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3017. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Je lisais le premier ouvrage de Tourgueneff : les Chasseurs russes, et je faisais durer autant que possible le plaisir, en posant souvent le volume sur mes genoux et en m’enivrant des mœurs naïves et des charmantes images dont chacune de ces nouvelles était un recueil délicieux. […] Il me donna tous ses ouvrages ; je les emportai à la campagne ; j’aurais voulu emporter l’auteur ! […] On se souvenait des facultés de travail du robuste muet ; on lui donna une faux, et il se mit à l’ouvrage comme par le passé, et il faucha de telle sorte que tous ses compagnons l’admiraient.

3018. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Mais D’Ablancourt, simple traducteur d’ouvrages en prose, mais Balzac l’ancien ne sont-ils pas aussi harmonieux que n’importe quel poète ? […] cependant, il y a tant de divination, d’intelligence et de curiosité dans ces deux ouvrages qu’ils dépassent le cadre des œuvres d’art bien réalisées. […] Tandis que j’écrivais, on me remit un jour l’ouvrage posthume de mgr Duchesne : l’église au VIe siècle. j’ai couru au chapitre sur les églises celtiques, ému à la pensée, à la certitude que j’y trouverais traduit, sur le latin de Bede par la main défaillante de Duchesne, un des plus beaux poèmes que je connaisse.

3019. (1886) Le naturalisme

Je ne dis rien du style de cet ouvrage : c’est la nature même qui écrit. » L’impression que cause le petit volume de Prévost est celle que produit un évènement arrivé, une analyse d’une passion faite par le patient. […] Pour composer un roman en un volume, Flaubert consultait cinq cents ouvrages, faisait six tomes d’extraits et mettait parfois huit années à l’écrire. […] Ils écrivent donc des livres à la portée de l’enfance et de la jeunesse, ouvrages qui sont rédigés souvent par des plumes habiles et fameuses, qui ont l’habitude de s’adapter au degré de développement auquel sont arrivées les facultés du public spécial à qui elles s’adressent. […] Quoique j’aie lu, dans mon enfance, l’Iliade et le Don Quichotte au point d’en apprendre des morceaux par cœur, je n’ai jamais pu posséder un exemplaire d’Espronceda ou de Notre-Dame de Paris, ouvrages que leur réputation satanique éloignait de mes mains.

3020. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Elle fait des ouvrages de couture qu’on lui refuse parce qu’ils sont mal faits. […] Probablement la grammaire comparée de Bopp et les derniers ouvrages de Hœckel. […] C’est la vérité des caractères et des passions, celle qui se fait tout autant reconnaître dans les tragédies de Sophocle ou de Racine et dans les comédies de Molière que dans les meilleurs ouvrages de Dumas fils, de Meilhac ou d’Henry Becque. […] Ce ne sont point les figures qui sont fausses ou conventionnelles, c’est l’impression que le peintre en a reçue, le regard dont il les considère, l’opinion qu’il a d’elles et qu’il exprime ou laisse deviner dans le courant de son ouvrage. […] Je vous ai connue toute petite ; déjà, vous me consultiez sur tout… Votre tour d’esprit, votre façon un peu « artiste » et généreuse de juger les choses, vos goûts intellectuels n’est-ce pas mon ouvrage ?

3021. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il y aurait surtout à bien éclaircir le texte au moyen de notes claires, simples, précises ; il faudrait que, d’un coup d’œil jeté au bas de la page, le lecteur fût brièvement informé de ce que c’est que tous ces auteurs et ces ouvrages oubliés que cite continuellement Gui Patin, et que, sans être médecin, on pût comprendre dans tous les cas s’il s’agit du Pirée ou d’un nom d’homme.

3022. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Lassay était de ces esprits tempérés, bien faits et polis, que l’usage du monde a perfectionnés en les usant, qui ont peu d’imagination, qui n’ajoutent rien aux choses, et qui prisent avant tout une observation juste, une pensée nette dans un tour vif et concis : « Un grand sens, disait-il, et quelque chose de bien vrai renfermé en peu de paroles qui l’expriment parfaitement, est ce qui touche le plus mon goût dans les ouvrages d’esprit, soit en vers, soit en prose. » Il n’allait pas pourtant jusqu’à la sécheresse, et il tenait à rester dans le naturel ; il croyait que les choses qu’on dit ont quasi toujours chance de plaire quand elles sont plutôt senties que pensées : « Il y a des gens qui ne pensent qu’à proportion de ce qu’ils sentent, observait-il ; et il semble que leur esprit ne sert qu’à démêler ce qui se passe dans leur cœur : ces gens-là, qui sont toujours vrais, ont quelque chose de naturel qui plaît à tout le monde. » Chamfort, qui prête quelquefois de son âcreté aux autres et qui est homme à la glisser sous leur nom, a écrit dans ses notes : « M. de Lassay, homme très doux, mais qui avait une grande connaissance de la société, disait qu’il faudrait avaler un crapaud tous les matins pour ne trouver plus rien de dégoûtant le reste de la journée quand on devait la passer dans le monde. » On ne voit rien ou presque rien dans ce que dit et dans ce qu’écrit Lassay qui soit en rapport avec une si amère parole54.

3023. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Racine fût bien au-dessus de Pradon, il ne laissoit pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composoit en même temps que lui la tragédie de Phèdre… Pradon venoit souvent chez ma mère, pour laquelle il avoit beaucoup de considération, et au goût de qui il avoit assez de confiance pour la consulter sur les ouvrages qu’il faisoit… La Phèdre de M.

3024. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

L’ouvrage fut publié d’abord en 1770. « La Révolution, dit un des personnages, s’est opérée sans effort, par l’héroïsme d’un grand homme, d’un roi philosophe digne du pouvoir, parce qu’il le dédaignait, etc. » (

3025. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Mais cette réconciliation, ouvrage de l’amitié désintéressée du fils de Saül, ne dure pas.

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