Et, par un contrasté singulier, ce monde diaphane est un monde sensuel ; la passion qui règne dans ces espaces éthérés est la passion de la chair.
La passion de la gloire lui fit regarder cette occasion comme un très-grand avantage. […] Ces beautés sans nombre dont la Henriade est remplie ; caractères vrais & soutenus ; tableaux frappans des discordes civiles présentés sans partialité ; amour du bien public recommandé sans cesse ; ressors des passions humaines développés habilement ; intérêt croissant de chant en chant ; magie des vers poussée aussi loin que l’imagination peut aller : tout cela parut un crime aux yeux de Rousseau.
Pourquoi l’amour sera-t-il une passion privilegiée, et la seule qui fournisse des caracteres differens, à l’aide de la diversité que l’âge, le sexe et la profession mettent entre les sentimens des amoureux ? Le caractere d’un avare ne peut-il pas de même être varié par l’âge, par le sexe, par d’autres passions et par la profession ?
Je ne parlerai point ici du théatre flamand, parce que dans le tragique, il ne fait presque autre chose que de copier la scéne françoise dès le temps où l’on y représentoit les comedies de la passion. […] Leurs sentimens, leurs passions s’échappent avec une impétuosité qu’on n’apperçoit pas en d’autres nations.
Ceux des peintres qui ont excellé à peindre l’ame des hommes, et à bien exprimer toutes les passions, ont été des coloristes médiocres. […] Sans invention dans leurs expressions : incapables de s’élever au-dessus de la nature qu’ils avoient devant les yeux, ils n’ont peint que des passions basses et une nature ignoble.
Mais, par cela même qu’ils ne se présentent à elle qu’à ce moment, que, par suite, ils se dégagent des faits et non des passions, on peut prévoir qu’ils doivent se poser pour le sociologue dans de tout autres termes que pour la foule, et que les solutions, d’ailleurs partielles, qu’il y peut apporter ne sauraient coïncider exactement avec aucune de celles auxquelles s’arrêtent les partis. […] Elle gagnera ainsi en dignité et en autorité ce qu’elle perdra peut-être en popularité, Car tant qu’elle reste mêlée aux luttes des partis, tant qu’elle se contente d’élaborer, avec plus de logique que le vulgaire, les idées communes et que, par suite, elle ne suppose aucune compétence spéciale, elle n’est pas en droit de parler assez haut pour faire taire les passions et les préjugés.
Nodier disait « Pour juger une grande époque de destruction et de renouvellement, comme celle où nous vivons, il faudrait pouvoir se séparer tout à fait du passé et de l’avenir, ne conserver de l’un que des souvenirs sans passion, ne fonder sur l’autre que des espérances sans regrets… On sent partout, dans ce livre, l’inspiration qui a produit Antigone ; et je ne sais par quel mystère qui étonne et qui effraie, il rappelle le langage des fondateurs de la civilisation, comme si la nôtre était déjà détruite : il résulte de ce mélange d’éléments quelque chose qui accable la pensée, mais qui a un caractère monumental très instructif pour le siècle, si les livres remarquables sont les témoins de l’état de la société. […] Nodier disait plus loin : « Il est évident qu’un genre de considérations si élevé ne sera jamais la théorie d’un parti, parce qu’il est trop supérieur pour cela aux idées ordinaires, aux passions communes des hommes.
Il se fait alors un combat à outrance entre le bien et le mal, entre les instincts généreux du cœur et les faux raisonnements de la passion qui proteste. […] Ce type représente généralement la passion de l’amour, puisque presque tous les romans sont des histoires d’amour. […] La passion du théâtre est telle en France, que le peuple de Paris, quelle que soit sa misère ne saurait jamais s’en passer. […] Alexandre Dumas n’y mit pas sans doute le sérieux et la passion d’Edgar Quinet, d’Eugène Sue, de George Sand ou de Félix Pyat. […] Frédéric Soulié releva le mélodrame en lui donnant une valeur plus littéraire, par l’intensité même de la passion.
Débarrassés de ce que la vulgarité de la vie étroite mêle à la passion, si l’on peut ainsi dire, de néant qui la ravale, les héros des romans de Feuillet, ne vivant que de leur passion et que pour leur passion, comme ceux de Racine, deviennent ainsi l’incarnation même de ce qu’ils représentent. […] Rarement on a mieux fondu, dans l’unité d’un art supérieur, la satire du monde, la peinture de la passion, et, jusque dans le désordre de la passion même, le sentiment persistant de la dignité humaine. […] Évitons les passions ! […] Les mêmes instincts l’animeront toujours, et toujours aussi les mêmes passions l’agiteront. […] celles de la passion ?