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981. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Pour inspirer une immense pitié du misérable qui tombe et de la femme qu’il entraîne   Le dégoût même du livre que témoignent des esprits très délicats, habitués à des peintures à l’eau de rose de péchés mignons, à des récits d’infamies comme il faut, prouve que l’auteur a atteint son but. […] Son seul succès a été son roman : Monsieur et Madame Fernel, une peinture de la vie de province assez exacte. […] Zola accorde une réalité approximative aux peintures de province que j’ai faites dans mon roman Monsieur et Madame Fernel.

982. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

C’était dans le jardin des Missions Étrangères, la nuit presque tombée, un chœur d’hommes chantant des Laudate, un chœur de mâles voix s’élevant — Montesquiou suppose, que c’était devant de mauvaises peintures, représentant les épouvantables supplices dans les pays exotiques — s’élevant et s’exaltant en face de ces images du martyre, comme si les chanteurs du jardin étaient pressés de leur faire de sanglants pendants. […] Et il prenait une palette, vendue avec le tableau, et il touchait avec un ton pris sur la palette — un tout à fait semblable à celui du personnage — et la femme touchée se mettait à faire des révérences… puis un mezzetin à danser… puis des musiciens à jouer du violon — absolument comme si, cette peinture d’un grand art, était un tableau mécanique. […] Aujourd’hui, il me reste comme un souvenir de rêve de cette visite : le Flammarion avec sa tête de saint Jean-Baptiste, qu’offre dans un plat d’argent, la peinture italienne à Hérodiade, le monsieur qui a découvert la dernière planète, à la chevelure qui pourrait servir d’enseigne à la pommade du Lion, un jeune homme bancroche, qui nous est présenté par Flammarion, comme l’humain de toute la terre ayant la vue la plus longue.

983. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Bien mieux, dans Poeta Pax et Poesis et dans Poesis et Scientia, j’ai tiré des magasins de l’allégorie d’odieux accessoires, aussi, pour atténuer les déplorables effets de ces deux pièces, n’ai-je eu d’autre recours que de les appeler Deux peintures murales. […] Il est certain aussi que la sculpture et la musique sont plus dégagées de la nature que la peinture et la poésie. […] Cité par Oudry dans les Conférences de l’Académie de peinture.

984. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Quinet, les choses ne vont pas ainsi : l’auteur se place constamment au point de vue lyrique ; il ne raconte jamais, il chante ; il se préoccupe exclusivement de la peinture de ses sentiments personnels, et ne songe pas un seul instant à retracer les événements auxquels il assiste par le souvenir. […] Lui demander pourquoi il n’a rien raconté, pourquoi il ne s’est imposé ni la peinture des hommes ni celle des choses, serait une véritable injustice. […] Si elle dit très bien : le petit chat est mort , si elle écoute d’un air étonné la peinture des chaudières bouillantes qui attendent aux enfers les femmes mal vivantes, ce n’est pas qu’elle ait médité sérieusement sur toutes les beautés de son rôle ; mais elle est jeune, et les paroles en passant par sa bouche, prennent un caractère indépendant de sa volonté. […] Mais il y a plus que de la partialité à supprimer dans la peinture de son caractère toutes les habitudes honorables qui rachetaient ses mauvais penchants. […] Arnault et Baour-Lormian, sans la peinture de David.

985. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Peintures des émotions tristes et extrêmes. —  Idée régnante de la mort et du désespoir. —  Mazeppa, le Prisonnier de Chillon, le Siége de Corinthe, le Corsaire, Lara. —  Analogie de cette conception avec celles de l’Edda et de Shakspeare. —  Les Ténèbres. […] —  Transformation du talent et du style de Byron. —  Peinture de la beauté et du bonheur sensible. —  Haydée. […] Leur génie a beau monter haut, il a toujours les pieds plongés dans l’observation, et leurs plus folles comme leurs plus magnifiques peintures n’arrivent jamais qu’à offrir au monde l’image de leur siècle ou de leur propre cœur. […] Quelqu’un a-t-il vu ailleurs, sauf dans Shakspeare, une plus lugubre peinture de la destinée de l’homme en vain cabré contre son frein ?

986. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je suis frappé, en lisant les lettres du paysagiste Théodore Rousseau, du côté sophiste, rhéteur, du côté alambiqué, qu’il y a dans toutes les grandes intelligences du dessin et de la peinture, à commencer par Gavarni, à finir par Rousseau. […] Partout la guerre… Et à chaque instant les plus charmants motifs pour la peinture. […] Une salle de danse, à la décoration pareille à celle de toutes les salles de danse de ce boulevard : une salle aux peintures du plafond, arrêtées dans des lambrequins de papier rouge velouté, aux petites glaces étroites filant le long des colonnes, aux lustres de zinc et de verre, dont trois becs sont seulement allumés pour la circonstance. […] Certes, il y a là un motif pour la peinture, mais, de bonne foi, c’est trop une répétition de 92, de 93. […] Dans ce gigantesque étalage de verdure, glissent, coulent, se répandent les étalages d’autres commerces : de vieux pantalons, des morceaux de tuyaux de poêle, des abat-jour, des peintures à l’huile de maisons de campagne par des propriétaires amateurs, des tableaux de mâchoires, qui s’ouvrent et se referment, achetés à la faillite d’un dentiste.

987. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Ils barbouillent assez brillamment, et il n’y a rien de net en leur peinture. […] Ces récits nous montrent des peintures fidèles, exécutées vivement, des caractères au naturel, un pathétique vrai où la passion parle toujours son propre langage. […] Je parle de ces écrivains qui emploient volontiers des moyens extra-littéraires, c’est-à-dire empruntés à la peinture. […] Cette peinture de mœurs eut un immense succès hors de France, et il s’en publia plus de quarante éditions en Angleterre. […] Cependant, ses peintures ne sont point faites pour les yeux du corps.

988. (1911) Études pp. 9-261

La peinture du Bain Turc est admirable ; mais on ne la voit pas tant elle est terminée ; et la hardiesse de ces nus, l’un tout vert, l’autre tout orangé, se dissimule sous la perfection du détail. […] La peinture est un moyen d’empêcher les choses de bouger. — Tout être vivant rayonne ; il permet à sa forme de s’en aller de lui, elle se détache incessamment de lui comme un beau fantôme vite dissipé ; et par chacun de ses gestes il délie de doux cercles invisibles qui se propagent. […] La gratuité de cette peinture se décèle à son caractère abstrait. […] De cette sorte d’abstraction découlent, joints dans une même conséquence, les qualités et les défauts de sa peinture. […] Les premiers poèmes d’orchestre de Debussy n’étaient pas la peinture d’un spectacle ; ils traduisaient le délice de l’âme au milieu du monde ; ils étaient emplis par la forte montée de la douceur.

989. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ainsi cette peinture que les mêmes Goncourt nous ont laissée de Sainte-Beuve malade et mal tenu. […] Une croyance passionnée dans l’importance de leur peinture les soulève l’un et l’autre, et ils la font partager à leur lecteur. […] La Madame Bovary de Flaubert, par exemple, est-elle maintenant, pour les lecteurs de ce beau roman, autre chose qu’une peinture, infiniment curieuse, de la province française du temps de Louis-Philippe, les drames de Hugo, qu’une évocation de la jeunesse romantique de 1830 ? […] « Je penserai à cela pendant quinze jours et j’en ferai de meilleure peinture… » C’était Delacroix le félicitant d’une étude sur le Cid. […] Il en va de même de ces peintures de la vie humaine, romans ou comédies, dans lesquelles l’auteur a tenté de se réduire au rôle d’enregistreur, de plaque photographique posée devant un objet dont elle retient le dessin, le relief, la couleur, sans rien éprouver elle-même.

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