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612. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Les graces de la gallerie du Luxembourg et plusieurs autres tableaux n’auroient pas été défigurez, si leurs possesseurs les eussent vûs sans émotion ; car tous les tableaux ne sont pas du genre de ceux dont parle Aristote, quand il dit : qu’il est des tableaux aussi capables de faire rentrer en eux-mêmes les hommes vicieux, que les preceptes de morale donnez par les philosophes. […] Dans la republique dont je parle, on fait apprendre à lire aux enfans dans des livres dont l’éloquence est à la portée de cet âge et remplis encore d’images qui répresentent des évenemens arrivez dans leur propre patrie, lesquels sont propres à leur inspirer de l’aversion contre la puissance de l’Europe qui dans le tems est la plus suspecte à la republique. […] Les acteurs dont je parle sont émus veritablement, et cela leur donne le droit de nous émouvoir, quoiqu’ils ne soïent point capables d’exprimer les passions avec la noblesse ni avec la justesse convenable. […] Ceux des anglois qui sont le mieux informez de l’histoire de leur païs, ne parlent pas d’Olivier Cromwel avec la même admiration que le commun de la nation ; ils lui refusent ce genie étendu, penetrant et superieur que lui donnent bien des gens, et ils lui accordent pour tout merite la valeur du simple soldat et le talent d’avoir sçu paroître penetré des sentimens qu’il vouloit feindre, et aussi ému des passions qu’il vouloit inspirer aux autres, que s’il les avoit senties veritablement.

613. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Les poètes Je ne veux pas parler dans cette mince brochure que des Auteurs de volumes ou de plaquettes, auxquels le lecteur, désireux comme je l’espère de faire plus ample connaissance avec des écrivains si diversement appréciés, pourra être renvoyé ; il me semble, en effet, difficile et souverainement inutile de porter un jugement quelconque sur des personnalités dont les prétentions littéraires ne s’étayent pas sur le moindre écrit. […] Je ne parle ici que des écrivains qu’on eut voulu flétrir du sobriquet de Décadents et que d’après Jean Moréas il faudrait appeler Symbolistes ; comme ces écrivains sont très divers de manière et de talent je ne perçois pas, pour ma part, la nécessité d’une autre raison sociale à leur fortuite congrégation, que celle de Poètes. […] Huysmans, Paul Adam, Poictevin, Dujardin, etc., mais je ne veux actuellement parler que des premiers : Jean Moréas Est l’auteur de deux recueils de vers : Les Syrtes, et Les Cantilènes ; il y a en lui du « Baudelaire avec plus de couleur », comme il l’a lui-même formulé ; du Heine, du Gœthe, du Verlaine, mais aussi beaucoup de Moréas ; dans ces derniers écrits il suit, par ses proses rythmées publiées dans La Vogue, le mouvement qui a porté MM.  […] Laurent Tailhade Dont on parle peu dans les récents articles de presse fut pourtant un des cinq premiers Décadents signalés par M. 

614. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Ils parlaient souvent par signes ; ils pensèrent que les éclairs et la foudre étaient les signes de cet être terrible. […] C’est la langue des dieux dont parle Homère. […] C’est cette langue que parlent les armes des héros ; elle est restée celle de la discipline militaire. […] Enfin ses forces diminuant tous les jours, il resta quatorze mois sans parler et sans reconnaître ses propres enfants. […] La traduction de l’ouvrage dont nous venons de parler entrerait dans cette nouvelle publication.

615. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

tes œuvres, vraiment, parlons-en. […] Pour aujourd’hui il y a licence de parler. […] Mais je ne parlerai nullement de Carthage, parce que parler de mes plans me trouble. […] Parler de soi est toujours mal. […] Ils parlent trop bien.

616. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Ils font parler des livres couronnés et découronnés, font vendre de ceux-ci et de ceux-là. […] Il a fait beaucoup parler de Charles-Louis Philippe en un temps où l’on n’en parlait guère. […] Je ne veux même pas parler des ravages du bas-bleuisme déchaînés par l’usage des prix côté des dames. […] Je veux parler du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier. […] L’écrivain qui tient absolument à faire parler de lui a une ressource : qu’il se suicide.

617. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

J’éprouve le désir souriant de vous parler au vocatif. […] D’ailleurs, vous avez peut-être raison de ne jamais parler des vrais écrivains. […] C’est toujours ça de gagné, pour parler sa langue élégante. […] S’il en parle à Paris, il revêt l’air détaché et demi-railleur qui convient. […] Pierre Brun parle ce dernier dialecte, avec moins de hardiesse toutefois que le touranien de la rue d’Ulm.

618. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Vous trouvez peut-être que dans mes récriminations je me mets trop en cause, que je parle trop de moi. […] En m’armant contre vous pour défendre un art que j’idolâtre, j’ai voulu d’abord vous écrire au nom de tous mes confrères, victimes comme je le suis de vos idées nouvelles ; mais, en y réfléchissant, j’ai pensé qu’il me serait difficile de parler collectivement. […] Maintenant parlons de vos ouvrages et de l’effet qu’ils ont produit sur le public. […] Je ne vous parlerai pas de tous ces mots gothiques et grotesques dont vous croyez devoir semer votre dialogue. […] Vous voyez que je vous parle d’un temps où peut-être vous n’étiez pas né.

619. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Ce serait une occasion naturelle pour parler de l’ouvrage et de l’auteur, s’il était besoin pour cela d’une occasion, et si le nom de M.  […] Saint-Ange a fait imprimer ses Métamorphoses ; Chénier prépare aux Français un Don Carlos… En un mot, elle parlait à Daru de tout ce qu’elle savait bien qui l’intéressait le plus et qui lui tenait le plus à cœur. […] Cette lettre de Sophie Arnould est datée de son lit où la clouaient la maladie et la douleur : Mais parlons, lui disait-elle, du bonheur que m’a procuré la lecture de votre Épître. […] Il lui parle d’un poète ou versificateur de sa connaissance, d’un M.  […] Quelquefois, entendant parler de vous, il m’est arrivé de dire avec un air de satisfaction : “J’ai vu naître ces talents-là, et j’en conserve précieusement les premières ébauches.”

620. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Comme certaine pierre dont on parle en physique, il garde quelque temps le rayon, même après que le soleil est couché. […] Sur une lecture qu’il fit à Bossuet d’un écrit composé par lui, Le Dieu, et où il commentait l’un des actes de l’assemblée du Clergé de 1700, il dira : « Il (M. de Meaux) y a remarqué quelques expressions de son style, qu’il dit qu’il faut déguiser ; il a approuvé tous les endroits de doctrine ; … il a gobé tous les éloges que je lui donne, sans parler d’en retrancher le moindre mot ; il veut, au contraire, que je diminue celui de M.  […] Cela n’empêche point qu’à quelques jours de là, et sur la demande de l’abbé Bossuet, il ne compose ce mémoire dont nous avons parlé, et qui était destiné dans le principe à servir de matériaux et de notes pour une oraison funèbre ; mais il y met avec raison son amour-propre, et, voyant que les premiers cahiers réussissent auprès de ceux à qui il les lit, il redouble de soin et fait un ouvrage utile et plus agréable qu’on n’était en droit de l’attendre de lui. […] J’en ai pris occasion de lui demander le petit calice dont je lui avais déjà parlé à Meaux, et il me l’a donné de bonne grâce. […] L’entretien fut aussi très aisé, doux et même gai : le prélat parlait à son tour, et laissait à chacun une honnête liberté ; je remarquai que ses aumôniers, secrétaires et son écuyer parlèrent comme les autres, fort librement, sans que personne osât ni railler ni épiloguer.

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