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532. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Qu’est-ce, s’il vous plaît, que cela veut dire ? […] Ce que vous avez lu n’était qu’une traduction faite à la hâte pour plaire à mon père, et que je n’avais jamais revue, lorsqu’il voulut à toute force la faire imprimer166. […] Le comprendrai-je mieux quand j’aurai disparu de dessus la sphère étroite et obscure dans laquelle il plaît à je ne sais quel invisible pouvoir de me faire danser, bon gré, mal gré ? […] Le suffrage d’un nombre d’individus qui, chacun pris à part, ne nous paraissent pas valoir la peine de rien faire pour leur plaire, j’en conviens ; mais ces individus sont ceux avec qui nous avons à vivre. […] Quand on est entouré de beaucoup, on veut plaire à beaucoup et on plaît beaucoup plus.

533. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Rousseau attaque sans cesse leur frivolité, leur inconstance, leur coquetterie ; personne n’en a dit plus de mal et n’en a été plus aimé: il les traite de grands enfants, il se plaît à les montrer faibles ; les plus parfaites succombent dans ses écrits. […] Ce livre, véritablement divin dans son but, plut infiniment aux esprits pieux et droits, qui l’adoptèrent avec une consciencieuse ivresse. […] Nous avons dit que Paul et Virginie ne contenait point d’idées, mais des vérités d’instinct et de sentiment qui plaisent à tout le monde. […] Aimé Martin la vit peu d’abord et ne lui plut que par son culte pour son mari, mais insensiblement la familiarité et l’amitié naquirent de l’habitude ; il ne s’aperçut des charmes de la jeune veuve que quand il eut pleuré avec elle son maître disparu. […] Elle courait porter d’abondantes aumônes à de riches moines qui la dirigeaient, les suppliant d’apaiser la Divinité par le sacrifice de sa fortune: comme si des biens qu’elle avait refusés aux malheureux pouvaient plaire au Père des hommes !

534. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Un grand génie peut naître au sein d’une époque orageuse ; mais il y naît tout seul, et ses œuvres, pleines de cette grandeur déréglée qui ne plaît qu’à certains esprits, manquent de l’ordre et du goût qui rendent les écrits populaires. […] « Il se plut à y tyranniser la nature » : où donc est la beauté du travail de l’homme, si ce n’est dans sa lutte avec la nature ? […] J’en crois Bossuet, s’écriant du haut de la chaire, après un éloge du roi à peine monté sur le trône : « Je ne brigue point de faveur, je ne fais point ma cour dans la chaire, à Dieu ne plaise ! […] Contredire le roi sur la propriété des mots, où, d’instinct, et sans qu’il s’en doutât, il ne s’entendait guère moins bien que Boileau, c’était s’exposer à ne pas plaire. […] On vit monter dans la chaire un homme d’une pénétration extraordinaire, qui lisait au fond des consciences les plus enveloppées, d’une parole plus animée que véhémente, dédaignant d’émouvoir et de plaire, tant il était occupé de convaincre.

535. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il me plaît d’écouter la joie des oiseaux qui font retentir leurs chants par le bocage. Il me plaît de voir sur la prairie, tentes et pavillons plantés. […] La paix ne me convient pas ; la guerre seule me plaît. […] Quant à moi, Rome, il me plaît fort que Dieu se souvienne de tes grands torts ; qu’il plaise à Dieu d’arracher le comte à toi et à la mort ! […] « Chacun prit hôtel, comme il lui plut, et il y en avait assez.

536. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Leygues ne s’est, semble-t-il, proposé pour objet que de plaire à la petite tribu des délicats.

537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monselet, Charles (1825-1888) »

Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.

538. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Plus ambitieux de plaire que de toucher, d’étaler des connoissances que de convertir, il n’a absolument rien d’énergique, rien qui soit senti : on croit entendre un Dissertateur bel-esprit, plutôt qu’un Orateur pénétré de son sujet, & jaloux d’en pénétrer les autres.

539. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 506-508

Plus qu’un Hermite il fait maisgre repas ; Danses & jeux ne lui plaisent plus mie, Et dans sa bouche il n’a rien qu’un, hélas !

540. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Et pour cela, il faut en revenir à la nature du cœur humain : la gaieté le captive, la malignité a toujours su lui plaire, & la licence n’est pas toujours propre à le révolter, parce qu’elle flatte en quelque maniere un fond de corruption qui en est inséparable.

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