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482. (1864) Le roman contemporain

Je n’ai pas compté les pages. […] On éprouve une sensation de froid et d’obscurité en parcourant ces pages ; l’âme, ce soleil moral qui éclaire et échauffe, en est absente. […] On sent à chaque page la main d’un novice. […] À cette page les yeux des jeunes femmes se mouillent de douces larmes. […] Cette question ne laisse pas d’être motivée, et mon respect pour la vérité m’oblige à ajouter que plus d’un jeune et beau lecteur a fait la grimace en arrivant à cette page.

483. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Mais cette chère enfant, ainsi échappée au danger, — cette enfant, l’unique soin de sa mère et la joie de la maison, — meurt quelques mois après, et elle laisse dans l’âme du père une douleur qui s’épanche en plus d’une page. […] Sur le sacrement de l’Eucharistie en particulier il hésite, il est tenté de revenir en arrière : il a là-dessus une bien belle page, pleine d’onction, d’humilité, de candeur : 1er janvier 1611. […] … Lorsque Casaubon écrivait cette page touchante, il était depuis quelques mois en Angleterre : la mort de Henri IV son bienfaiteur, l’incertitude de l’avenir en France, les avances réitérées et pressantes du roi Jacques l’avaient décidé à se transplanter encore une fois ; il avait cinquante et un ans, et pendant les trois ou quatre années qu’il vécut encore, il n’eut qu’à se féliciter du parti qu’il avait pris. […] On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.

484. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

L’édition actuelle porte en mainte page les marques de ce scrupule. […] Maurice de Guérin, dans les années où il a écrit les pages qui le recommandent à la mémoire comme artiste, les belles pages dont on se souviendra dans une histoire de l’art, — ou des tentatives de l’art au xixe  siècle, — avait cessé de croire et de prier. […] Vivant avec l’abandon des fleuves, respirant sans cesse Cybèle, soit dans le lit des vallées, soit à la cime des montagnes, je bondissais partout comme une vie aveugle et déchaînée… » Et vous oserez dire qu’un souffle de panthéisme n’a point passé sur de telles pages !

485. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Les Quatre Concordats (1818), tome II, pages 66 et suivantes. […] Voir, à ce sujet, au tome III des Quatre Concordats, une vingtaine de pages des plus spirituelles et des plus justes (p. 197-215). […] Voir au tome neuvième, page des Mémoires de M. de. […] Voir pages 237, 300, tome IX, de ces mêmes Mémoires du duc de Doudeauville (l’ancien vicomte Sosthènes de La Rochefoucauld).

486. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

  Je dirai que lorsqu’au bas d’une de ces pages de Don Quichotte, l’excellent et si méritant traducteur, M.  […] Il faut donner cette page entière, monument de sa philosophie et de sa gaieté. […] Est-il, je le demande, en tout Don Quichotte, un récit plus vif, une page qui soit mieux enlevée que celle-là ? […] Voir à la page 356 des Études littéraires sur l’histoire contemporaine, par M. 

487. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Et cependant rien qu’avec sa galerie de la Fronde, et les dix-sept portraits qui la composent, et n’eût-il que ces pages à opposer à ses détracteurs, Retz écrase à jamais tous les Bazin du monde par la largeur et l’éclat de la vérité morale, par la ressemblance expressive des caractères et des figures ; il rejoint les Vénitiens. […] Mais, même après avoir signalé le côté injuste et tout ce qui manque au portrait de Villars comme général, on est forcé de convenir que l’homme, le glorieux, l’audacieux, est rendu au vif dans les pages de Saint-Simon et qu’on a sous les yeux le personnage en chair et en os. […] Je courus aux batteries faire tirer, afin de venger la perte de l’État et la mienne. » De telles pages, toutes sincères et d’original, sont de ces bonnes fortunes qu’on ne saurait négliger en passant et dont on aime à faire partager l’impression à ses lecteurs. […] Veut-on maintenant non un récit (il n’en a pas fait), mais une page de Saint-Simon à ce propos, un de ces portraits comme il lui en échappe à tout coup, avec son feu, sa concentration, sa scrutation des cœurs, son assemblage heurté des plus rares et des plus curieuses circonstances apprises de toutes parts, ramassées on ne sait d’où, mais qui se pressent et se confondent comme des éclairs entrecroisés ?

488. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Gandais, tome II, page 109. […] Mémoires du compte de Senfft ; Leipzig, 1863, page 62. […] Il m’a quitté ; je l’avais assez brusquement quitté moi-même ; il s’est souvenu de mes adieux de 1814. » (Mémoires d’un Ministre du Trésor public, tome IV, page 200.) […] Au tome XXIII, page 200, de la Correspondance de Napoléon Ier.

489. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Nous entendons traiter Perrault d’ignorant à chaque page : nous lisons qu’il a commis, ici, « une grossière faute de français », là « une ineptie ridicule », là « cinq énormes bévues ». […] On ne s’étonnera donc point que les meilleures pages que Boileau ait écrites sur la Querelle des anciens et des modernes, soient celles où il entre dans les vues de son adversaire : je veux parler de la lettre qu’il écrivit à Perrault en 1700, après que le grand Arnauld, leur ami commun, les eut réconciliés. […] Mais Boileau, en écrivant ces pages excellentes, abandonnait sa position. […] Il est vrai qu’en cinq pages Boileau disait plus de vérités que Perrault en quatre volumes : mais enfin, avec toute la vénération possible pour l’antiquité, l’auteur de l’Art poétique et des Réflexions sur Longin confessait qu’il était réellement un « moderne ».

490. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

», trouvant sans doute qu’il était décidément hors de page. […] Bien d’autres pages sont d’un homme qui se connaît aux choses d’amour. […] Marc lui dit fort posément : « Je vous tiens ; je ne vous lâcherai pas comme cela ; attendons. » — Dans l’Amie, Germaine April, aimée de Maxime Rivols, raconte tout à sa femme, et celle-ci, de son côté, prévient le mari de Germaine, s’entend avec lui pour surveiller les deux autres ; et cette situation infiniment délicate, cet équilibre des plus instables se maintient pendant plus de cent pages. […] Il caracole presque trop : par exemple, dans ce passage de Madame de Givré, dix pages avant le coup de pistolet dont elle tue son amant en voulant tuer son mari — le seul coup de pistolet qui soit tiré dans les romans de M. 

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