotins, aux cabotines et au cabotinage, est une faiblesse, et bien ridicule », dit J.

1628. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

La franchise de la vie n’est qu’à la condition de percer ce voile intermédiaire et de poser incessamment sur le fond vrai de notre nature pour y écouter les instincts désintéressés, qui nous portent à savoir, à adorer et à aimer. […] L’origine des jugements sévères que nous en portons est dans la ridicule manière dont la mythologie nous est présentée. […] Tant il est vrai qu’en fait de création religieuse les siècles sont portés à se calomnier eux-mêmes et à se refuser le privilège qu’ils accordent littéralement aux âges reculés !

1629. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

L’ancienne école savait délirer avec sobriété ; elle portait dans l’absurde même les règles du bon sens. […] Qu’il est cruel d’être obligé de remonter ainsi le courant qu’on a longtemps suivi, et où l’on était si doucement porté ! […] J’étais obligé de lui porter un coup de poignard, sans pouvoir lui donner la moindre explication.

1630. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Plusieurs de nos biographes modernes ont contesté qu’elle eût jamais été jouée en province, et faite contre des femmes de province : ils affirment qu’elle a été faite à Paris, contre l’hôtel de Rambouillet qui n’existait plus, contre la marquise de Rambouillet qui, selon eux, venait de changer son nom en celui d’Arthénice qu’elle portait depuis plus de 50 ans, et Molière la désigne, disent-ils, par sa Madelon qui veut absolument être appelée Polixène. […] La jeune noblesse se fit particulièrement un point d’honneur de porter ses premières armes en Piémont sous le lieutenant général du royaume, Brissac, grand et illustre capitaine, qui affectait dans son gouvernement la magnificence d’un souverain. […] Mademoiselle s’y fit porter dans la chaise de la reine : « Il (le cardinal) vint au-devant de moi, dit-elle ; puis nous nous mîmes à la ruelle de son lit. » Là elle et lui parlèrent d’affaires.

1631. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Elles sont distillées avec la parfaite mesure des préparations pharmaceutiques modernes, où de puissants alcaloïdes, infinitésimalement dosés, portent les effets médicinaux à la limite délétère. […] De même que ces spectacles putrides soulèvent l’extrême dégoût, par l’atteinte qu’ils portent à notre amour de la forme humaine, les contes psychologiques terrifient en ruinant la croyance à la raison. […] Blêmes, elles portent les traces d’une âme épouvantée et contenue, que nous tâchons de voir.

1632. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Eschyle fait porter le trône de Jupiter par les Vents, comme la Bible fait porter le trône de Jéhovah par les Chérubins, comme le Rig-Véda fait porter le trône d’Indra par les Marouts.

1633. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils souffrirent dès le premier coup porté à l’honneur et à la mémoire de leurs pères, et ils poussèrent un cri, bientôt étouffé ; — car il ne faut pas qu’on croie jamais mortelle la blessure dont on peut mourir ! […] C’est le perruquier qui portait celle de Madame de Lamballe pour la faire voir à la Reine ! C’est l’inconnu qui porta celle de Féraud au ras des lèvres du président Boissy d’Anglas !

1634. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Tous ces écrivains, qui portent dans leur esprit le virus de la maladie héréditaire qui nous dévore depuis Luther, sous le nom de philosophie, ont trouvé périlleux (avaient-ils bien tort ?) […] Pombal n’avait-il pas déjà porté, pour la faire sauter, dans cette vaste mine, une torche allumée au bûcher de Malagrida ? […] Louis XV, qui assistait à son règne mais qui ne régnait pas, avait lâchement abandonné des hommes auxquels il portait une estime inutile.

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