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597. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Le siècle présent n’apparaît jamais qu’à travers un nuage de poussière soulevé par le tumulte de la vie réelle ; on a peine à distinguer dans ce tourbillon les formes belles et pures de l’idéal. […] Quand on compare les œuvres timides que notre âge raisonneur enfante avec tant de peine aux créations sublimes que la spontanéité primitive engendrait, sans avoir même le sentiment de leur difficulté ; quand on songe aux faits étranges qui ont dû se passer dans des consciences d’hommes pour créer une génération d’apôtres et de martyrs, on serait tenté de regretter que l’homme ait cessé d’être instinctif pour devenir rationnel.

598. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Ici le Patriarche de Ferney ne prend plus la peine de se cacher. […] Etoit-ce la peine de répondre ?

599. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Aussi, dit Tite-Live, se fit-il dans l’assemblée qui donnoit audiance un si grand éclat de rire, que les magistrats eurent peine à faire faire silence afin de pouvoir rendre une réponse sérieuse aux ambassadeurs. […] Véritablement on a peine à concevoir à quel point le sang espagnol, si brave et si courageux en Europe, a dégeneré dans plusieurs contrées de l’Amerique.

600. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Quand on connoît quelle étoit la délicatesse des grecs en matiere d’éloquence, et sur-tout à quel point ils étoient choquez par une mauvaise prononciation, on n’a point de peine à concevoir que quelques-unes de leurs villes, n’aïent été assez jalouses de la reputation de n’avoir en toutes choses que des manieres élegantes et polies, pour ne vouloir pas laisser au crieur public chargé de promulguer les loix, la liberté de les reciter à sa mode, au hazard que souvent il donnât aux phrases, aux mots mêmes qu’il prononceroit, un ton capable de faire rire des hommes nez mocqueurs. […] " les musiciens de l’antiquité, dit Boéce, pour s’épargner la peine d’écrire tout au long le nom de chaque note, … etc.

601. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

La conscience publique contient tout acte qui les offense par la surveillance qu’elle exerce sur la conduite des citoyens et les peines spéciales dont elle dispose. […] Si je ne me soumets pas aux conventions du monde, si, en m’habillant, je ne tiens aucun compte des usages suivis dans mon pays et dans ma classe, le rire que je provoque, l’éloignement ou l’on me tient, produisent, quoique d’une manière plus atténuée, les mêmes effets qu’une peine proprement dite.

602. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Prendre tant de peine pour prouver qu’un ouvrage est mauvais, c’est presque laisser croire qu’il peut n’être pas tout à fait médiocre. […] On a vu de la prétention dans cet exercice ; tout le monde eût constaté qu’il n’y en avait pas et la démonstration eût sauté aux yeux, si notre contradicteur eût pris la peine de reproduire la page qu’il critique.

603. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux. […] Car, si la femme n’est égale à l’homme que quand il est médiocre, nous avons bien assez comme cela de médiocrités dans le monde, et ce n’est pas la peine de les augmenter !

604. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Créer était pour lui un chagrin et une peine. […] » Et il y a encore autre chose qui m’oppresse sans que je puisse donner un nom précis à ma peine. […] Même on pourrait se demander si jamais quelqu’un voudra se donner la peine de goûter son œuvre. […] Cette peine ne vaut pas un liard. […] — Mais pourquoi coûte-t-il tant de peine de dire simplement ce qu’on veut ?

605. (1898) Essai sur Goethe

Le manque de gratitude est inné chez l’homme, car il découle d’un heureux et frivole oubli des peines comme des plaisirs, qui seul rend la vie possible. […] Or, en prenant ce mot dans son sens le plus classique, les apologistes de Goethe n’ont guère eu de peine à montrer que ce reproche n’avait aucune raison d’être. […] On les reconnaît sans peine sous leurs déguisements italiens, d’autant plus qu’ils s’éloignent davantage des données de l’histoire. […] Kuno Fischer ; les simples hommes, auront une peine croissante à y trouver quelque plaisir. […] Votre intuition est si juste qu’elle embrasse avec ampleur tout ce que l’analyse a tant de peine à chercher de tous côtés.

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