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402. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

La chute de ses adversaires lui en rouvrit les portes avec éclat. […] La tyrannie n’a rien inventé de plus odieux que ces visites de censeurs à qui nulle porte, de jour ni de nuit, ne pouvait être fermée, et qui, à l’imitation du fisc poursuivant le payement de l’impôt, exerçaient la vie domestique. […] C’est aussi le livre qu’il a le plus profondément imprimé de son caractère, et qui porte le plus de marques de la suite de sa vie et des développements de son esprit ; c’est à la fois son système religieux, sa conduite et son portrait. […] Un de ses admirateurs en porte le nombre à mille.

403. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

» criait déjà Baudelaire, puis il revient à la sagesse des hiboux immobiles, sachant qu’on porte toujours le châtiment d’avoir voulu changer de place. […] Il ferme sa porte au bruit de la rue10 et, le front collé à la vitre, comme une infante reléguée dans son Escurial lointain, ne veut voir que son rêve nostalgique et doré fleurir à l’horizon. […] Elle entre dans la cage ; elle en ferme la porte. […] Il porte le reflet de : L’ardent soleil païen qui l’a fait naître un jour De ton écume d’or, ô Beauté suraiguë !

404. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

» s’écrie l’impure, retroussant, à deux bras, sa traîne qui remplit la chambre, et elle s’engouffre dans une porte ouverte, comme une diablesse d’opéra disparaissant par une trappe, quand le bon ange apparaît. […] L’action, prise entre ces portes ouvertes et fermées, ne fait point un pas durant tout cet acte, et Jean de Thommeray achève de s’y discréditer aux yeux du public. […] Bernard, qui lui porte une affection presque paternelle, l’a ramenée d’Amérique sur un de ses navires ; et, en attendant la réponse d’une famille anglaise à laquelle il l’a proposée, il lui a fait accepter l’hospitalité de la maison Fourchambault, avec qui il est en bonnes relations. […] Jusqu’à présent, la question de l’enfant naturel n’avait guère été traitée, au théâtre, que sous son côté violent et hostile : combat ou antagonisme, contraste entre la misère de l’enfant du hasard et la richesse de l’homme sans entrailles qui l’a mis à la porte de la vie, sans pain et sans nom ; représailles du fils reniant le père qui l’a délaissé, lorsqu’une circonstance imprévue le met sous sa main et à sa merci ; l’instinct de la nature aboli dans son âme par l’abandon dénaturé dont il a été la victime.

405. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Si elle est au contraire une cause solide et juste, elle a du temps devant elle, elle peut se donner le mérite de la réflexion et du choix ; elle est tenue de se gouverner avec sagesse, et elle doit peser avec équité et discernement les biens et les maux qu’elle porte en elle. […] Tous sont frères et égaux en Jésus-Christ, ce qui laisse ici-bas la porte ouverte à toutes les différences de condition ; mais lorsqu’on a transporté cette idée de l’ordre moral et religieux dans l’ordre social et politique, on a été bien embarrassé. […] « Il n’y a pas de pouvoir sur la terre, dit-il, qui puisse empêcher que l’égalité croissante des conditions ne porte l’esprit humain vers la recherche de l’utile, et ne dispose chaque citoyen à se resserrer en lui-même. » Il y a en effet bien des raisons, et trop longues à énumérer, pour qu’il en soit ainsi ; je ne sais cependant s’il faut dire : « La doctrine de l’intérêt bien entendu me semble la mieux appropriée aux besoins des hommes de notre temps. […] Sans doute il est cruel à une cause qui s’est toujours donnée pour la cause de la liberté de s’entendre dire, et cela sans passion, et même avec bienveillance, qu’elle porte la servitude dans son sein, et qu’il lui faudra lutter contre ses plus violents instincts pour rester libre.

406. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il est homme de lettres aussi, celui que le feu de son imagination porte sans cesse vers des sujets nouveaux ; qui, doué de verve et de fécondité naturelle, n’a pas plutôt fini d’une œuvre qu’il en recommence une autre ; qui se sent jeune encore pour la production à soixante ans comme à trente ; qui veut jouir tant qu’il le peut de cette noble sensation créatrice et mener la vie active de l’intelligence dans toutes les saisons. […] Le talent de nos écrivains porte la peine de ce défaut de moralité. […] L’idée écrite, livre ou journal, est le sang qui circule et porte partout la vie. […] Qu’il y porte fièrement sa pauvreté comme une distinction et un privilège.

407. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Le petit chevreau, lui, est très prudent, très avisé, c’est pour cela qu’il s’est sauvé à lui-même la vie, car sa mère, en sortant, lui avait donné le mot d’ordre, le mot de passe, elle lui avait dit d’exiger le mot d’ordre de tout animal qui frapperait à la porte, et ce mot d’ordre était comme vous le savez : « Foin du loup et de sa race. » Le loup avait entendu ce mot d’ordre et il est venu le dire à la porte du chevreau. […] Sur le bonheur de la médiocrité vous avez, par exemple, les Deux Mulets, le mulet financier, le mulet qui porte les trésors de la gabelle et le mulet du meunier : le meunier qui porte les trésors de la gabelle est attaqué par les bandits ; le mulet du meunier se tire d’affaire et, ce qui est du reste très vilain, il insulte au malheur de son camarade.

408. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Ce ne serait pas possible, sans la tendance — fertile en illusions — qui nous porte à appliquer le mouvement contre l’espace parcouru, à faire coïncider la trajectoire avec le trajet, et à décomposer alors le mouvement parcourant la ligne comme nous décomposons la ligne elle-même : s’il nous a plu de distinguer sur la ligne des points, ces points deviendront alors des « positions » du mobile (comme si celui-ci, mouvant, pouvait jamais coïncider avec quelque chose qui est du repos ! […] Toute autre mesure porte donc sur les intervalles entre les extrémités, lors même qu’on se borne, en fait, à compter ces extrémités. […] Or, par cela seul que la science ne peut pas spécifier la « rapidité de déroulement » du temps, qu’elle compte des simultanéités mais laisse nécessairement de côté les intervalles, elle porte sur un temps dont nous pouvons aussi bien supposer la rapidité de déroulement infinie, et par là elle confère virtuellement à l’espace une dimension additionnelle. […] Mais il en est d’autres auxquels la théorie défend, en quelque sorte, d’être perçus ou de devenir perceptibles : s’ils le devenaient, ils changeraient de grandeur, — de telle sorte que la mesure, exacte si elle porte sur ce qu’on n’aperçoit pas, serait fausse aussitôt qu’on apercevrait.

409. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

» Ainsi chantant, la fête religieuse montait vers le nouveau tabernacle, sur la cime de Sion ; et, comme elle approchait, le peuple musical des lévites, divisé en deux chœurs, éclatait en ces accents : « Élevez vos fronts, ô Portes ! Enorgueillissez-vous, Portes éternelles ! […] Élevez vos fronts, Portes éternelles ! […] Ceux qui t’avaient vu se pencheront vers toi, te regarderont de haut : Est-ce là cet homme qui troublait la terre et secouait les empires, qui rendait le globe désert, qui détruisit les villes et n’ouvrit pas à ses captifs la porte de leur prison ? 

410. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

La musique municipale vint devant la porte de la maison exécuter des fanfares et des symphonies pendant toute la soirée. […] Ce sont les expressions les plus simples de la langue ; les mots de tendresse, de charme, de langueur, y reviennent souvent et ont sous la plume de l’abbé Prévost une douceur et une légèreté de première venue qu’ils semblent n’avoir qu’une fois : par exemple, au moment où, au sortir de sa captivité, Des Grieux revoit Manon et où, accompagné de son libérateur, M. de T., il s’empresse d’aller pour la délivrer à son tour : « … Elle comprit que j’étais à la porte. […] Même quand il porte des fers et quand il est à la gêne, on sent chez Prévost l’homme de qualité, une plume de vocation libérale et non esclave.

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