(Le hasard a de ces rapprochements pleins de malice.) […] « Un certain nombre de jeunes gens, las de lire toujours les mêmes tristes horreurs, dites naturalistes, appartenant d’ailleurs à une génération plus désabusée que toutes les précédentes, mais d’autant plus avide d’une littérature expressive, de ses aspirations vers un idéal, dès lors profond et sérieux, fait de souffrance très noble et de très hautes ambitions, — injustement, sans doute, un peu dépris de la sérénité parnassienne et de l’impassibilité pessimiste d’un Leconte de Lisle, d’ailleurs admiré, s’avisèrent un jour de lire mes vers, écrits pour la plupart en dehors de toute préoccupation d’école, comme je les sentais, douloureusement et joyeusement poétiques encore, et pleins, j’ose le dire, du souci de la langue bien parlée, vénérée comme on vénère les saints, mais voulue aussi exquise et forte que claire assez. […] Il fournit de temps en temps sur la race chevaline ou sur les littérateurs fossiles des détails pleins d’intérêt pour les maquignons ou les centenaires lettrés. […] « Par nos soins, premier que déclinent les septembrales journées, s’affirmera, colligée en un rare volume, cette glane d’après-midi si pleine de Vomissures et d’Azur !
Il avait le regard couvert, mais ses yeux étaient pleins de feu. […] Mirabeau veut allier les principes du gouvernement représentatif avec ceux du gouvernement monarchique régénéré ; il veut la pleine indépendance du pouvoir exécutif dans sa sphère. […] Mais l’histoire avait droit de réclamer une communication pleine et entière, sans réticence. […] Le talent aurait retrouvé son compte à un nouveau rôle plein d’éclat et de puissance.
C’est une Genlis, en un mot, de la date de Louis XIII, pleine de force et de vertu, et restée vierge et vieille fille jusqu’à quatre-vingt-quatorze ans. […] Pour le teint, elle ne l’a pas de la dernière blancheur ; il a toutefois un si bel éclat qu’on peut dire qu’elle l’a beau ; mais ce que Sapho a de souverainement agréable, c’est qu’elle a les yeux si beaux, si vifs, si amoureux et si pleins d’esprit, qu’on ne peut ni en soutenir l’éclat ni en détacher ses regards… Ce qui fait leur plus grand éclat, c’est que jamais il n’y a eu une opposition plus grande que celle du blanc et du noir de ses yeux. […] Ses idées sur l’éducation des femmes sont pleines de justesse et de mesure dans la théorie : Sérieusement, écrit-elle, y a-t-il rien de plus bizarre que de voir comment on agit pour l’ordinaire en l’éducation des femmes ? […] Si elle rencontre un personnage historique, elle le met à l’unisson des gens de sa connaissance ; elle nous dira de Brutus, de celui qui condamna ses fils et qui chassa les Tarquins, qu’il était né « avec le plus galant, le plus doux et le plus agréable esprit du monde » ; et du poète Alcée, elle dira que c’était « un garçon adroit, plein d’esprit et grand intrigueur ».
On conçoit donc que Mme de Sévigné, le revoyant au sortir de cet exil, s’entretînt avec lui du malheur dont il était plein. […] En rentrant de cette revue et obligé par fatigue de se mettre au lit, « ce prince était tellement plein de cette armée qu’il ne nous parla, dit Cosnac, que du plaisir qu’il y avait de commander des troupes auxquelles rien ne manquait, et qui pouvaient vous attirer de la gloire à bon marché ». […] Il était plein de ces propos, et, selon l’usage, ceux qui les avaient recueillis de sa bouche renchérissaient en les répétant, et lui en prêtaient encore. […] J’en sortis si plein d’estime et de vénération pour le roi, je le trouvai si rempli de bon sens, d’habileté, de justice, de véritable mérite, que je dis à M. de Luxembourg en sortant : « Je viens d’entretenir un grand homme, qui me dégoûte fort de mon petit maître.
