/ 2391
318. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Il n’est point de crime qui soit oublié dans la distribution des supplices que le poëte rencontre d’un cercle à l’autre : souvent une enceinte est partagée en différents donjons ; mais toujours avec une telle suite dans la gradation des crimes et des peines, que Montesquieu n’a pas trouvé d’autres divisions pour son Esprit des lois. Il faut observer que, dans cette immense spirale, les cercles vont en diminuant de grandeur, et les peines en augmentant de rigueur, jusqu’à ce qu’on rencontre Lucifer garrotté au centre du globe, et servant de clef à la voûte de l’Enfer. […] Ainsi l’homme grossier, représenté par Dante, après s’être égaré dans une forêt obscure, qui signifie, suivant eux, les orages de la jeunesse, est ramené par la raison à la connaissance des vices et des peines qu’ils méritent, c’est-à-dire aux Enfers et au Purgatoire : mais quand il se présente aux portes du Ciel, Béatrix se montre et Virgile disparaît.

319. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

L’expérience avait pourtant prouvé tous les dangers de cette méthode qui, en permettant de construire arbitrairement les systèmes que l’on discute, permet aussi d’en triompher sans peine. […] Tandis que le savant qui étudie la nature physique a le sentiment très vif des résistances qu’elle lui oppose et dont il a tant de peine à triompher, il semble en vérité que le sociologue se meuve au milieu de choses immédiatement transparentes pour l’esprit, tant est grande l’aisance avec laquelle on le voit résoudre les questions les plus obscures. Dans l’état actuel de la science, nous ne savons véritablement pas ce que sont même les principales institutions sociales, comme l’État ou la famille, le droit de propriété ou le contrat, la peine et la responsabilité ; nous ignorons presque complètement les causes dont elles dépendent, les fonctions qu’elles remplissent, les lois de leur évolution ; c’est à peine si, sur certains points, nous commençons à entrevoir quelques lueurs.

320. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Eux chargeaient leurs phrases jusqu’à la gueule avant de les pointer sur le Romantisme : ils faisaient de véritables efforts, on les voyait suer à la peine. […] Ce n’est vraiment pas la peine de battre le rappel aussi belliqueusement et de crier « Aux armes !  […] Mais ne serait-on pas en droit d’exiger qu’un ancien élève de l’École normale, un homme qui vient de se nommer à l’unanimité porte-drapeau du « bon sens », se donnât la peine d’avoir du sens commun ?

321. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle cause assez de peine et d’embarras à, ceux qui se la permettent. […] En ce temps-là, Balzac, lui, cette plume difficile, ce génie qui se déchirait avec tant de peine et s’ensanglantait pour produire, Balzac accouchait de cruels chefs-d’œuvre qu’un tas d’esprits trouvaient ennuyeux ! […] (pour dire les peines de l’âme), de la coupe de miel offerte aux lèvres pures « (pour dire une vie heureuse et quoiqu’on ne mette guère maintenant de miel dans les coupes), des anneaux rattachés de la chaîne brisée, du faîte de la richesse, du règne de la vérité qui s’annonce à l’horizon !

322. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Gustave Droz, qui ne l’est pas du tout, se risque bien souvent du côté de l’indécence plus loin que ne s’y risqua jamais le pauvre de Musset (Voyez L’Âme en peine, Ma tante en Vénus, etc.), comme Octave Feuillet se risque du côté opposé ; mais l’un et l’autre n’en sont pas plus Musset pour cela ! […] Lisez son Premier-Né, Le Jour de l’An en famille, les Vieux souvenirs, Les Petites Bottes, — qui rappellent, mais en vieux et en usé, le frais soulier de la Gudule dans Notre-Dame de Paris, — les Bébés et papas et la Première culotte, et voyez si dans tout cela l’enfant n’est pas toujours ajusté, toujours compris de la même manière, aimé pour le plaisir et la peine qu’il donne, — car il y a aussi l’épicurisme de la douleur, — et si la moitié du sentiment paternel, celle que Dieu élargit en la doublant du sentiment de son être, n’est pas restée, pure lumière, étouffée sous le boisseau de la chair ! […] V Est-ce pour sa peine d’avoir eu une idée généreuse que le livre éclate de talent ?

323. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

A peine remise des attentats et des vengeances de prairial, privée d’un grand nombre de ses membres condamnés ou compromis, et aussi mutilée qu’au plus fort de la Terreur, la Convention avait repris son rôle paisible d’Assemblée législative, et la Commission des Onze lui présentait cette belle et sage Constitution de l’an III, qui devait pacifier la France, si la France alors avait pu être pacifiée par une Constitution. […] Hommes la plupart habiles, cultivés, réputés amis de l’ordre, quelques-uns éminemment vertueux, ils triomphaient sans peine d’une masse déjà indifférente, avide surtout de la vie privée et des jouissances domestiques, que la Terreur avait blasée sur ses droits, et qui repoussait le fantôme du jacobinisme à tout prix.

324. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

C’est là le langage de la paressa, qui fuit la peine, ou de l’orgueil, qui la dissimule. […] Mais, en général, on ne fait point par-là économie de son temps ni de sa peine.

325. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Il est même rare qu’il les faille chercher avec peine. […] Ils les apprennent avec peine, et ils les font de mauvaise grace.

326. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

La peine capitale ne peut être tolérée dans l’organisation sociale qui va naître. […] Il est évident que le juré qui ne voudra pas appliquer la peine de mort, dans les cas prévus par la loi, sera obligé de trahir sa propre conscience, de mentir à l’évidence du fait, ce qui est un très grand mal, parce que c’est une sorte d’immoralité qu’on ne se reproche point.

/ 2391