C’est sous ce prétexte que je passai aussi dans le vestibule, devant le piccinino occupé à tresser attentivement ses nattes de paille. […] J’y passais mon temps à prier Dieu, et à apprivoiser la plus jeune des colombes. […] Vous savez, monsieur, quand on est si jeune et que l’on compte si peu de mois dans la vie passée, les mois à venir paraissent longs comme des années. […] monsieur, me répondit l’aveugle, il ne se passait rien les premiers jours que des désolations, des désespoirs et des larmes. […] Voilà tout ce qui se passait au grand châtaignier, monsieur : la misère, et le chagrin qui empêchait de sentir la misère.
… Les rêves tristes du passé n’existent plus pour moi. […] Mais c’était décidément un de ces malheureux qui passent leur vie à « se raviser », un eautontimôroumenos ingénieux et plein d’imprévu. […] Quand on a été aussi malheureux que possible pendant des années, on finit par être tranquille sur l’avenir : on sait qu’il vaudra toujours bien le passé. […] Jules Favre a passé tout le soir avec moi… M. […] Je n’ose pas penser à cette rue de Seine : il me semble que je vais retrouver là l’horrible hiver de l’an passé.
Rien de ce que pouvaient avoir de critiquable la politique et l’esprit de l’Église, soit dans le passé, soit dans le présent, ne me faisait la moindre impression. […] Je passe bien des moments cruels ; cette semaine sainte, surtout, a été pour moi douloureuse ; car toute circonstance qui m’arrache à ma vie ordinaire me replonge dans mes anxiétés. […] Je cessai de prendre part aux sacrements de l’Église, tout en ayant le même goût que par le passé pour ses prières. […] si elles savaient ce qui se passe au fond de mon cœur ! […] Je récite les psaumes avec cœur, je passerais, si je me laissais aller, des heures dans les églises ; la piété douce, simple et pure me touche au fond du cœur ; j’ai même de vifs retours de dévotion.
L’enfouissement à fond de cale de l’aventureux marin, la bataille contre les mutins, l’île de Tsalal, l’éboulement, l’explosion du navire, la fuite des blancs, se passent dans des lieux visibles, s’incrustent dans la mémoire comme des actes commis ou subis. […] Il promène par les rues nocturnes et populeuses que passe l’homme des foules, et déploie la lumineuse hallucination d’Auguste Bedloe. […] Il en est d’opiacés et d’hystériques, dont la personnalité a fini d’être effacée par l’abus de passes magnétiques. […] Des êtres pris partiellement dans la réalité seraient d’ailleurs plus complexes et moins intenses, auraient une âme plus mêlée et plus trouble que les esprits rigides et clairs qui passent dans les contes de Poe. […] N’étant plus tenu aux semblants de réalité des contes, et libre de manier à son gré des idées purement générales, le poète y passe du physique au métaphysique par de merveilleuses trajectoires.
Car ils ne peuvent avoir d’influence sur l’évolution sociale qu’à condition d’évoluer eux-mêmes, et les changements par lesquels ils passent ne peuvent être expliqués que par des causes qui n’ont rien de final. […] Ce n’est pas de lui que peut venir cette poussée extérieure qu’il subit ; ce n’est donc pas ce qui se passe en lui qui la peut expliquer. […] Si donc on part de ces derniers, on ne pourra rien comprendre à ce qui se passe dans le groupe. […] Les principales causes du développement historique ne se trouveraient donc pas parmi les circumfusa ; elles seraient toutes dans le passé. […] D’ordinaire, il est vrai, on admet que l’évolution se poursuivra dans le même sens que par le passé, mais c’est en vertu d’un simple postulat.
L’un des premiers, il fut de ces hommes de lettres, intrépides et hardis causeurs, qui passaient leur vie dans la société, y marquaient d’abord leur place, l’y maintenaient de pied ferme tant qu’ils étaient présents, mais s’y dissipaient et ne devaient point laisser d’ouvrage égal à leur renommée ni peut-être à leur valeur. […] Il ne s’est jamais recueilli ; il est de ceux qui n’ont jamais travaillé passé midi et demi : on s’habillait, on mettait manchettes et jabot, on sortait pour dîner en ville, et on ne rentrait plus que très tard le soir ou dans la nuit. […] Ces pages de Mémoires n’ont été écrites par Duclos que dans les dernières années de sa vie ; il ne s’y refuse pas les réflexions sur le temps soit passé, soit présent. […] Celle-ci a bien des défauts sans doute ; elle a aussi ses grossièretés, ses restes de détails matériels, ses affectations de sentiment ; on y voit l’échafaudage ; mais l’élévation y est, mais on entre décidément dans un ordre supérieur et habituel de pensées attachantes et de nobles désirsi : laissez-en la première partie, ne prenez que la seconde : un souffle d’immortalité y a passé. […] La société, quoiqu’il y eût passé sa vie, ne l’avait pas usé.
