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388. (1898) Essai sur Goethe

Efforts perdus ! […] Qu’est-ce donc, que tu te perds dans tes pensées et n’attises pas même ton petit feu ? […] Et il faudrait un miracle pour que je perdisse en toi seule l’amie la meilleure et la plus intime. […] Bien que le duc se soit écrié, comme dans le récit de Muratori : « Il perd l’esprit ! […] Non.., tout est perdu… Une seule chose me reste.

389. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Va, tu me perds d’honneur ; retire-toi, de grâce ! […] Don Sanche m’a perdue en prenant ma défense ; Et du bras qui me perd je suis la récompense ? […] écoutez-vous vos flammes, Et perdez-vous encor le temps avec des femmes ? […] Allons, pas un moment à perdre ! […] Mon mérite est inconnu, et on ne perd rien en moi.

390. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Cette Odyssée, la moins parfaite de ses deux épopées, ne cède qu’au Paradis perdu de Milton, sous le rapport de l’unité. […] Les lumières d’un docte littérateur qui nous y a devancés nous éclaireront très bien : il nous met dans la main le fil, ou plutôt les trois fils qui nous empêcheront de nous perdre. […] Les amours de Gabrielle et de Bourbon peuvent être supprimées de la Henriade, sans que l’action y perde rien. […] plus d’une fois Anchise, « (J’en avais jusqu’ici perdu le souvenir) « M’annonça comme un bien ce malheur à venir. […] Les souvenirs du parent, de l’ami, de l’épouse, que nous aurons perdus, nous tourmenteront d’autant plus cruellement que nous aurons négligé de leur rendre des tributs funéraires.

391. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Roger et Bradamante, comme Angélique et Roland, ne cessent de se chercher, de se rencontrer, de se perdre et de se retrouver dans le monde. […] Cette témérité le perd : il est fasciné lui-même par la beauté surhumaine de la magicienne. […] Ainsi, par cette fatale et coupable distraction, Roger a perdu à la fois son cheval, son anneau et sa maîtresse. […] Une grande bataille a été livrée entre Charlemagne et les Sarrasins ; ceux-ci ont perdu leurs principaux combattants. […] Zerbin et Isabelle, deux amants dont nous avons déjà parlé dans le commencement des aventures de Roger, arrivent ensemble dans le beau lieu où Roland a perdu le sens et jeté ses armes.

392. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Si tu désires avec trop d’empressement les biens présents, tu perdras les biens éternels et célestes. […] Les Indes la connaissaient, l’antiquité grecque et romaine l’avaient perdue. […] Qu’il y en a qui se perdent dans le siècle par une vaine science et par l’oubli du service de Dieu ! […] Ne perdez pas, mon frère, l’espérance d’avancer dans la vie spirituelle ; vous en avez encore le temps. […] Priez pour qu’elle vous soit rendue, et soyez humble et vigilant pour ne pas la perdre.

393. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Pourquoi, des trois grands poètes dramatiques du dix-septième siècle, Molière a-t-il le moins perdu au théâtre ? […] Si la race en est perdue, il est tels maîtres aujourd’hui qui la ressusciteraient. […] Alceste a un procès : cela arrive à tout le monde ; mais il l’aurait eu plus tard et avec moins de chances de le perdre, s’il ne s’était pas entêté à vouloir que la justice soit l’équité. […] Plus tard, marié et malheureux, mais n’ayant pas perdu l’espoir de ramener sa femme, il se servait du rôle d’Elmire, dans le Tartufe, pour la toucher par le spectacle d’une femme d’honneur qui défend sa vertu. […] Pourquoi, des trois grands poètes dramatiques du dix-septième siècle, Molière a-t-il le moins perdu au théâtre ?

394. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

De ce jour-là, son originalité fut perdue pour longtemps ; car, en se décidant pour le latin et pour le grec, beaux modèles de langues sans doute, elle se décida du même coup pour l’imitation servile des littératures sorties du latin et du grec, l’imitation, ce fléau des littératures originales ! […] Sans doute, la littérature française de notre grand siècle et jusqu’à nos jours y a beaucoup perdu, poétiquement parlant, en vérité, en spontanéité, en naïveté, en originalité. […] Ainsi consolons-nous d’être les fils de ces deux ou trois siècles qui ont perdu leur temps à calquer des langues et des littératures mortes. […] Nos poètes et nos écrivains ont perdu leur temps, mais la nation a gagné une langue ; c’est à nous et à nos neveux de rendre à cette langue le caractère d’originalité, non plus puérile, mais virile, que chaque grand peuple trouve tôt ou tard à l’âge de sa maturité. […] La langue lui doit en précision sentie tout ce qu’il fait perdre de droits et de bon sens à la raison humaine.

395. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Pourquoi sommes-nous ainsi faits en France, que lorsqu’un homme distingué et de talent n’est pas entré à un certain jour dans le courant de la vogue et dans le train habituel de l’admiration publique, nous devenions si sujets à le négliger et à le perdre totalement de vue ? […] Ce d’Olban, qui erre déguisé sous le nom de Sinval, coupable d’un meurtre dans un duel, amoureux d’une jeune fille et, sans le vouloir, aimé d’une autre, quand il voit qu’il a perdu à jamais celle qu’il aime et qu’il porte partout avec lui le trouble et le désespoir, recourt très vite à ses pistolets et se tue sur les ruines d’un vieux château, à la pointe d’un rocher. […] De jour en jour, sans acquérir plus de nerf, nous perdons quelque chose de notre agrément. […] Dans son trajet de l’abbaye d’Engelberg au Dittlisberg, Ramond rencontre bien des difficultés, des dangers, mais aussi de ces jouissances sans nom qu’il décrit de la sorte : Du haut de notre rocher, nous avions une de ces vues dont on ne jouit que dans les Alpes les plus élevées : devant nous fuyait une longue et profonde vallée, couverte dans toutes ses parties d’une neige dont la blancheur était sans tache ; çà et là perçaient quelques roches de granit, qui semblaient autant d’îles jetées sur la face d’un océan ; les sommets épouvantables qui bordaient cette vallée, couverts comme elle de neiges et de glaciers, réfléchissaient les rayons du soleil sous toutes les nuances qui sont entre le blanc et l’azur ; ces sommets descendaient par degrés en s’éloignant de nous, et formaient un longue suite d’échelons dont les derniers étaient de la couleur du ciel, dans lequel ils se perdaient.

396. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ces Mémoires, quoique la première partie, assure-t-on, jusqu’à la fin de l’année 1700, soit du maréchal même, ne peuvent être considérés en effet que comme rédigés après coup sur ses lettres, bulletins et dépêches ; mais Anquetil, qui a été l’arrangeur, et qu’on doit suivre à partir de 1700, a très bien fait ce travail, qui gagne en avançant plutôt qu’il ne perd, et qui est d’un intérêt continu. […] Villars raccourut vite, de peur de perdre un seul jour, et fut à l’ouverture de la campagne suivante. […] Faites-les commander, prenez les officiers que vous voudrez ; et, en suivant l’armée ennemie pendant trois ou quatre jours, vous verrez ce qu’elle deviendra, et ce que vous pourrez faire sans vous commettre. » Le lendemain soir, au retour, Villars ramenant bon nombre de prisonniers qu’il avait enlevés, le maréchal lui dit : « Nous aurions été brouillés ensemble, si je ne vous avais pas donné un détachement pour suivre vos amis que vous ne sauriez perdre de vue. » En 1677, à la bataille de Mont-Cassel près Saint-Omer, commandant une réserve de cinq escadrons, Villars conseilla sur la droite des ennemis une charge qui, faite à temps, eût rendu la victoire décisive ; mais un ordre précis, apporté par l’aide de camp Chamlay, homme de confiance de la Cour, le força de s’abstenir et de se diriger ailleurs. […] En même temps qu’il ne perdait point de vue les intérêts du roi et qu’il restait Français zélé à Vienne, il se conduisait à l’armée de Hongrie comme un fidèle sujet de l’empereur, et il prit part, en y contribuant de son conseil autant que de son bras, à une grande victoire contre les Turcs.

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