Sainte-Beuve a été un jour, aux yeux des connaisseurs, un trop rare poète pour que l’Imagination autant que la Critique ne tienne pas à connaître toute l’œuvre de l’homme qui a donné cette note unique de profondeur, et à savoir, s’il l’a perdue, comment cela se fit. Il l’a perdue en effet, non d’un coup et à jamais, de même que cette belle et célèbre chanteuse qui, un soir, dans tout l’éclat de son talent, perdit soudainement sa voix, comme si on lui eût enlevé avec la main l’appareil par lequel on chante, et qui, depuis, ne la retrouva plus, même en la cherchant avec frénésie dans le fond de son pauvre gosier au désespoir ! […] Paralysie progressive et voulue peut-être… car souvent l’esprit est bien coupable envers les facultés qu’il perd. […] Sainte-Beuve a-t-il perdu ce don d’originalité inestimable qu’il avait à vingt ans, c’est-à-dire, à l’âge où l’on n’a guères, même avec du talent et de l’avenir, que la folie de l’imitation, quand on n’en a pas la niaiserie ? […] Sans doute, le livre aurait par là beaucoup perdu de son étendue, car, il faut bien le dire et avec regret, les morceaux de la première inspiration sont très-nombreux.
Oui, je crains que nous perdions ici maints bons guerriers. […] Mais le guerrier devait perdre la vie dans cette entreprise. […] que d’amis j’ai perdus ! […] Ami, sauve-moi mon frère, ou nous perdrons ce héros. […] Nous sommes tous perdus.
Mais d’un autre côté ces masques faisoient perdre aux spectateurs le plaisir de voir naître les passions, et de reconnoître leurs differens symptomes sur le visage des acteurs. […] C’est que leurs théatres étant très-vastes et sans voûte ni couverture solide, les comédiens tiroient un grand service du masque qui leur donnoit le moïen de se faire entendre de tous les spectateurs, quand d’un autre côté ce masque leur faisoit perdre peu de chose. […] Peut-être que cela ne seroit point si nous n’avions pas perdus les livres que Denis D’Halicarnasse, Rufus et plusieurs autres écrivains de l’antiquité avoient écrit sur les théatres et sur les representations. […] On peut voir un catalogue de ces écrivains dont les livres sont perdus, dans le quatriéme chapitre de la premiere partie de l’ouvrage que le P. […] D’ailleurs, comme nous l’avons déja dit, le masque faisoit perdre peu de chose aux spectateurs, dont les trois quarts n’auroient pas été à portée d’appercevoir l’effet des passions sur le visage des comediens, du moins assez distinctement pour les voir avec plaisir.
Chaumié se trompe, la race ne l’a perdue. […] La langue perdue se serait-elle, alors, retrouvée ? […] de poètes, dont aucun peut-être, selon vous, n’est grand, mais qui, néanmoins, n’usent pas déjà si mal, à mon avis, d’une langue qu’ils auraient perdue ! […] La Champagne, la Picardie, le Berry, avaient-ils donc, durant cette période, également perdu leur langue ? […] Il n’y en a pas dans les régions de langue d’oc, parce que la race a perdu son idiome, et que les poètes méridionaux n’ont plus disposé de l’instrument qui leur convenait.
Les espèces de même genre varient d’une manière analogue ou reviennent à d’anciens caractères perdus. — XI. […] Le support du télescope est encore là, mais le télescope, avec ses verres, est perdu. […] Sans nul doute, il est très surprenant que des caractères perdus pendant un grand nombre et peut-être des centaines de générations réapparaissent ensuite. […] Au contraire, chez une race qui n’a pas été croisée, mais chez laquelle les deux parents ont perdu quelque caractère possédé par un ancêtre commun, la tendance forte ou faible à reproduire le caractère perdu peut, ainsi que nous l’avons déjà vu, se transmettre pendant un nombre de générations presque indéfini. […] On peut encore prévoir que les espèces du même genre manifesteront de temps en temps leur tendance constante à revenir aux caractères perdus des ancêtres.
