Nous assistons, chez Pierre Loti, à ce spectacle étrange d’une vie toute pleine de nobles penchants et d’affections élevées, tandis que déjà la conscience éteinte ne la dirige plus et qu’elle flotte au hasard, sans but et sans attaches, cherchant uniquement à se satisfaire dans la jouissance présente. […] Paul Bourget n’est pas doué de cet instinct vierge qui protège l’intégrité de l’être, le préserve des sollicitations ambiantes et lui permet d’atteindre sûrement la pleine stature du talent. […] « Il est, dit-il40, mièvre et il est fort ; il est pédantesque et il est simple ; tout glacé d’abstractions, raide et guindé, et soudain gracieux et languissant, ou plein, coloré, robuste. […] D’autre part, sa langue est trop directe, trop pleine, trop massive parfois pour atteindre à la grâce subtile et à la séduction caressante des Vaines tendresses ou des Solitudes. […] Scherer part du sentiment du péché, qu’il pose comme un fait primitif d’expérience intérieure ; il montre que la foi chrétienne traverse le document biblique sans s’y arrêter, qu’elle s’attache à cet autre fait, l’apparition historique du Christ-Sauveur et qu’elle s’y repose dans la pleine certitude du salut.
Sieyès s’en plaignit dans une lettre amicale et pleine de mesure.
Si vous vous trouvez à portée de faire quelque entreprise, n’appréhendez point que je vous rende garant du succès ; je prends sur moi tous les événements, et vous donne un plein pouvoir d’attaquer les ennemis et de les combattre forts ou faibles, lorsque vous les trouverez, en cas que vous le jugiez à propos ; tout ce que j’appréhende, c’est que vous ne vous retiriez en les laissant maîtres de l’Alsace et de la Sarre.
Il rendait pleine justice à sa merveilleuse intelligence ; « J’ai l’avantage de trouver à Coppet une critique impartiale ; c’est aussi un art de tirer parti de la critique ; souvent je persiste dans mon opinion ; mais Mme de Staël est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Le Voyage dans le Latium, publié à la fin de 1804, eut du succès, et décida de la rentrée de Bonstetten dans la littérature française.
Avec cela il aima vivement les Lettres et les alla prendre à leur source ; il aima et cultiva plusieurs des grands hommes de son temps en ce genre, Despréaux, Bayle, le président Bouhier, se fit estimer d’eux, leur fut des plus utiles comme auditeur plein de justesse et de savoir, comme informateur aussi et correspondant excellent ; il est si bien entré dans les intérêts de leur gloire et dans l’intelligence de leur esprit, qu’il est impossible de parler d’eux au complet, sans parler un peu de lui.
Ce qui surprend, c’est que tout y est sage, réglé, plein de mœurs ; on n’y voit ni vivacité ni brillants, et ce n’est partout qu’élégance, correction, tours ingénieux et déclamations simples et grandes, qui sentent le génie d’un homme consommé et nullement le jeune homme.
Messieurs, il n’a pas fallu beaucoup de temps au rapporteur de votre Commission, même dans le petit nombre de séances où elle a pu se réunir, pour se convaincre que le Sénat, si, à son tour, il avait à se livrer à une discussion complète et approfondie de la loi, trouverait dans son sein des orateurs pleins de feu, des argumentateurs pressants et des jurisconsultes consommés, maîtres du sujet, qui maintiendraient le débat à la hauteur où il s’est élevé dans une autre assemblée.
Un tel contre-temps funèbre, survenant en pleines obsèques, scandalisa et déconcerta nombre de hauts personnages officiels présents : on crut devoir télégraphier à Fontainebleau pour savoir si les voitures de la Cour devaient continuer de suivre.
M. le professeur Fée, de la Faculté de médecine de Strasbourg, poète lui-même, de qui l’on a des vers doucement mélancoliques, et pleins d’espérance, sur la mort même de la Muse, dont le souvenir réveillait tant d’échos et rallumait tant de sympathies, écrivait à M.