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346. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Ce n’est pas tranquillement se mettre entre les jambes, au coin du feu ou d’un pot de bière, l’honnête rotin de l’imitation laborieuse qui a servi à faire du chemin, comme un bon bâton qu’il est, mais à pied ! […] Malheureusement l’histoire, commencée sur ce grand pied mystérieux, tourne de la lycanthropie, que l’auteur a peur d’aborder et qui n’eût pas fait trembler Edgar Poe ou tout autre génie fantastique, au somnambulisme shakespearien, mais sans la goutte de sang sur la main coupable, et, au point de vue du fantastique, c’est là le plus triste fiasco.

347. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je voyage donc à pied et à travers champs. […] J’ai tant couru à pied, à cheval et de toutes les manières, que je n’ai pu que penser à vous. […] Il y aura bientôt un an que j’arrivai à pied à huit heures du soir à Colombier, le 3 octobre 1787. […] J’avais bien plus d’esprit qu’elle, et elle me foulait aux pieds. » Le procès qui devait amener le divorce traîna en longueur. […] Oserons-nous, après cela, faire remarquer qu’il ne faut pas toujours prendre exactement au pied de la lettre ce que disent les Adorateurs ?

348. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je me bornai à l’usage du verre à pied. […] Son pied est irréductible, et sa main improbable. […] Le cocher fouetta, les deux valets de pied grimpèrent derrière et un coupé s’avança. […] Alexandre Dumas me parut avoir 32 ou 34 ans, et cinq pieds sept à huit pouces. […] Il est d’une taille mignonne, et il a un pied de femme.

349. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

déjà les pampres de ta chevelure se délient et la belle grappe de raisin que lève ta dextre s’égrène à tes pieds. […] Le dieu Pan, avec une moue, jette enfin à ses pieds cette, première syrinx. […] Le clair-obscur qui traîne au pied des monts balance pour la perfection le vermeil léger des cimes. […] Je suis au pied d’une tour percée de meurtrières. […] Cela se passe au pied du Lycabette, dans un site sublime comme tous ceux d’ici.

350. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Au reste, le même abbé Le Dieu les rétractera pour sa part ces messéantes paroles, autant qu’il sera en lui ; car Bossuet mort, et peu de mois après, ayant eu l’occasion de faire un voyage à Cambrai, il fut séduit, il fut charmé comme tous ceux qui approchaient de l’aimable et de l’édifiant archevêque ; et ce même homme qui avait couché dans son journal ce que, par égard pour Bossuet même, on en voudrait effacer, écrivait à Mme de La Maisonfort, en racontant tout ce qu’il avait ouï et vu de la vénération unanime partout acquise à Fénelon : Mais je m’en tiens à ce que j’ai vu dans Cambrai, où tout est à ses pieds : on est frappé de la magnificence de sa table, de ses appartements et de ses meubles ; mais, au milieu de tout cela, ce qui touche bien davantage, c’est la modestie et, à la lettre, la mortification de ce saint prélat. […] et par cette condamnation si bien conduite, si savamment combinée, Bossuet ne montre-t-il pas qu’il était plus théologien que prophète, et qu’il regardait plus en arrière ou à ses pieds qu’il ne voyait en avant ? […] Chacun remarqua qu’en donnant la communion à Mme la duchesse de Bourgogne, le 6 mai 1703, « M. de Meaux n’était pas ferme sur ses pieds, et qu’il ne devrait plus faire de pareilles actions publiques. » Le jour de l’Assomption (15 août de la même année), en voulant assister à une procession de la Cour, il donna un spectacle qui affligea ses amis, et Madame, cette Madame mère du Régent, que nous connaissons tous, ne se faisait faute de lui dire tout haut le long du chemin durant la cérémonie : « Courage, monsieur de Meaux !

351. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Tout à coup je ressaisis ma lucidité en sentant un pied de femme (on se contentait d’une main dans Adolphe) se glisser sur le mien… ; c’était elle qui me prévenait de ma préoccupation trop visible. […] Suit un portrait en pied, ou du moins en buste, où le rival est peint dans sa majesté virile et sa forte placidité, avec tous les avantages qui peuvent inquiéter et humilier un être susceptible et faible, et encore plus nerveux que tendre : Lorsque le dîner fut fini et que les convives eurent été s’asseoir dans le grand salon autour des tables de whist, lentement je me rapprochai de Fanny qui se chauffait les pieds devant le feu.

352. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il ne faut rien s’exagérer pourtant, et lorsque du détail d’une civilisation on ne sait guère que ce qu’en apprennent les fouilles, et que ces fouilles ont rendu aussi peu qu’elles l’ont fait jusqu’ici sur le sol de Carthage, on se trouve bien en peine, malgré les travaux des Beulé et des Falbe, pour tout remettre sur pied et pour tout restituer. […] Elle n’adore la déesse voluptueuse et féconde que sous sa forme la plus éthérée, la plus pure, celle de la lune ; c’est une Elvire sentimentale, qui a un pied dans le Sacré-Cœur : « Personne encore ne la connaissait. […] Elle marchait en inclinant la tête, et tenait à sa main droite une petite lyre d’ébène. » Elle descend donc au milieu des Barbares, marchant à pas réglés et même un peu gênés à cause de je ne sais quelle chaînette d’or qu’elle traîne entre ses pieds, suivie d’un cortège de prêtres imberbes et efféminés qui chantent d’une voix aiguë un hymne à la déesse, et elle-même déplore la perte de ses poissons sacrés.

353. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Senfft fut avec lui à Berlin, et depuis à Paris, sur un pied d’amitié et de confiance, auquel il dut, en 1809, la satisfaction de soustraire le fils aîné de Mmc la duchesse d’Esclignac, fait prisonnier en Espagne, à la rigueur des lois portées contre les Français pris les armes à la main. » On peut le remarquer, les parfaites liaisons de M. de Senfft à cette époque ne furent jamais qu’avec ceux qui, tout en servant alors la politique de Napoléon, avaient des restes d’ancien régime ou des avant-goûts et des prédispositions de régime futur différent. […] M. de Senfft se décida, en cette occasion, à mettre sa maison sur un plus grand pied que par le passé et à représenter, à proprement parler, ce qu’il n’avait pas fait encore. […] C’est bien de lui qu’on peut dire, par une image tout à fait au niveau de son caractère, qu’il avait un pied dans tous les souliers.

354. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Cette intolérance de Bossuet, inévitable peut-être dans sa situation et commandée par sa foi, par son caractère, éclate aujourd’hui à tous les yeux ; et quand on lit l’ouvrage éloquent où il s’est si bien passé de Richard Simon, il est impossible d’en séparer désormais le souvenir de ce savant qui le gênait, qui lui était une épine au pied, et qu’il supprimait autant qu’il lui était possible. […] Le sommet de Moïse d’où nous avions aperçu tant de choses aussi, nous ne l’apercevons plus à son tour que dans l’éloignement et comme à nos pieds. […] S’il attaque l’Hérésie par tant de moyens et plus encore que n’ont jamais fait ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il craigne pour son trône ; tout est tranquille à ses pieds, et ses armes sont redoutées par toute la terre : mais c’est qu’il aime ses peuples, et que, se voyant élevé par la main de Dieu à une puissance que rien ne peut égaler dans l’univers, il n’en connaît point de plus bel usage que de la faire servir à guérir les plaies de l’Église. » Erreur, abus de la parole et de l’éloquence !

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