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526. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Le mérite de ses pièces dramatiques n’égale pas celui qu’il a eu de se former en ce pays-là, où il fait toutes sortes de personnages, où il complimente avec la foule, où il blâme et crie dans le tête-à-tête, où il s’accommode à toutes les intrigues dont on veut le mettre ; mais celle de la dévotion domine chez lui : il tâche toujours de tenir ceux qui en sont le chef. […] Le Roi, abbé de Haute-Fontaine, personnage estimable, généreux de nature et d’humeur libérale, de plus d’ambition peut-être que de talent, d’un mérite réel toutefois, et qui est fort connu dans l’histoire ecclésiastique du XVe siècle. […] Vuillart, M. de Préfontaine, en lui répondant, avait semblé regretter de sa part une omission : c’est que celui qui avait fait le personnage d’ange Raphaël dans ce mariage de Tobie et de Sara n’eût point ajouté aussi le conseil que l’ange avait autrefois donné au jeune homme, de s’abstenir durant les trois premières nuits, de les passer à deux, à genoux, mains jointes, en continence et en prière.

527. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

La troupe s’était adjoint Andrea Zanotti, second amoureux sous le nom d’Ottavio, Ursula Corteza, seconde amoureuse sous le nom d’Eularia, et un second zanni, Domenico Biancolelli, né à Bologne, en 1640, jouant sous le nom d’Arlequin ; en tout dix personnages, qui sont le nombre indispensable, dit Angelo Costantini, pour jouer une comédie italienne. […] Nous reproduisons le nouveau personnage d’Arlequin, d’après la planche 2 de l’Histoire du Théâtre italien de Riccoboni. […] Cette scène faisait certainement partie du premier canevas de Scaramouche, pédant scrupuleux, quoique Cailhava l’attribue à un personnage nommé Don Gilli (Don Gilles), il n’est pas besoin de dire que la situation analysée ci-dessus formait un des éléments d’une intrigue plus ou moins compliquée.

528. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Cette infidélité de ton, il l’aura en toute circonstance lorsqu’il parlera du Grand Siècle, et malgré sa familiarité si réelle avec les principaux comme avec les moindres personnages de ce beau temps. […] C’est assez faire entendre aussi, je pense, ajoute-t-il, que les personnages ne sont pas des sauvages de l’Ancien ni du Nouveau Monde ; ils sont Français et costumés à la française : enfin, ce qui est encore plus extraordinaire, autant du moins qu’il a été possible à l’auteur, ils parlent français… ». […] Vous analysez et comparez les événements, les idées, et vous faites mouvoir les personnages dans un milieu que nul n’avait étudié, connu et montré comme vous et aussi bien que vous.

529. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

De là son souci de dresser, derrière ses personnages, des seconds plans où évoluent leurs parents. […] Il ajoutait : « Les personnages n’ont point pris véritablement naissance dans son imagination et dans son cœur. […] Que Julien Sorel soit un personnage de son époque, c’est trop évident. […] Je tâche de disparaître dans le personnage que je reproduis. […] Ce pouvoir de créer des personnages forts, Barbey le possédait.

530. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Effacez-vous plutôt du tableau que vous offrez ; jetez-y en votre place des personnages naturels qui parlent et agissent en leur propre et libre allure ; n’intervenez pas entre eux et nous ; faites comme Walter Scott et Cooper ; disparaissez pour mieux peindre. […] En prêtant à ses personnages de longs récits, M. 

531. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Aucun Poëte n’a mieux connu l’art de tout mettre à sa place, de ne faire dire à ses personnages que ce qu’ils doivent dire, & de régler toujours leurs moindres mouvemens sur la nécessité d’agir ; c’est par-là principalement que Racine s’est distingué des autres Tragiques. […] Si on en croit des Censeurs éclairés, il n’a pas conçu assez fortement la Tragédie ; il n’a pas mis assez d’action dans ses personnages.

532. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Goulu, pour avoir fait quelques mauvais vers & donné quelques traductions qu’on ne lit point, se croyoit un personnage digne d’entrer en lice avec le héros de la littérature. […] Le titre étoit, Conformité de l’éloquence de M. de Balzac avec celle des plus grands personnages du temps passé & du présent.

533. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Il peignit plus d’un personnage d’après nature. […] L’imitation est à peu près semblable : même contexture, mêmes personnages, mêmes situations, même fond d’intérêt, de sentiment & de pensées.

534. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Chacun des personnages qui le regardent y paroît ému d’une compassion qui porte le caractere de l’âge et de la condition de celui qui la témoigne. […] Ce personnage est si parlant, qu’on croit lui entendre dire : voilà quelle sera peut-être ma destinée après quarante campagnes.

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