Effectivement, les Alsaciens-Lorrains pas plus que les Méridionaux n’ont donné à la France de poètes de premier ordre, car Verlaine est né à Metz par hasard. […] L’ordre, le classicisme, la pureté, on n’entend que cela dans leurs discours. […] (Il n’a cessé nonobstant de fournir des prosateurs de premier ordre : témoignage de la prééminence de la Poésie.) […] Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Leconte de Lisle, Charles Guérin et Paul Claudel, parmi lesquels il s’en trouve au moins quatre de troisième ordre, et dont le dernier ferait honneur aux Tchécoslovaques, alors, cent poètes du Midi peuvent briguer les mêmes lauriers, et quelques-uns demander du supplément… M. […] Voici d’abord des poètes de second ordre, mais dont le dernier est encore supérieur à beaucoup de « célébrités » de la seconde moitié du xixe siècle, Baudelaire mis à part : Poitou.
Quoique destiné dès le commencement à l’Église, et entré dans les ordres à l’époque des querelles suscitées par la Réforme, Amyot évita la théologie, et jusqu’à son élévation à l’évêché d’Auxerre, il ne s’occupa que d’études profanes. […] Amyot eut cette sorte de génie, qu’il sentit avec une admirable justesse tout ce que l’esprit français développé par cette première culture de l’antiquité, pouvait concevoir et exprimer d’idées générales, et qu’en traduisant un des écrivains de l’antiquité les plus riches en idées de cet ordre, il s’arrêta toujours au point juste où le génie de notre langue aurait résisté. […] Dans quel ordre d’idées Plutarque n’at-il pas, soit exprimé quelque vérité durable et féconde, soit recueilli quelque fait d’où sortira, sous la plume d’un autre écrivain une vérité de ce genre ? […] S’il se passe ordinairement de la compagnie des livres quand il écrit, de peur, dit-il, qu’ils n’interrompent sa forme, et aussi parce que les bons auteurs le découragent, « il se peut plus malaysement desfaire de Plutarque », « Il est si universel et si plein, ajoute-t-il qu’à toutes occasions et quelque subject extravagant que vous ayez prins, il s’ingere à vostre besogne, et vous tend une main libérale et inespuisable de richesses et d’embellissements134. » On s’imagine en effet Montaigne, aux jours où il était à court d’idées, ou mal en train d’écrire, se mettant à feuilleter Plutarque, sans ordre et sans dessein, et, s’il tombait sur une de ces pensées profondes ou seulement ingénieuses, qui abondent en cet auteur et qui éveillent l’esprit, s’y attachant et se mettant à penser à la suite de Plutarque. […] Beaucoup même le regardent comme le premier ouvrage de génie, dans l’ordre des temps ; ce serait juste, s’il n’y avait d’écrivains de génie que ceux qu’on lit.
Voilà tout l’ordre que je me suis proposé dans ce discours. […] C’est d’abord un préjugé contre elle que cette singularité ; car le but du discours n’étant que de se faire entendre, il ne paroît pas raisonnable de s’imposer une contrainte qui nuit souvent à ce dessein, et qui exige beaucoup plus de tems pour y réduire sa pensée, qu’il n’en faudroit pour suivre simplement l’ordre naturel de ses idées. […] Si on les en croit, l’essence de l’enthousiasme est de ne pouvoir être compris que par les esprits du premier ordre, à la tête desquels ils se supposent, et dont ils excluent tous ceux qui osent ne les pas entendre. […] J’ai développé quelquefois ses pensées, et j’y ai ajouté quelques transitions, pour ne pas trop heurter notre goût. à cela près, j’ai conservé autant que j’ai pû ses idées, son ordre, son esprit de narration, la hardiesse de son style, et quelquefois son excès, sur-tout dans l’ode où je le fais parler lui-même, et dont je ne dis rien ici pour ne pas répéter l’argument qui la précéde. […] Une bonne chose ne le paroît presque pas après une meilleure : au lieu qu’en changeant d’ordre, elles font l’une et l’autre leur impression ; et l’esprit parvenu ainsi par degrés à un sens complet et digne de son attention, se repose naturellement, avant que de passer à un autre.
Rappelons-nous encore à ce propos les paroles de Pascal : « Les parties du monde ont un tel enchaînement l’une avec l’autre que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre et sans le tout. » Il précise plus loin sa pensée : « La flamme ne subsiste point sans l’air : donc, pour connaître l’une il faut connaître l’autre. » La théorie moderne de l’unité des forces physiques, ou, dans l’ordre des sciences naturelles, les progrès de l’anatomie et de la physiologie comparées sont de belles « illustrations » de cette liaison, de cette connexité, de cette solidarité et de cette « relativité » de nos connaissances. […] La vérité scientifique en soi n’est donc pas d’un autre ordre que les vérités qu’on l’a vue quelquefois essayer, non seulement de se subordonner, mais d’« intérioriser. » La connaissance que nous avons des lois de la nature n’a rien de plus « objectif », ou de plus « absolu », que celle que nous pouvons acquérir des lois de l’esprit ou de celles de l’histoire. […] Ceux qui croyaient encore, vers le milieu du XIXe siècle, aux générations spontanées ne se trompaient que de ne pas connaître toutes les circonstances de la production des infiniment petits et, pareillement, ceux qui n’ont voulu voir longtemps, dans les fermentations, qu’un phénomène ou un fait de l’ordre physico-chimique. […] L’affirmation de cette objectivité est elle-même, s’il en fut, une affirmation de l’ordre métaphysique, puisqu’elle dépasse absolument l’expérience. […] La vérité, c’est l’acquêt de l’expérience humaine, que d’ailleurs il faut bien se garder de confondre avec le « consentement universel. » Le consentement universel n’est souvent que l’erreur commune, et il n’est dans presque tous les cas que rencontre ou coïncidence fortuite, mais l’expérience, c’est le consentement universel passé pour ainsi dire au crible de la critique et de l’histoire ; — c’est le consentement universel dégagé des circonstances qui le déterminent, à peu près comme la loi d’un fait n’est sans doute que ce fait lui-même, dépouillé ou abstrait des conditions qui le particularisent ; — c’est le consentement universel, jugé, et tantôt confirmé, mais tantôt condamné, par ceux qui ont autorité pour le faire, et qui sont, en tout ordre de choses, les spécialistes de la chose.