Poésie assise et rassise comme la Mélancolie d’Albert Durer, mais non si puissante ni si belle ; qui décrit tout curieusement et avec un détail plein de hardiesse et de crudité dans des vers contournés et d’une coquetterie bizarre, mais qui de tempérament répugne à l’élancement, à l’ouverture d’ailes, Musa pedestris, pauvre fille rêveuse, au bord d’une mare verdâtre, accroupie sur le talon de ses sabots ! […] On pourra dire tout cela, mais moi je dis : C’est le xixe siècle et sa jeunesse ; c’est le xixe siècle, non pas pris, — et c’est là l’originalité du Joseph Delorme, — dans les hauteurs sociales où tout s’exceptionnalise, mais dans le niveau commun, dans l’universalité, dans le torrent qui passe à travers la pleine route ! […] Il puisait comme Chateaubriand dans le plein cœur du dix-neuvième siècle. […] ……………………………………………… Je lus dans leur regard, j’écoutai leur parole, ……………………………………………… Tel qu’un enfant, au pied d’une haie et d’un mur, Entendant les passants vanter un figuier mûr, Une rose, un oiseau qu’on aperçoit derrière, Se parler de bosquets, de jets d’eau, de volière, Et de cygnes nageant dans un plein réservoir, Je leur dis : « Prenez-moi dans vos bras, je veux voir !
» Une jeune fille robuste, vivante et libre est là, qui lui suggère de quitter la soutane, la livrée de deuil, qui le réconforte par son exemple, par ses franches paroles, qui s’impose bientôt à son cœur, à tout son être en éveil. « La nécessité d’une vie loyale, vécue normalement au plein jour » lui apparaît clairement. […] Alors, dans son cerveau lamentable, la Foi vorace s’installait, comme les oiseaux de proie dans les carcasses de chameaux qui jonchent les routes des Saharas… » Et maintenant, c’est « là-haut », dans sa pensée solitaire, qu’il vit exclusivement, « hors de la vie », avec « la mystique sensation de la présence et de l’étreinte divines », ayant même réfréné les tendresses mystiques de son adolescence, tout plein de l’austère joie de se sentir élu, dans la fière sincérité de son vœu. « Ce lui était une béatitude fervente et triste, comme la pâmoison des imaginaires sensualités, dans ce que les théologiens appellent la délectation morose. […] Ce dilemme, le voici : ou bien le prêtre est sincère et donne de bonne foi son adhésion pleine et entière au dogme intégral dont l’Église lui impose la croyance, et dans ce cas, il fait preuve, tout en demeurant respectable, de la déraison la plus indéniable, puisqu’il est actuellement impossible de ne pas considérer le dogme comme un tissu d’inepties, de monstruosités et de mensonges, puisque valeur intellectuelle et croyance dogmatique se nient ; ou bien, il n’a pas foi dans le dogme, et dans ce cas, il ne peut être qu’un imposteur, puisqu’il fait profession d’enseigner ce qu’il sait être l’erreur. […] C’est pour dessiller tes yeux que nous t’adjurons de prendre conscience de toi-même, avant de t’engager dans la voie pleine d’embûches dont tu sortiras méconnaissable.
On sait qu’il est mort effrayé de l’abîme creusé par lui-même, et plein de mépris pour les tribunes formées à son école. […] le courage des Grecs ne m’était pas connu, s’écrie-t-il ; c’est une nation pleine de valeur ; je l’ai éprouvé contre mon attente ! […] Cette harmonie est pleine de grâce. […] La simplicité de l’Écriture est celle d’un antique prêtre, qui, plein de toutes les sciences divines et humaines, dicte, du fond du sanctuaire, les oracles précis de la Sagesse. […] L’abbé d’Olivet et l’abbé Le Batteux ne voulaient pas, dit-on, qu’on couronnât cet ouvrage ; ils en trouvaient le style plein d’enflure, et les détails plus propres à l’Académie des sciences qu’à l’Académie française.
Ce second volume contient d’ailleurs les ouvrages en prose qui sont ses vrais titres, et qui lui avaient valu dans les douze premières années du siècle une réputation si brillante et si pleine d’espérances. […] D’un autre côté, les littérateurs établis d’alors, voyant un jeune homme plein d’espérance se faire si pareil à eux, ne se lassaient pas de l’admirer et le traitaient comme un égal.
On nous permettra donc de revenir un peu longuement sur une opinion si pleine d’autorité en pareille matière, d’autant plus, selon nous, que, bien comprise, modifiée en quelques points et réduite à ses vrais termes, elle nous semble fort recevable, sans que, pour cela, il en résulte rien de fâcheux pour les prétentions des traducteurs vulgaires, et encore moins pour l’honneur des traducteurs éminents comme M. […] Ce ne fut guère qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’on s’en écarta, et que la traduction devint une lutte véritablement littéraire, pleine de fatigue et d’honneur.