Très peu de jeunes gens, et cela est heureux, peuvent se passer d’un état, d’une profession ; ceux même qui le pourraient sentent de bonne heure (ou les familles le sentent pour eux) qu’ils doivent faire comme s’ils en avaient besoin. […] Jamais, je l’espère bien, une telle négation du passé n’eût pu prendre et réussir absolument en France, dans cette France où le génie littéraire a sa patrie, où la tradition du talent a ses autels, où le sentiment de la beauté latine et de la grandeur romaine a passé si profondément dans notre veine nationale et dans nos propres origines. […] Lui-même né et sorti des lettres, il n’aurait pu leur faire la moindre injure sans manquer à son passé ; il a donc, dans une combinaison qui est son œuvre, concilié son culte pour elles, le culte de la tradition, avec la part légitime que réclamaient des sœurs rivales, et qui, si elles n’étaient admises, allaient devenir impérieuses. […] Il acquiert pour toute la vie l’habitude de raisonner en chimiste, au lieu de se borner à savoir par cœur, pour quelques mois, le texte de son cours… Aussi, pour la parfaite exécution du nouveau plan d’études, les professeurs trouveront-ils bien plus de profit à préparer leur leçon dans le laboratoire même, au milieu des appareils, en prenant part à la disposition matérielle des expériences, qu’à l’étudier dans leur cabinet, abstraction faite des objets qu’ils vont avoir à manier et à faire passer sous les yeux des élèves. […] Pour arriver à elle, qui régnait encore et à Constantinople et à Rome, il fallait savoir le grec et le latin ; ces deux langues étaient donc la base de toute science, le chemin obligatoire par où l’on devait passer pour arriver de l’ignorance au savoir, de la barbarie à la civilisation.
Ceux de ses écrits qui ont été publiés après sa mort n’ont pu que confirmer cette idée ; les Considérations sur le gouvernement de la France, qui parurent en 1764 dans, une édition très fautive, et dont on refit en 1784 une édition qui passe pour meilleure, justifièrent aux yeux du public les éloges de Rousseau et de Voltaire, et montrèrent M. d’Argenson comme le partisan éclairé et prudent d’une réforme au sein de la monarchie et par la monarchie, d’une réforme sans révolution. […] Honnête homme, il a, à certains égards, les mœurs de son temps ; et ce n’est pas de ce qu’il a fait à la rencontre que je m’étonne : ce qui me passe un peu, c’est qu’il ait songé par endroits à l’écrire, à le consigner exactement dans ses cahiers d’observations et de remarques : il n’a pas la pudeur ; il parle de certains actes comme un pur physiologiste, notant, sans d’ailleurs y prendre plaisir, le cas qui lui paraît rare et la singularité. […] Ne peut-on vivre heureux sans cette régularité de mode qui fait passer aux plaisirs par les peines, l’assiduité, l’importunité, l’exclusion de toute autre liaison ? […] Cela choquait qu’un homme comme mon père fût lieutenant général d’un bailliage, quoique ce soit un des beaux ressorts du royaume ; mais son âge était passé de servir (à la guerre), il trouvait à cela une subsistance et de l’occupation. […] Il n’a pas d’élévation, au moins continue ; il se passe à tout moment des trivialités d’expression qui font de son langage l’opposé du langage noble et digne ; il était certes, à cet égard, très peu propre, on l’a dit, à être un ministre des Affaires étrangères et à représenter dans la forme sans déroger.
C’est l’alpha et l’oméga de chaque lettre ; c’est le prétexte à gentillesses et à enfantillages, quand il n’y a rien de mieux : passons là-dessus. […] On me crie de l’autre chambre : Madame, voilà les trois quarts ; le roi va passer pour la messe. — Allons ! […] Nos cheminées commencent aussi à fumer un peu moins… Nous faisons assez bonne chère, nous passons des nuits fort tranquilles, et toute la matinée à nous parer de perles et de diamants comme des princesses de roman. […] Je suis quelquefois animée, mais c’est pour un moment : ce moment passé, tout ce qui m’avait animée est effacé au point d’en perdre le souvenir. […] Mme la duchesse, de Petit Pierre qui ramassait des cailloux sur les routes et pour qui vous étiez si bonne, quand vous passiez, en le voyant plein de cœur à l’ouvrage ?