Or, l’ordre a ses parodies jusque dans la fange. […] Sainte-Beuve, ce serait du népotisme, et il y aurait donc dans l’ordre littéraire quelque chose de possible, comme un cardinal-neveu ! […] On dirait qu’il a interverti l’ordre des procédés ordinaires, et qu’il n’a pas placé ses personnages dans ses descriptions, mais plaqué ses descriptions par-dessus ses personnages, mettant l’accessoire devant le principal, et la plastique inerte devant la nature vivante ! […] Ainsi, dans l’ordre des caractères, la grand’mère de Catherine est le seul qu’on puisse excepter de l’abaissement général, mais l’originalité n’y est pas, et aux termes où en sont arrivées les littératures, il n’est plus permis de peindre la maternité sans rencontrer l’originalité dans la profondeur qu’on lui donne. […] Ainsi, dans l’ordre des scènes et des effets, l’enlèvement odieux de Catherine, odieux des deux côtés, et pour l’homme qui l’enlève et pour elle, l’enlèvement une fois consenti, il est certainement le morceau le plus pathétique du roman.
Sa probité, dans l’ordre esthétique, eût été un défaut d’être. […] C’était le moyen de lui rendre une justice supérieure et de le faire rentrer dans un ordre. […] Et nous éprouvons, je crois, que si, de ces deux levers de soleil, l’un vient après l’autre dans l’ordre de la beauté, c’est un peu qu’ils se sont succédé pareillement dans l’ordre du temps. […] Quand ses images ne prennent pas place dans un ordre, c’est de l’or qui devient charbon. […] Ils sont catholiques parce qu’ils éprouvent certains besoins d’ordre religieux.
. ; nous rangeons ces images dans l’ordre de leur importance, c’est-à-dire de leur spécificité par rapport à l’idée de cheval. […] Tout signe étant une image d’un ordre déterminé, représentera mal les images qui lui sont irréductibles ; c’est là un défaut auquel le signe analogique n’échappe pas plus que le signe arbitraire, et, sous ce rapport, une idée particulière est aussi difficile à bien exprimer qu’une idée générale. […] Ceci nous conduit à un nouvel ordre de considérations sur l’utilité, et en même temps sur la formation, des signes arbitraires. […] Qui sait d’ailleurs si, pour certains esprits et dans certains ordres d’études, — en philosophie, par exemple, et dans les hautes mathématiques, — l’assimilation et la critique ne demandent pas un plus grand effort de réflexion que la simple invention ? […] A savoir, de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées […].
Peu de temps après l’avènement de ce prince, il fut créé chevalier de l’ordre du Bain avec tout le cérémonial en usage. […] Ordre avait été donné d’empêcher la rencontre des deux adversaires. […] Il était depuis peu de temps à Londres lorsqu’il reçut l’ordre de se présenter devant les lords du conseil. […] Lucifer n’y est pas le souverain despotique que vous croyez, et il a une peine infinie à faire régner l’ordre dans le vaste empire qu’il gouverne. […] Comment l’ordre y régnerait-il lorsqu’il n’est composé que d’habitants dont la révolte avouée ou secrète contre les lois morales-a été l’unique ambition : conspirateurs contre la vérité, affiliés aux sociétés secrètes du vice et de la corruption, rebelles au bien et à l’ordre moral ?
Tout le faix des marches et des ordres de subsistances portoit toutes les campagnes sur Puységur, qui même dégrossissoit les projets. […] Alors il étoit inaccessible à tout, et s’il arrivoit quelque chose de pressé, c’étoit à Puységur à y donner ordre. […] et ce Dangeau si comique à le bien voir, qui a reconquis notre estime par ses humbles services de gazetier auprès de la postérité, mais qui n’en reste pas moins à jamais orné et chamarré, comme d’un ordre de plus, de la description si complète et si divertissante qu’a faite de lui Saint-Simon. […] La seule réponse, encore une fois, est dans les faits accomplis : à Saint-Simon reste l’honneur d’avoir résisté à l’abaissement et à l’anéantissement de son ordre, de s’être roidi contre la platitude et la servilité courtisanesque. […] Saint-Simon alors était fort jeune et n’avait aucun rôle apparent : son principal rôle, c’était celui qu’il se donnait d’être le champion de la duché-pairie et le plus pointilleux de son ordre sur les rangs.