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392. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Quoi de plus grand, quoi de plus puissant relativement à la pauvre humanité que ce pâle et ennuyé Melmoth ? […] Peu de gens s’en souviendront sans doute, car bien peu ont paru goûter ce genre de divertissement, et ces pauvres mimes anglais reçurent chez nous un triste accueil. […] Une fée s’intéresse à Harlequin : c’est l’éternelle protectrice des mortels amoureux et pauvres. […] Ainsi, à l’heure où les légumes dorment d’un sommeil brutal, ne soupçonnant pas qu’ils peuvent être surpris par l’œil d’un espion, le père entr’ouvre une des tentes de cette magnifique armée ; et alors la pauvre rêveuse voit cette masse de soldats rouges et verts dans leur épouvantable déshabillé, nageant et dormant dans la fange terreuse d’où elle est sortie.

393. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

En ce temps-là tout pauvre jeune homme qui avait un cœur, une ambition et de vastes pensées, manquait d’air, s’étiolait dans son galetas et mourait de lente asphyxie. […] Quant à ce pauvre Joseph, il ne verra rien de tout cela ; il n’était pas de force d’ailleurs à traverser ces diverses crises ; il s’était trop amolli dans ses propres larmes.

394. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Legouvé, dans sa tragédie de Henri IV, ne pouvant pas reproduire le plus beau mot de ce roi patriote : « Je voudrais que le plus pauvre paysan de mon royaume pût du moins avoir la poule au pot le dimanche. » Ce mot, vraiment français, eût fourni une scène touchante au plus mince élève de Shakspeare. […] Il y a du charme et de l’amour véritable dans la Francesca da Rimini du pauvre Pellico ; c’est ce que j’ai vu de plus semblable à Racine.

395. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Si le christianisme commande aux pauvres, au nom de la vie future, la résignation, il ne commande pas moins en vue de cette même vie future, aux riches comme aux pauvres, la charité.

396. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

N’a-t-il pas dit lui-même : « Le Pauvre Monde est sujet à l’Erreur » ? […] Tandis que je me faisais ce petit sermon dont je pensais qu’il était bon que la postérité fût avertie, des malades allaient et venaient autour de nous, traînant péniblement leur pauvre carcasse endolorie.

397. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Et d’ailleurs quel est le pauvre pâtre, enivré de fleurs et ébloui d’étoiles, qui ne s’est écrié, au moins une fois en sa vie, en laissant tremper ses pieds nus dans le ruisseau où boivent ses brebis : — Je voudrais être empereur ! […] Dans ses poèmes il mettrait les conseils au temps présent, les esquisses rêveuses de l’avenir ; le reflet, tantôt éblouissant, tantôt sinistre, des événements contemporains ; les panthéons, les tombeaux, les ruines, les souvenirs ; la charité pour les pauvres, la tendresse pour les misérables ; les saisons, le soleil, les champs, la mer, les montagnes ; les coups d’œil furtifs dans le sanctuaire de l’âme où l’on aperçoit sur un autel mystérieux, comme par la porte entr’ouverte d’une chapelle, toutes ces belles urnes d’or, la foi, l’espérance, la poésie, l’amour ; enfin il y mettrait cette profonde peinture du moi qui est peut-être l’œuvre la plus large, la plus générale et la plus universelle qu’un penseur puisse faire.

398. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Milton devint aveugle & pauvre, comme Homère ; mais on ne l’égala jamais, de son vivant, au poëte Grec. […] Il a laissé des enfans pauvres.

399. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Ménage fit courir ces vers : La pauvre langue Latiale Alloit être troussée en mâle, Si le bel avocat Bélot, Du barreau le plus grand falot, N’en eût pris en main la défense, Et protégé son innocence ; En quoi, certes, & sa bonté, Et son zèle, & sa charité, Se firent d’autant plus paroître, Qu’il n’a l’honneur de la connoître. […] Il avance, sans trop de ménagement, que la langue Françoise est pauvre, décharnée & dure.

400. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Réfléchissez-y, et vous concevrez que le pauvre, le mesquin, le petit, le maniéré, a lieu même dans la draperie. L’imitation rigoureuse de nature rendra l’art pauvre, petit, mesquin, mais jamais faux ou maniéré.

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