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236. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Depuis lors, M. de Laferrière est passé à l’histoire pure, en allant prendre copie en Russie des nombreuses lettres de Catherine de Médicis que possède la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg ; mais il est resté fidèle à la variété de ses goûts et à sa littérature première en y ajoutant, chemin faisant, quantité de menu butin recueilli ou glané sur d’autres branches plus agréables qui s’offraient à lui. […] Il a commencé à nous ouvrir son trésor, y compris celui de son érudition, dans deux volumes, où il est un peu question de tout et où il a tenu à faire montre d’abord de ce qui concerne l’antiquité ; mais l’antiquité n’est pas précisément ce qu’on lui demande, et, si instruit qu’il soit, il n’est pas là non plus dans son domaine : on l’attendait avec impatience sur les époques modernes, et aujourd’hui il vient nous en offrir un avant-goût en extrayant de son tome troisième des lettres de Henri IV, de la reine Marguerite, de Du Plessis-Mornay, et aussi de Montaigne. […] Elle le fut à moi et ne l’avait été que deux fois auparavant, quelques années y avait, à M. de Lansac et fraîchement à M. de Biron, maréchal de France, en la place duquel je succédai ; et laissai la mienne à M. de Matignon, aussi maréchal de France… La fortune voulut part à ma promotion par cette particulière circonstance qu’elle y mit… Alexandre dédaigna les ambassadeurs corinthiens qui lui offraient la bourgeoisie de leur ville ; mais quand ils vinrent à lui déduire comme Bacchus et Hercule étaient aussi en ce registre, il les en remercia gracieusement. » Montaigne s’égaye et badine. […] Il faut être un Malesherbes par le cœur pour s’en revenir exprès de Lausanne après le 10 août, sans nécessité, tout exprès pour offrir ses bons offices à Louis XVI et mettre sa propre tête au hasard du couteau.

237. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Je le dis tout d’abord, ils sont peu agréables à lire, quoique très essentiels pour la connaissance intime et profonde de La Mennais, ils n’offrent à première vue rien qui flatte, rien qui réponde aux désirs de l’imagination. […] Ce qui est certain, c’est que la Correspondance de La Mennais lui-même, contemporaine des choses de sa jeunesse, n’a pas cette vivacité de teinte ; elle s’offre à nous assez terne et sans aucun charme. […] D’un autre côté, un désir constant, qui semble résister à tous les obstacles et triompher des répugnances naturelles les plus vives, n’offre-t-il pas un caractère de vocation digne au moins d’être examiné ? […] Au lieu de cela, en dehors de l’étude et d’une lecture assez étendue, mais toute sérieuse, La Mennais jeune n’a que des relations et des préoccupations d’un ordre unique : une guerre, à Saint-Malo, du petit séminaire contre l’Université, Saint-Sulpice à l’horizon pour toute capitale, et deux ou trois amis avec qui il correspond sur les mêmes objets élevés, mais toujours pris d’un seul point de vue ; rien d’ailleurs qui vienne renouveler l’esprit et lui offrir une variété d’aliments.

238. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Vivre, puisqu’il le faut, de la vie de tous, subir les hasards, les nécessités du grand chemin, y recueillir les enseignements qui s’offrent, y fournir au besoin sa tâche de pionnier ; puis se dédoubler soi-même, et dans une part plus secrète réserver ce qui ne doit pas tarir ; l’employer, l’entretenir, s’il se peut, à l’amour, à la religion, à la poésie ; cultiver surtout sa faculté de concevoir, de sentir et d’admirer : n’est-ce pas là une manière d’aller décemment ici-bas, après même que le but grandiose a disparu, et de supporter la défaite de sa première espérance ? […] Les Pleurs, qui viennent de paraître, avec plus de rhythme et de couleur que les précédents volumes. offrent aussi, l’avouerai-je ? […] « J’avais quatre ans à l’époque de ce grand trouble en France. — Les grands-oncles de mon père, exilés autrefois en Hollande à la révocation de l’Édit de Nantes, offrirent à ma famille leur immense succession, si l’on voulait nous rendre à la religion protestante. […] « C’est alors que le théâtre offrit, pour eux et pour moi, une sorte de refuge ; — on m’apprit à chanter, — je tâchai de devenir gaie, — mais j’étais mieux dans les rôles de mélancolie et de passion. — C’est tout à peu près de mon sort.

239. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On ne refusait pas les soldats qui s’offraient, mais les soldats, une fois engagés, restaient en général fidèles et servaient à leur rang. […] Aux œuvres, aux hommes qui se produisent et qui ont le don de l’amuser, de le fixer un instant, il est empressé, accueillant, facile ; il offre d’abord tout ce qu’il peut offrir, une sorte d’égalité distinguée : il vous accepte, vous êtes en circulation et reconnu auprès de lui, après quoi il ne demande guère plus rien. […] Il faudrait souvent s’oublier soi-même et sa part d’illusions d’autrefois ; ne pas en vouloir aux autres d’avoir, en mainte occasion, déçu nos rêves, desquels, après tout, ils ne répondaient pas ; tâcher de les considérer, non plus avec un rayon de soleil dans le regard, non pas tout à fait avec le sourcil trop gris d’un Johnson ; ne jamais substituer l’humeur au coloris ; voir enfin, s’il est possible, les œuvres et les hommes sous le jour où nous les offre ce moment présent, déjà prolongé.

240. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

L’auteur de Mademoiselle Justine de Liron 13, qui connaît cette littérature aimable et intime beaucoup mieux que nous, vient de l’augmenter d’une histoire touchante, qui, bien qu’offerte sous la forme du roman, garde à chaque ligne les traces de la réalité observée ou sentie. […] Oui, ma vocation, l’objet de ma vie, était sans doute de t’aimer, et ce qui me le fait croire, c’est que rien de ce que j’ai fait pour t’en donner des preuves n’excite en mon âme le moindre remords. » Nous avons entendu quelques personnes, d’un esprit judicieux, reprocher à Mlle de Liron de la seconde moitié de n’être plus Mlle de Liron de la première, et de s’être modifiée, platonisée, vaporisée en quelque sorte, grâce à son anévrisme, de façon à ne plus nous offrir la même personne que nous connaissions pour pétrir si complaisamment la pâtisserie et pour avoir eu un amant. […] » On partage la consolation vertueuse qu’elle offre à son amie dans les privations et les pertes : « Quelque grands que soient les malheurs du hasard, ceux qu’on s’attire sont cent fois plus cruels. […] Elle, ses gens, tout ce qu’elle possède, j’en dispose comme elle, et plus qu’elle ; elle se renferme chez moi toute seule et se prive de voir ses amis ; elle me sert sans m’approuver ni me désapprouver, c’est-à-dire elle m’a offert son carrosse pour envoyer chercher le Père Boursault, etc… » Ce qui ne touche pas moins que les sentiments de piété tendre dont Mlle Aïssé présente l’édifiant modèle, c’est l’inconsolable douleur du chevalier à ses derniers moments.

241. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Non pour offrir aux yeux une parade vaine ; Mais placés avec ordre on les trouve sans peine. […] Bouhours, confrere du Pere Rapin, offre aussi beaucoup de pensées plus brillantes que solides. […] in-12., offre quelques vues nouvelles & des réfléxions judicieuses. […] Cet ouvrage dont la Poésie est foible, offre des maximes utiles, exprimées quelquefois heureusement ; mais on sçait qu’on n’a jamais rien approfondi en vers, & il faut lire sur la matiere qui fait l’objet de ce chapitre des Livres plus solidement raisonnés.

242. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Charmé de cette offre bienveillante, M. de Saint-Pierre accepta un rendez-vous pour le lendemain, trois heures du matin, seule heure à laquelle le maréchal donnât ses audiences. […] Ce brave homme lui offrit non-seulement sa maison, mais, sur la recommandation de Duval, il lui avança tout l’argent qui fut nécessaire pour son équipement. […] » Et elle lui offrit en pleurant sa cabane et son amitié. […] L’horizon offrait tous les signes d’une longue tempête ; la mer y paraissait confondue avec le ciel. […] Il offrit à madame de la Tour et à son amie tous les secours qui dépendaient de lui.

243. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Maupassant offrait le singulier phénomène d’une sorte de classique primitif survenu à une époque de littérature vieillissante, décrépite et tourmentée. […] L’esprit de Maupassant fut donc comme une table rase offerte aux impressions du monde ambiant.

244. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

in-8°. de plus de quatre cents pages, offrent différentes Pieces de Prose & de Vers, qui lui donnent le droit de figurer avantageusement parmi les personnes qu’une naissance illustre n’a point empêchées de cultiver les Lettres & de grossir le nombre des Auteurs. […] Le hasard n’est qu’un être fantastique, Qu’un mot qui sert l’ignorance publique ; Jamais ce mot, qui d’elle est émané, N’offre à l’esprit un sens déterminé.

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