Mais qu’il nous soit permis d’observer que les mœurs de la Nation, l’état des Arts & des Sciences, les usages des différentes classes de Citoyens, devenus si intéressans sous la plume de MM.
Sans s’assujettir aussi scrupuleusement à son Original, l’Auteur dont nous parlons s’est permis de refondre, d’ajouter, de retrancher, toutes les fois qu’il l’a jugé nécessaire à la perfection de son travail, & on peut dire qu’il l’a fait avec autant de discernement que de succès.
Qu’il nous soit permis d’observer que Rousseau, quoiqu’inférieur à Horace, à bien des égards, nous paroît lui être supérieur à bien d’autres ; ce que le parallele ne fait pas assez sentir, à notre avis.
Il est permis d'avoir des distractions, de se livrer aux caprices d'un faux enthousiasme, au désir séducteur de s'attirer des louanges, en échange de celles qu'on prodigue sans mesure : mais proférer des blasphêmes contre Jupiter, en faveur de Mercure, c'est déshonorer la Divinité, l'Autel, & le Sacrificateur.
Quand on a d’aussi grands talens que cet Ecrivain, il est permis & même nécessaire d’ambitionner des succès durables.
Il a même alors la véritable allégorie, sans avoir la sécheresse qui l’accompagne, ces esprits pervers étant en effet des êtres réels, et tels que la religion nous permet de les croire.
Non seulement les messagers du Très Haut portent ses décrets d’un bout de l’univers à l’autre ; non seulement ils sont les invisibles gardiens des hommes, ou prennent, pour se manifester à eux, les formes les plus aimables ; mais encore la religion nous permet d’attacher des anges protecteurs à la belle nature, ainsi qu’aux sentiments vertueux.
Qu’on institue parmi nous les mêmes luttes ; qu’il soit permis d’espérer les mêmes honneurs et les mêmes récompenses, et bientôt nous verrons les beaux-arts s’avancer rapidement à la perfection.
Nous regrettons qu’il ne nous soit pas permis de les nommer toutes.