Il a même eu quelque temps la réputation d’esprit, qu’il a perdue par quelqu’une de ses lettres qui ont paru dans le public et qui étaient peu honnêtes et très-maladroites. (12 novembre 1775.) » Cette réputation d’esprit qu’on avait refaite à Louis XVIII devenu roi fut également compromise aux yeux de tous par la publication de ce pitoyable Voyage à Bruxelles et à Coblentz. […] On dit que vous vous négligez beaucoup sur ce point ; on l’attribue à Mesdames, qui jamais n’ont su s’attirer l’estime et la confiance ; mais ce qui est pire que tout le reste, on prétend que vous commencez à donner du ridicule au monde, d’éclater de rire au visage des gens : cela vous ferait un tort infini et à juste titre, et ferait même douter de la bonté de votre cœur ; pour complaire à cinq ou six jeunes dames ou cavaliers, vous perdriez le reste. […] Ne perdez pas ce bien inestimable que vous aviez si parfaitement. […] On rabattra tant qu’on voudra des pronostics, mais ils éclatent à chaque page, et ces mots sont écrits en toutes lettres dans la Correspondance : « Vous perdez beaucoup dans le public, mais surtout chez l’étranger… Votre avenir me fait trembler. […] Deux vérités sont désormais en présence et incontestables : Marie-Antoinette s’est perdue en grande partie elle-même par toutes ses imprudences, et Marie-Thérèse avait prévu tous les dangers, y compris ceux de la coterie Polignac dont elle aperçut et dénonça, avant de mourir, l’influence fatale.
Faguet, ce sont précisément les grands écrivains qui, je ne dis pas toujours, mais assez souvent, n’ont pas besoin de se corriger et perdent à se corriger. » J’ai beau chercher, je l’avoue, je ne vois pas quels sont ces grands écrivains. […] Du moins ont-ils cru en avoir besoin, puisqu’ils ont, en effet, énormément corrigé et que la valeur de leurs œuvres démontre qu’ils n’ont pas perdu à se corriger. […] Albalat conviendra que sa norme n’est pas infaillible, puisque certains écrivains perdraient tout leur temps à ce travail de reconstitution patiente. […] N’ayant pas les mêmes qualités, ils ont tout à perdre à se permettre les mêmes défauts, alors surtout qu’il ne peut y avoir que du profit à surveiller les trop fréquentes répétitions, l’abus des qui et des que et des auxiliaires.
Ils se revirent, ils s’expliquèrent, et le temps perdu fut réparé. […] Mais ce portrait, que je n’ai pas craint de confier à des mains si perfides, peut me perdre et me perdra. […] Vous êtes prisonnier d’État, vous vous perdriez si vous alliez chercher une affaire loin des lieux où vous êtes relégué ; vous me perdriez moi-même ; on croirait que vous avez reçu le prix de ce service dangereux, et que j’ai été assez vire pour l’exiger. […] vous voulez que je remette à quatre mois ce que je puis aujourd’hui, tandis que quatre jours peuvent vous perdre ! […] Belinde s’est affichée follement : je l’ai laissée faire, parce que je ne pouvais pas l’en empêcher, parce que d’ailleurs je n’ignorais pas qu’elle avait peu de chose à perdre en fait de réputation.
Parlant des honnêtes gens, des gens bien intentionnés et sincères qui se trouvèrent d’abord jetés de part et d’autre dans les deux camps : Et c’est ainsi que Dieu travaille, a dit lui-même le président Jeannin, quand il veut nous châtier sans nous perdre, quand il ne veut pas que la guerre finisse par le feu, le sang, la désolation générale, la ruine entière et le changement d’un État. […] Cette exécution du 4 décembre 1591 eut un plein effet : les Seize y perdirent désormais leur autorité et leur force, le parti des honnêtes gens reprit décidément courage ; les colonels de la garde bourgeoise de Paris, dont la grande majorité était modérée, s’entendirent pour désarmer la portion de population qui était au service des Seize. […] Villeroi, comme médecin social, a le sentiment juste des crises, des situations et des bons instants qu’il importe de saisir : Monsieur, dit-il en s’adressant à M. de Bellièvre dans son Apologie, c’est grande imprudence de perdre l’occasion de servir et secourir le public, principalement quand elle dépend de plusieurs ; car il advient rarement qu’elle se recouvre, parce qu’il faut peu de chose à faire changer d’avis à une multitude. Et il distingue à merveille les moments principaux, que le duc de Mayenne a manqués et perdus, de faire avantageusement sa paix avec Henri IV. […] C’est de là que le président Jeannin faisait parvenir au duc de Mayenne, à Bruxelles, un dernier avis utile, qui était de se rendre au plus tôt en Bourgogne, « autrement qu’il était en danger d’y perdre tout ce qui tenait encore pour lui ».