Je ne voudrais pas empiéter sur la politique proprement dite. […] C’est que, sans avoir à discuter l’opportunité de sa démarche ni les articles de son programme politique, ce programme n’a rien en soi qui me répugne absolument et que je lui crois de l’avenir167 ; c’est aussi, je l’avoue, que si j’ai avec M. d’Alton-Shée sur de certains points un cousinage d’esprit, j’en ai un autre encore par le sang et les souvenirs domestiques ; c’est que sa famille par tout un côté se lie à la mienne ; c’est que ses grands parents, tous ses oncles et tantes, ont été l’habitude, l’entretien et une des douceurs de mon enfance. […] Depuis qu’évincé de la politique au 2 décembre, sorti pauvre des affaires industrielles où il s’était engagé, atteint de plus de la plus triste des infirmités qu’il tâcha longtemps de se dissimuler à lui-même, M. d’Alton-Shée s’est tourné vers les lettres et s’est mis à écrire, il avait d’abord pensé au théâtre. […] C’est seulement dans l’autre partie, signée de son nom, publiée d’abord dans la Revue moderne avant d’être recueillie en volume, qu’il a mis ses opinions plus sérieuses sur les choses et sur les hommes politiques. […] A Rome, où les jeunes Français qui s’y trouvaient alors se réunissaient quelquefois, il rencontra un jeune homme qui a depuis marqué dans la politique, M.
Comment la philosophie gouvernera un jour le monde et comment la politique disparaîtra. […] Que la révolution qui renouvellera l’humanité sera religieuse et morale, non politique. Il n’y a rien à faire en politique. Époques où la politique est ou n’est pas en première ligne. […] Combien est humiliant le rôle du politique.
Ce n’est pas davantage une question pour une nation politique, car la vraie et grande politique ne se préoccupe que de ce qui est l’intérêt social, et non pas de l’intérêt individuel que les Épicuriens, les jouisseurs et les myopes, qui font de la justice à la mesure de leurs pauvres sensibilités, ont toujours envisagé, depuis que cette question du divorce s’agite sur le tambour de la révolte, battant la charge contre tout ce qui n’est pas la plus impossible des égalités ! En termes absolus, ce n’est d’aucune manière une question que la question du divorce, et qui la pose n’est plus qu’un outlaw du catholicisme, de l’histoire et de la politique, et discuter avec les outlaws, c’est se mettre hors de la loi comme eux. […] Seulement, pour nous qui ne voulons pas la discuter et qui savons l’histoire ; pour nous qui avons appris, en la lisant, où se trouve la politique pour les peuples, demandons-nous si la France, à cette heure, était assez chrétienne, assez historique, assez politique pour repousser cette question du divorce, qui, de ce qu’elle est posée comme elle l’est, devait incontestablement triompher !
Elle s’y adonna avec un dévouement à la cause commune qui ne saurait se contester : ni le maréchal de Bouillon qui finissait et qui dès longtemps n’était plus qu’un politique consultant, ni le vieux Lesdiguières qui pensait à se convertir et à se retourner contre ses anciens frères, ni les La Trémouille, ni les La Force, ni les Châtillon, dont les résolutions n’étaient pas de longue haleine, aucun n’essaya, dans ces nouvelles levées de boucliers, de le disputer aux Rohan. […] Quelle politique différente ! […] Il faut voir comme Richelieu se récrie non plus seulement en politique, mais en théologien et en catholique fervent, à la pensée d’un pareil conseil. Cependant un tel état de choses où une partie de la nation était occupée à brider l’autre, qui la tenait en échec à son tour, ne pouvait subsister sans le plus grand détriment pour la monarchie et pour la France, qui, en face de l’Europe et dans cette reconstitution alors générale des forces politiques modernes, avait besoin d’être une et de se rassembler. […] Il se voue tout entier à la trancher avec un zèle autant chevaleresque que politique.
