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559. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Paul Verlaine Tu nous fuis comme fuit le soleil sous la mer Derrière un rideau lourd de pourpres léthargiques, Las d’avoir splendi seul sur les ombres tragiques De la terre sans verbe et de l’aveugle éther.

560. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Il faut aimer la liberté. » La liberté, nous l’avions alors : c’était pour nous, de prendre possession de tout ce qui nous entourait, de rouler sur l’herbe, de moissonner les fleurs, de faire jouer les serrures verrouillées, et c’était pour moi, souvent, de m’entretenir en silence avec les peintures des galeries et les grandes ombres du clair de lune, car déjà j’avais la tête farcie de romans dévorés en cachette.

561. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Qu’il soit dans l’ombre ; que la lumière qui vient d’en haut arrive sur les déesses diversement rompue par les arbres, pénétrés par les rayons du soleil ; qu’elle se partage sur elles et les éclaire diversement.

562. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

En poësie comme en peinture, on a peine à souffrir l’ombre de l’égalité.

563. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Cependant l’ombre des montagnes couvrait déjà les forêts dans les vallées ; le vent se calmait, comme il arrive au coucher du soleil: un profond silence régnait dans ces solitudes, et on n’y entendait d’autre bruit que le bramement des cerfs, qui venaient chercher leurs gîtes dans ces lieux écartés. […] Souvent elle y venait laver le linge de la famille, à l’ombre des deux cocotiers. […] Ils connaissaient les heures du jour, par l’ombre des arbres ; les saisons, par les temps où ils donnent leurs fleurs ou leurs fruits ; et les années, par le nombre de leurs récoltes. Ces douces images répandaient les plus grands charmes dans leurs conversations. « Il est temps de dîner, disait Virginie à la famille, les ombres des bananiers sont à leurs pieds » ; ou bien: « La nuit s’approche, les tamarins ferment leurs feuilles. — Quand viendrez-vous nous voir ? […] Le poëme finit par leur tombeau sur la plage à l’ombre des lataniers des Pamplemousses.

564. (1888) Études sur le XIXe siècle

À côté de ces trois toiles et de l’Ombre de la Mort, j’en pourrais citer plusieurs autres du même artiste qui dénotent la même tendance, qui rentrent au plus haut degré dans cette peinture d’intentions qu’aime et défend l’esthéticien auquel les préraphaélites durent leurs premiers succès, John Ruskin. […] Quelque inexprimables que soient ses sujets, qu’il erre en plein ciel ou eu pleine nuit, ou qu’il écoute les paroles de la bouche d’ombre, il tend toujours à se rapprocher de la forme matérielle, à expliquer l’invisible par ce qu’on peut voir et l’intangible par ce qu’on peut toucher. […] En France, le juste milieu prend racine ; en Allemagne il croît et renforce dans l’ombre. […] nulle parole humaine ne pouvait l’exprimer — nulle action, si dévouée qu’elle te parût, n’était l’ombre de ce que ce cœur désirait produire pour toi. […] Les Rayons et les Ombres.

565. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Aussi naît-il à l’ombre des Révélations, les manifestant vivantes par son intime union avec elles et témoignant de leur mort en les quittant. […] Tout son mérite fut d’accepter le bonheur qu’il eut, ce point d’ombre, d’être entouré de lumières et son surnom de Roi-Soleil sonne dans l’histoire ironiquement. […] Or le génie, l’ombre de Dieu, est comme lui de créer. […] Son ombre n’est qu’une fraîcheur sans horreur. […] que me suis-je assise à l’ombre des forêts !

566. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Peu à peu la maison entr’ouvre ses fenêtres, Où tout le soir vivant et parfumé pénètre, Et comme elle, penché sur l’horizon, mon cœur S’emplit d’ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur. […] faut-il que mes yeux s’emplissent d’ombre un jour Et que j’aille au pays sans vent et sans verdure, Que ne visitent pas la lumière et l’amour ! […] Elle se dessèche, elle se consume en silence, elle n’est plus bientôt que l’ombre d’elle-même. […] S’être figuré l’idéal sous ce gracieux symbole : un groupe de vierges enlacées, esquissant un pas rythmique à l’ombre des lauriers-roses, sous l’immortel azur du ciel hellénique, et couler ses jours sous l’affreux ciel parisien, eût-on pris soin par avance d’orner sa demeure de tous les objets propres à en faire oublier la noirceur, c’est quand même un rude contraste ! […] La chevelure de Psappha, où l’ombre avait effeuillé ses violettes, était imprégnée du parfum tenace de l’Orient.

567. (1932) Le clavecin de Diderot

Et pas l’ombre de ces prétextes, symboles ou, au moins, à la rigueur, excuses de rapidité à la course, copieuses virilités, dont eurent, au temps païen, l’élémentaire politesse de se mettre en quête, sirènes, centaures et faunes. […] C’est à croire que tous ces détails amoncelés doivent, seulement, servir à masquer, de leur ombre, la loi d’universelle réciprocité. […] Entre les deux larrons, les deux marrons9, le Christ n’est plus que l’ombre d’un misérable bigoudi. […] Il n’y a point de squelette à ressusciter, point de forme à redonner à cette abstraction, ni de vie à cette ombre détachée de son corps originel. […] Et quels dessins animés dans les vallées cervicales, à même la terre labourée, à l’ombre des oiseaux sous les pieds des chevaux.

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