Pourvu que la pensée des autres soit à peine indiquée, nous la complétons. […] Ainsi la pensée et la forme se tiennent indissolublement. […] Nulle mauvaise pensée ne me venait. […] Mais ses pensées s’en retournèrent bientôt à la célébration de la messe. […] Ils sont à leur manière une des incarnations de la pensée intime de l’époque.
Si sa pensée pénètre à des profondeurs que celle d’Arnauld ne soupçonne même pas, n’essayerons-nous pas de les mesurer ? […] C’est également celui des Pensées. […] La première est celle de l’Identité de l’être et de pensée. […] et quelle pourrait, à elle toute seule, nous être un assez sur garant de la vraie pensée de Molière ? […] Il a en quelque sorte interrompu la prescription de la libre pensée.
Nous recommandons plus particulièrement à ceux que la pensée politique préoccupe, et qui aiment à voir le talent des artistes s’en faire l’auxiliaire et l’organe, cette troisième partie où sous le nom de Salvator, le génie mécontent, sinistre et découragé, est repris, remontré par l’homme du peuple en ces termes magnanimes : Du peuple il faut toujours, poëte, qu’on espère, Car le peuple, après tout, c’est de la bonne terre, La terre de haut prix, la terre de labour ; C’est ce sillon doré qui fume au point du jour, Et qui, empli do séve et fort de toute chose, Enfante incessamment et jamais ne repose. […] Je pardonnerais de grand cœur au poëte de nous ranger, Gaulois ou Germains, parmi les barbares : pourtant n’y aurait-il pas eu plus de vérité à la fois et de pensée progressive ou même inspiratrice à montrer cette main noblement suppliante que l’Italie nous tend, que l’égoïsme de nos gouvernants a lassée jusqu’ici, mais que nous irons étreindre un jour d’une main de frères ? […] Barbier s’est permis dans son épilogue, il y avait une grande pensée d’alliance humaine que ce mensonge lui a dérobée. […] La versification proprement dite n’est pas toujours assez strictement observée ; les images en foule sortent d’elles-mêmes à tous les points d’un si riche sujet, et décorent comme en se hâtant une pensée vive, continuelle, qui s’échappe au travers et que rien n’empêche.
Lui aussi ne voit dans une révolution qu’un acte unique et fatal régulièrement accompli en plusieurs temps marqués ; seulement, au lieu d’en mesurer la durée d’après la succession naturelle des passions humaines, il la mesure d’après la succession supposée des pensées divines. […] Le dirai-je enfin, pour rendre toute ma pensée ? […] Mignet, et chez lui très-remarquable, est celui d’un style bien moins facile et sonore qu’énergique, original, constamment fidèle à la pensée. […] Thiers ; je croirais plutôt qu’en les rencontrant sous sa plume l’écrivain a dédaigné de les éviter, et que, dans sa vigueur de composition, il a mieux aimé sciemment forcer la tournure de sa phrase que gêner l’allure de sa pensée.
M. de Lamartine, le seul dont nous ayons à nous occuper, par cela même qu’il range humblement sa poésie aux vérités de la tradition, qu’il voit et juge le monde et la vie suivant qu’on nous a appris dès l’enfance à les juger et à les voir, répond merveilleusement à la pensée de tous ceux qui ont gardé ces premières impressions, ou qui, les ayant rejetées plus tard, s’en souviennent encore avec un regret mêlé d’attendrissement. […] La pièce qui a pour titre Pensée des morts nous semble le miracle de cette poésie simple, pénétrante et bénie. […] Puis, quand il a tout énuméré, quand il a touché une à une toutes ces plaies du cœur, une pensée le saisit, une inquiétude le prend, qu’a ressentie quiconque est resté orphelin ici-bas ; il se demande si tous ces morts qui voient désormais la lumière se souviennent encore de nous. […] C’est par une promenade dans les bois en automne que commencent les deux poètes, et que la pensée des morts leur revient également.
Il faut que l’indomptable pensée française se réveille et combatte sous toutes les formes. […] Il n’est jamais entré dans ma pensée de chercher à ôter ou à diminuer la foi chez qui la possède. […] « Sainte-Beuve. » Il faut noter aussi cette pensée, cueillie dans les échos, à propos d’une inscription lue sur le mur de clôture du cimetière Montparnasse : « Liberté, Égalité, Fraternité » : — « Dans combien de siècles cette devise strictement vraie pour les morts sera-t-elle enfin une vérité pour les vivants ? […] On reprend le mot sceptique de Voltaire : « Quand on est aimé d’une jolie femme, on se tire toujours d’affaire », mais on épingle à côté cette pensée de Joubert qui va devenir l’évangile symboliste : « Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » La querelle des idéalistes et des réalistes s’y poursuit.
Topffer est français, lui, par la légèreté de l’expression et la transparence de la pensée. […] Après Rousseau, après Saussure, après Sénancour, Chateaubriand, Lord Byron, tous paysagistes à leurs heures, après ce glorieux Cooper, qui a contribué, pour sa part, à l’impulsion générale donnée à la pensée contemporaine dans le sens de la description, Topffer est venu comme bien d’autres, et, soit manière originelle de regarder et de sentir, soit calcul d’une pensée qui cherche à dire un mot qui n’a pas été dit encore, il a essayé d’introduire la manière flamande dans le paysage alpestre et grandiose, et il a réussi. […] Si le talent de peintre est le chaton d’or de la bague de sa renommée, le rubis est son talent d’écrivain, ce talent qui est toujours plus grand que le cadre, la manière, le sujet des livres, qui est le sang même de la pensée et qui vivifie tout, partout où il tombe, — que ce soit par gouttes ou que ce soit par torrents !
La pensée humaine est immense. […] Or, ces raisons, où peuvent-elles être, sinon dans la pensée du Créateur ? […] Ainsi l’être et la pensée sont exclus de l’unité absolue. […] Il faut que la pensée écarte toute pensée déterminée, et, en se repliant dans ses profondeurs, arrive à un tel oubli d’elle-même que la conscience soit ou semble évanouie. […] Ils ont toujours une pensée, et une pensée morale et élevée.
. — Raison générale de la concordance de nos pensées et des choses. […] Meubles, intérieurs d’appartement, figures humaines ou animales, arbres, maisons, rues, paysages, ce sont des représentations de ce genre dont la série compose le courant ordinaire de notre pensée. […] Mais il en est d’autres qui sont maladives et portent le trouble dans toute notre conduite ; ce sont les hallucinations dites psychiques ; dans ce cas, le malade aliène et rapporte à autrui des pensées qui sont à lui71 ; il entend par la pensée, il écoute des « voix secrètes, intérieures » ; on lui parle « à la muette » ; il voit « invisiblement ». […] Par quel ajustement s’établit la concordance presque constante de notre pensée et de notre être ? […] Par conséquent, la loi mentale qui lie nos deux pensées est générale comme la loi physique ou morale qui lie les deux faits.