Les frontières politiques manqueraient les bornes de ces petits univers indépendants et juxtaposés, se suffisant pleinement à eux-mêmes. […] Un comité d’hommes politiques se formait récemment en Angleterre pour tenter d’établir une « entente cordiale » avec la France. […] Ce qu’on nomme « Exposition universelle » n’est que la consécration de ce fait, que les « industrieux » envisagent le monde comme un vaste champ d’activité, dont les divisions politiques ne peuvent rompre l’unité. […] Qui empêchera les nœuds de l’amitié ou de l’amour de se former par-delà les territoires, entre ennemis politiques et même entre belligérants ? […] Et cette entente, c’est la solidarité humaine, intime et puissante, s’exerçant invinciblement en face des hypocrisies et des crimes de la politique internationale, au-delà des « diplomates perfides et des conquérants grossiers50 » ; c’est la poignée de main loyale au-dessus des basses et louches intrigues de la vie politique vulgaire.
Les mathématiciens raisonnent de la Politique ou de l’Esthétique en géomètres. […] L’histoire en est une pour ce qui touche à la politique. […] Qu’il soit un maître aussi de la politique traditionnelle, c’est la preuve la plus éclatante que ces deux politiques n’en font qu’une. […] La politique vous a été représentée comme un fléau. […] La première de ces formules est toute politique.
A la tribune politique, il a trouvé souvent des épigrammes piquantes, ou bien des paroles lucides pour des expositions d’affaires qu’il entend très-nettement ; mais dans les vrais et sérieux débats, il est toujours demeuré insuffisant. […] Il avait pu paraître à ses débuts assez dénué de principes politiques, il s’est empressé d’en acquérir. […] On l’appelle académicien : il prouvera à la tribune, et coup sur coup, son éloquence politique. […] Guizot, plus ferme, plus positif, et qui va au fait, est le seul dont la renommée aura réellement gagné à aborder la politique : pour lui, elle est devenue une grande carrière et le complément de sa destinée d’historien.
La politique était aussi pour quelque chose dans la curiosité universelle. […] il s’est exprimé sur tous points avec convenance et franchise ; il n’a manqué ni à ses convictions politiques ni à sa haute position littéraire, et, dès le premier jour, il a pris dans l’Académie, avec une noble aisance, la place que son génie lui assure partout. […] Mais c’est quand M. de Lamartine, au terme de son discours, est venu à jeter un regard en arrière et autour de lui, quand il a porté sur le xviiie siècle un jugement impartial et sévère, quand il s’est félicité de la régénération religieuse, politique et poétique de nos jours, qu’il appelle encore une époque de transition, et qu’il s’est écrié prophétiquement : « Heureux ceux qui viennent après nous ; car le siècle sera beau » ; — c’est alors que l’émotion et l’enthousiasme ont redoublé : « Le fleuve a franchi sa cataracte, a-t-il dit ; plus profond et plus large, il poursuit désormais son cours dans un lit tracé ; et, s’il est troublé encore, ce ne peut être que de son propre limon. » Puis il a insinué à l’Académie de ne pas se roidir contre ce mouvement du dehors, d’ouvrir la porte à toutes les illustrations véritables, sans acception de système, et de ne laisser aucun génie sur le seuil. […] Une poignée d’hommes médiocres ou usés, libéraux à ce qu’on dit, mais obéissant à un triste esprit de rancune littéraire ou philosophique, et s’accordant fort bien dans leurs petites haines avec leurs adversaires religieux et politiques, seraient à la veille de laisser encore une fois le génie sur le seuil, pour s’attacher à je ne sais quel candidat bénin et banal qui fait des visites depuis quinze ans18.
La tolérance serait aussi le salut en politique. […] Notez que souvent — outre des sentiments très bas — il y a, dans le fanatisme politique, une sorte d’archaïsme inconscient. […] Le temps est venu où les questions politiques ne doivent plus être que des questions françaises ou des questions sociales. […] Apporter à la besogne politique de la bonté, même de la bonhomie, voilà ce qu’il faut.